J. Bernardo "A propos de Pour une théorie du mode de production communiste" (original) (raw)
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Traduction d'un article de João Bernardo "Le prolétariat comme producteur et comme produit" (1985)
Revista de Economia politica, Ni patrie ni frontières, 1985
Dans le mode de production capitaliste, trois classes s’articulent dès le départ. Les classes capitalistes sont la bourgeoisie et la classe des gestionnaires, la bourgeoisie étant définie comme la classe des propriétaires privés du capital et les gestionnaires comme la classe des propriétaires collectifs du capital. La classe exploitée est le prolétariat. Même s’ils utilisent souvent d’autres noms, de nombreux auteurs reconnaissent l’existence d’une classe des gestionnaires . Certains l’envisagent cependant dans une perspective supra-historique, en analysant des systèmes formels d’organisation, dits «bureaucratiques» plutôt qu’une classe sociale spécifique au capitalisme. Pour d’autres auteurs, la classe des gestionnaires aurait inauguré une forme d’organisation capitaliste radicalement différente de celle qui a prévalu pendant la période où la classe bourgeoise exerçait son hégémonie ; certains pensent même que les managers soutiendraient un nouveau mode de production, dépassant le cadre du capitalisme. Je défends une position totalement différente : selon moi, les gestionnaires constituent une classe spécifiquement capitaliste et je me suis efforcé de montrer comment les mécanismes du capitalisme d’État soutenus par la classe des gestionnaires permettent de repenser le fonctionnement des époques précédentes du capitalisme. Cet article tente d’analyser toutes les formes historiques d’existence du Capital à la lumière de l’expérience des formes totalisantes du capitalisme contemporain. J’essaie ici de proposer un modèle qui explique la production et la reproduction du prolétariat à travers l’intégration complète de toute la vie sociale des travailleurs dans les mécanismes de production de la plus-value. La théorie marxiste fait très souvent référence au prolétariat en tant que producteur, à la fois au sens étroit de producteur de marchandises et au sens plus large de producteur du mouvement historique lui-même. Cependant, le problème du prolétariat en tant que produit est moins analysé.
TRADUCTION d'un article de João Bernardo "Communisme et tiersmondisme"
Passa Palavra, Ni patrie ni frontières, 2009
Ceci est le quatrième et dernier texte de la série d'articles sur le thème "Marxisme et nationalisme". Selon l'auteur, "les fascismes ont survécu au sein du tiers-mondisme, où ils se sont mêlés aux courants communistes dont le nationalisme les a conduits à soutenir ce mouvement sans restriction". "J’ai montré dans la première partie de cette série qu’Engels et Marx, dans de nombreuses analyses politiques, ont transformé la lutte des classes en une lutte entre des blocs de nations et souhaitaient orienter l’Association internationale des travailleurs dans cette direction. Dans les deuxième et troisième parties, j’ai montré que, en 1918, les dirigeants bolcheviques fixèrent un cap national à un processus révolutionnaire ayant une dimension supranationale. A partir de ce moment-là, l’Internationale communiste appliqua systématiquement cette ligne, ce qui eut des conséquences particulièrement tragiques en Allemagne. Les implications de la stratégie nationaliste du communisme deviennent plus évidentes si l’on sait que la mobilisation du mouvement ouvrier pour insuffler au nationalisme dynamisme et vitalité sociale fut l’opération qui engendra le fascisme."
