L'univers littéraire de Julien Gracq (original) (raw)

Paysage, chemin et errance chez Julien Gracq

Carnets, 2017

L'errance, thématique récurrente dans l'oeuvre de Julien Gracq, présuppose l'envie de nouvelles expériences alliées à un profond désir de changement intérieur. Dans le contexte particulier de sa création littéraire, l'errance est la traduction d'une insatisfaction chez le héros qui le met en quête d'horizons nouveaux. En tant que rupture avec l'autre, en vue d'une radicale transformation de sa vie par transgressions successives, l'errance met en danger l'identité ainsi que l'intégrité d'un sujet qui se dilue pour renaître, transformé et transcendé. Dans cet article, nous nous proposons d'étayer une ou plusieurs réponses aux besoins de cette transformation éprouvés par les êtres fictionnels gracquiens qui les poussent à se déplacer constamment d'un lieu à l'autre, afin de déchiffrer l'énigme du sujet dans sa relation au monde. C'est bien la raison pour laquelle le romancier les fait évoluer dans une perpétuelle oscillation entre le voyage et l'errance. Mots-clés : Julien Gracq, errance, attente, transgression, rupture.

La dimension cinématographique du paysage dans l’œuvre littéraire de Julien Gracq

20th & 21st Century French and Francophone Studies International Colloquium, 2020

La dimension cinématographique du paysage dans l'oeuvre littéraire de Julien Gracq Classé parmi les maîtres de la littérature contemporaine en France, Julien Gracq de son vrai nom Louis Poirier (professeur de géographie) a pu marquer sa carrière d'écrivain sans qu'il s'inscrive à aucun courant littéraire précis. Sa production littéraire est protéiforme et s'étale sur deux grandes périodes littéraires: la première (1938-1967) prenait du surréalisme et de la fiction comme cadre principal de création littéraire tandis que la seconde période (1967-1992) était axée sur des fragments d'autobiographie, réflexions sur la littérature et médiations géographiques. Il est important de souligner que le point commun entre ces deux périodes artistiques de l'auteur est l'omniprésence du paysage (fictif ou réel) où la lisière constitue chez Gracq un tremplin qui fait passer l'intrigue du récit d'un endroit clos (forêt ou château), à un autre ouvert (rivière ou mer). Selon Gracq, les personnages, les souvenirs (surtout d'enfance) et les mots eux-mêmes n'acquéraient un sens et une présence qu'en relation profonde avec la texture d'un sol c'est-à-dire la géographie du paysage. Ceci dit, dans ce travail nous avons essayé de mettre en exergue les aspects du paysage, qui se manifeste à travers l'oeuvre de Gracq, dans le cadre cinématographique. Ainsi, notre approche est une analyse littéraire qui accorde le plus grand intérêt à l'étude de l'espace ou plus précisément l'étude du paysage. A vrai dire, dans ce travail nous cherchons à mettre en exergue la dimension de l'espace gracquien en tant que composante littéraire dans le cinéma en prenant en considération bien entendu l'inacceptation explicite de Gracq pour l'adaptation cinématographique de ses oeuvres. Pour Gracq, le cinéma est fort important que pour les oeuvres simples tandis que pour une oeuvre excellente, la création littéraire y compris l'évocation de l'espace dépasse largement l'art cinématographique.

À Saint-Florent-le-Vieil, Julien Gracq

2012

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Relation à l'espace et provocation au désir dans l'œuvre de Julien Gracq

2013

Frequemment mis en scene dans l’œuvre de Julien Gracq, les terrains vagues, zones frontalieres et « clairieres urbaines » temoignent d’une predilection pour des lieux dont la nature hybride rend la definition problematique. Ces milieux propices a l’investissement subjectif autorisent la superposition d’un espace de desir a l’espace reel et invitent a une conception aventureuse du temps, au bord de la revelation ou de la transgression. C’est donc sur le plan narratif leur formidable potentiel de dramatisation qui est mis en exergue. Provocation au desir, l’espace est aussi garant de sa perennite, l’inaccessibilite de l’objet de la quete etant souvent menagee par la distance maintenue entre sujet et objet. On peut ainsi considerer la relation gracquienne a l’espace comme incarnant le modele matriciel de toute economie libidinale.

Julien Gracq : Contre l’évanescence et la fragilité du monde

Nuit blanche, 1990

Tous droits réservés © Nuit blanche, le magazine du livre, 1990 Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de

Écrire contre les murs. Le paradoxe de la communauté d’écriture de Julien Gracq

Postures, 2016

Après avoir dégagé dans l’œuvre narrative de Julien Gracq ce que je nomme une «poétique de l’internat», je me penche spécifiquement sur les écrits critiques de l’auteur. On peut effectivement comprendre les préférences esthétiques de Gracq, annoncées ou sous-entendues, à la lumière de la mise en récit de son expérience traumatique et déterminante d’internement. Cette poétique particulière figure également comme un prisme privilégié pour apercevoir la manière dont Gracq présente la communauté d’écrivain.e.s dans laquelle il s’insère; les œuvres «avec» et «contre» lesquelles se constitue son ethos d’écrivain.

