La doctrine de l'énergumène (original) (raw)
1949
Que ce soit dans les grandes ou les petites questions, tout détour opportuniste du mouvement de classe a eu le caractère suivant: substituer, aux yeux du prolétariat, à l'adversaire, à l'ennemi, à l'obstacle constitué par l'ordre social présent et par la classe capitaliste, un autre objectif sur lequel diriger les coups, sous le prétexte que ce serait un objectif transitoire et intermédiaire, qui, une fois atteint, permettrait de revenir à la grande lutte. Et pour accréditer de manière démagogique cette méthode que l'on peut appeler intermédisme (si ce mot est laid, il ne l'est pas plus que la chose qu'il désigne), le meilleur moyen pour les bonimenteurs a toujours été la personnification de l'ennemi. Dans les partis socialistes d'avant, on a toujours lutté, parfois avec succès, contre ces voies d'eau qui s'ouvraient de tous côtés. Dans les faux partis socialistes et communistes d'aujourd'hui, qui pourtant se prétendent faussement des partis de la classe ouvrière, cette méthode défaitiste n'apparaît plus dans une série d'épisodes et de parenthèses, mais elle constitue le cœur de leur vie: ils ne savent rien faire, ou dire, ou agiter sans utiliser cet objectif fantoche qu'ils situent dans un personnage: qu'ils l'appellent tyran, dictateur, césar, énergumène ou criminel.