En féwier 1988, La Commissaire' film réalisé par Alexandre Askoldov à partir d'une nouvelle de Vassili Grossman, est en compétition au festival de Berlin. Il suscite une émotion immense, remporte I'Ours d'Argent et une multitude de prix : le Prix des Critiques, le Prix-de la Fédéiation intemationale des critiques, le Prix du jury de I'organisation catholique internationale des médias, le Prix du jury évangélique international... Vingt ans plus tôt, ce film, d'une intelligence et d'une sensibilité rares, a éG interdit par les autorités du cinéma soviétique de la façon la plus absolue qui soit : il n'a été montré, ni en URSS, ni en Occident, et son metteur en scène n'a plus jamais pu toumer' si bien que La Commissaire reste sa seule cuvre cinématographique. Alexandre Askoldov a donc paftzgé le destin de Vassili Grossman, mais aussi de Mikhail Boulgakov, auquel il avait consacré une thèse : parge que tous trois refusaient de soumettre leur art aux besoins exclusifs du politique, eux et leurs aeuwes ont éte, à des époques différentes, condamnés à la nonexistence. Cet article entend explorer le parcours d'Alexandre Askoldov, ainsi que les raisons et les modalités de I'interdiction, puis de la réapparition : COMMUNISME _ 7O/7 I _ 2OO2 cÉcILE VAISSÉ ultérieure de Là commissaire.Il souligne I'importancae du tabou qui pesait, en URSS, sur le << thème juif > et relève quelques procedés qu'utilisaient les artistes pour tenter de tromper les censeurs. Il monte comment l'État soviétique a réduit des créateurs au silence et il met en évidence le rôle que jouaient certains d'entre eux pour étouffer leurs pain ou, au contraire, ies aider. Il prouve en faitet le parcours même d'Alexandre Askoldov en témoigne -qu'il n'y avait pas, dans I'URSS de l'époque, une frontière neffe entre, d'une part, un pouvoir qui aurait opprimé les créateurs et, d'autre part, des artistes qui auraient encaissé les coups. La Commissuire, un film sur deux sujets tabous L'action de La Commissaire se passe pendant la guene civile, juste après la révolution bolchevique. Des soldats rouges arrivent dans une ville, accompagnés par leur commissaire politique, Claudia Vavilov4 l,une de ces grandes et fortes femmes russes qui, pour reprendre les vers du poète Nekrassov, arrêtent un cheval dans sa course et se précipitent dani une isba en feu. Lorsqu'un déserteur est arrêté, la commissaire lui reproche de ne pas avoir défendu la révolution et décrète qu'il doit être jugé. L'image suivante monfie son exécution par un peloton. Claudia Vavilova est enceinte. Elle n'a pas réussi à se débanasser de cet enfant et doit avouer sa grossesse à son capitaine, joué par Vassili Choukchine, écrivain, comédien et cinéaste. Comme il est trop tard pour que les médecins interviennent, le capitaine réquisitionne une piece ôhez t:: Yae11atik, une pauwe famille juive de Berdiaehev. pendant que Claudia s'installe, les enfants jouent à fusiller leur poupée en chantant. Malgré leur misère, les Magazanik sont heureux. Le père, Efim, un 4it1, joué par Rolan Bykov, est fou amourerx de sa ravissanG épouse, Maria. Il va au travail en chantant et dansan! tandis qu'elle s'occupe de leur famille. Mais quand un canon traverse la ville, la femme et les enfants le regardent pasiser avec sérieux et gravité, comme si la mort faisait imrption dans la vie. Maria comprend que claudia est enceinte et elle lui apprend ce qu'est I'amour matemel. Désormais, la famille Magazanik entoure la commissaire de tendresse et de gaîté, si bien que èelle-ci s'humanise et accepte enfin sa maternité. Efim lui coud une robe, plus conforme à son état que son uniforme de soldat. claudia ressemble, avec son fichu blanc, à la paysanne qu'elle n'a que momentanément cessé d'être. L'accouchement est pénible : Claudia délire, elle rêve de soldats, dont I'un, les yeux bandés, appelle à I'aide, et d,un canon qu'il faut dégager du sol où il est ensablé. Elle voit des chevaux galoper à perdre haleine et le père de I'enfant se faire tuer. Enfin, à I'immense joie des Magazanik, elle donne naissance à un fils. peu après, heureuse et fÈre, elle va se promener, avec son enfant dans les bras. Elle porte une robe, un foutard et de jolies chaussures. Laissant derrièie elle une égrise russe,-elle COMMUNISME _ 70/71 _ 2OO2 AUX ARTISTES NON.CONFORMES, LA NON.EXISTENCE 247 passe devant une église catholique où un prêtre lui montre le chemin. Enfin, elle entre dans une synagogue détruite. Mais lorsqu'elle aperçoit un religieux, elle rebrousse chemin. Elle croise alors des soldats qui la recoirnaissent et I'appellent. Elle les fuit et s'écroule en larmes, comme effrayée par ce qu'ils représentent. Les Rouges doivent provisoirement se retirer devant l'avancée des Blancs. Malgré les risques, les Magazanik assurent à Claudia qu'elle peut resûer chez eux aussi longtemps qulelle le souhaitera. Le lendemain, t-ous, dans la ville, se barricadent. Les enfants jouent au pogrom et ce jeu cruel Défendre Vladimir Pomerantsev et redécouvrir Mikhail Boulgakov Staline meurt en mars 1953 et, en décembre 1953, le critique Vladimir Pomerantsev publie, dans la revue Nory Mir, <<De la sincérité en littérature >>,.un article qui, pour le jeune Askoldov, est ( comme un coup de tonnerrea >r. Sans remettre en ôause le parti, Vladimir Pomerantsev défend une littérature qui place au caeur de ses préoccupations l'humain et non l'idéologie, l'individu et non plus les slogans, une littérature qui décrit la vie telle qu'elle est, avec ses problèmes et sa complexité, Pour lui, l'aeuwe d'art n'est pas une arme idéologique, mais I'expression d'une nécessité intérieure et individuelles. Parce que cet article s'oppose à la conception de I'art, telle qu'elle a été réaffrmée par les résolutions d'Andreï Jdanov en 1946, il est fustigé COMMUNISME _ 7O/7 ] _ 2OO2
Actuel Marx, 2022
Cette note entend faire une critique constructive de la thèse du « mode de production managérial », due à Gérard Duménil et Dominique Lévy. Tout en reconnaissant les mérites de leurs travaux, la note essaye de montrer qu’il existe une disproportion entre leur proposition théorique, de grande ampleur, et sa base empirique, trop faible pour la soutenir. Trois contre-arguments sont développés en ce sens. D’abord, les auteurs ne se fondent pratiquement que sur le constat de la montée de la part des salaires dans les hauts revenus aux États-Unis, une évolution qui peut être remise en cause en catégorisant correctement les revenus des cadres dirigeants. Ensuite, ils négligent des données et des indicateurs alternatifs qui donnent des images fort différentes de l’évolution historique. Enfin, ils n’étudient pas l’évolution des formes organisationnelles qui sont au fondement des théories sur l’évolution de la structure de classe, qui relativisent l’importance de la bureaucratie. Deux contreexemples sont données à l’encontre de la thèse du managérialisme : les associés des fonds de capitalinvestissement constituent des nouveaux capitalistes financiers ; les dirigeants des plus grandes entreprises multinationales sont des dirigeants actionnaires.
Du mode d'existence cinématographique de la classe ouvrière
Poli, 2018
En se diffusant au sein des historiens français, la démarche de « l'histoire culturelle » et les méthodes des visual studies ont contribué à constituer le cinéma en un nouvel objet. Mais, cette reconnaissance académique de l'importance culturelle de l'industrie cinématographique a contribué également à la disqualification du regard que portent les classes populaires, et particulièrement la classe ouvrière, sur le cinéma. Au motif de la distraction qu'a été, et que reste, le spectacle cinématographique, pour la classe ouvrière, son rôle dans la formation et l'élaboration de l'art cinématographique est neutralisé au profit de la seule valorisation du travail des artistes.
"Pierre Vidal-Naquet, Wittfogel et le 'mode de production asiatique'"
Pierre Vidal-Naquet, Historien du passé et du présent organisée par Brigitte Le Guen, professeur d'Histoire grecque à Paris-8. (http://www.fabula.org/actualites/pierre-vidal-naquet-historien-du-passe-et-du-present\_18612.php) Pierre Briant (Collège de France) Pierre Vidal-Naquet, Wittfogel et « le mode de production asiatique » 1 Comme l'écrivait Pierre Vidal-Naquet lui-même dans une quasi unique allusion ultérieure à son papier de 1964, dont je vais parler aujourd'hui, « la querelle qui déchirait alors le monde marxiste [autour du mode de production asiatique]… est aujourd'hui bien oubliée ». Écrite en 2000 2 , la phrase a évidemment conservé toute sa pertinence en 2007. Je ne serais donc pas surpris que, dans cette salle, il y ait des auditeurs qui n'ont pas la moindre idée de qui était Wittfogel et son livre, et ne savent rien des débats et polémiques de l'époque. A toutes celles et tous ceux qui sont ou seraient dans ce cas, je demande un peu de patience. Dans un premier temps, j'essaierai plutôt de situer mon propos dans un contexte à la fois personnel et intellectuel, y compris en évoquant des orientations de recherche de PVN, qui ne sont pas liées directement à la question envisagée. Dans une deuxième étape (la première sera courte), j'entrerai plus directement dans le vif du sujet.
« De l’utopie communiste et de ses errances historiques » (2013)
2013
Paul Ariès • Geneviève Azam • Thierry Brulavoine • Thierry Brugvin • Jérôme Desquilbet • François Jarrige • Sergio Ghirardi • Philippe Gruca • Bernard Legros • Michel Lepesant • Laurence Lyonnais • Jean-Luc Mélenchon • Roxanne Mitralias • Corinne Morel-Darleux • Baptiste Mylondo • Jean-Luc Pasquinet • Irène Pereira • Ghislaine Soulet • Agnès Sinaï • Christian Sunt • Martine Tiravy • Élodie Vieille-Blanchard • Annie Vital • Michel Weber, L’Antiproductivisme — Un défi pour la gauche ?, Lyon, Parangon/Vs, 2013.