Recueil de morceaux choisis dans les auteurs de la littérature française - Textes choisis de l'auteur Julien Gracq

Recueil de morceaux - Julien Gracq, 2024

EN RÉSUMÉ, dans les numéros de lignes 12 - 15 ("LETTRINES"), Julien Gracq, dans "Lettrines", rêve d'un nouveau Sermon sur la Montagne qui valoriserait la dignité des paresseux, ceux qui contemplent le monde, par opposition à ceux qui le transforment incessamment. Cette vision invite à réévaluer nos priorités sociétales en trouvant un équilibre entre action et contemplation, soulignant ainsi la richesse et la profondeur de l'expérience humaine au-delà de la simple transformation matérielle du monde. EN RÉSUMÉ, dans les numéros de lignes 1 - 18 ("ENTRETIEN - ENTRETIENS AVEC JEAN ROUDAUT - 1981 - L’ECRIVAIN AU TRAVAIL"), Julen Gracq met un accent particulier sur la sonorité et la cohérence des noms propres dans ses romans, les choisissant pour leur qualité vocale plutôt que pour une signification symbolique. Son pseudonyme, Julien Gracq, est aussi le résultat d'une recherche de sonorité agréable et distinctive. Ainsi, les noms dans ses œuvres jouent un rôle crucial dans la construction de l'atmosphère et l'identité narrative, tout en étant profondément enracinés dans une démarche esthétique phonétique. EN RÉSUMÉ, dans les numéros de lignes 27 - 53 ("ENTRETIEN - ENTRETIENS AVEC JEAN-PAUL DEKISS - LES SONORITÉS ET LES IMAGES"), Julien Gracq insiste sur la fusion inextricable entre texte et image dans les œuvres de Jules Verne éditées par Hetzel, une association qui a profondément marqué sa lecture et sa mémoire. Il critique les tentatives modernes de produire des livres illustrés de luxe, en les trouvant souvent en désaccord avec la dynamique de la lecture. Cependant, il reconnaît la valeur des illustrations originales de Hetzel, qui parviennent à enrichir et à compléter le texte d'une manière unique et indissociable.

Julien Gracq, Attente sur une presqu ile

in Limba şi Literatură. Repere identitare in context european. Lucrările celei de a VII-a Conferinţe Internaţionale a Facultăţii de Litere, (Language and literature. European Landmarkx of Identity), 2009

L'article se propose d'analyser le récit de Julien Gracq en utilisant le thème de l'attente comme prétexte pour parler du processus de l'écriture. Ainsi l'homme qui attend une femme remplit le rôle de l'Ecrivain qui nourrit son esprit de toutes les richesses possibles que son écriture pourrait contenir. Le contact avec la réalité-la rencontre amoureuse avec la femme aimée-ne lui offre plus la même intensité du plaisir que l'imagination lui a procuré avant. La chute dans la réalité entraîne la fin du texte, car la mimésis littéraire se montre supérieure à son modèle concret, tangible, réel. Mots-clés : attente, errance, processus d'écriture. Il sentait contre son poignet le trottinement de l'aiguille qui mangeait les secondes une à une. II en percevait derrière le bonheur de la minute, la piqûre aiguë. Si lentement ?... Si vite? Qui peut le dire? tout est mêlé, tout est ensemble, dans cette fuite acharnée. Mais déjà une porte bat derrière la porte : quelqu'un va venir. (Gracq, Julien, 1970 :116) C'est depuis Madame Bovary de Gustave Flaubert qu'on pouvait parler des « romans sur rien », un « rien » du type « fait divers », mais devenu texte romanesque grâce au pouvoir de l'écrivain de transformer la réalité eu fiction. La Presqu'île de Julien Gracq ne fait que répéter cette expérience littéraire, sa forme narrative n'est que le récit d'un homme qui attend une femme pendant quelques heures. Mais l'histoire banale d'une attente devient le prétexte pour des réflexions sur la condition humaine et sur l'Ecrivain et le texte qu'il crée. « Partie saillante d'une côte, rattachée à la terre par un isthme, une langue de terre »-voilà la définition de la presqu'île donnée par le Petit Robert. Si on voulait la dessiner, on figurait la presqu'île comme un espace libre de trois quarts lié à la terre par la ténuité d'un fil. C'est, donc, un espace presque libre, ouvert à tous les vents, à toutes les aventures qui peuvent arriver par « la mer ». Il faut tenir compte tout de même de cette quatrième partie qui garde le contact avec la terre, de la même manière que la fiction a une certaine connexion avec la réalité. Le choix de la forme géographique fait par l'auteur s'avère intéressant du point de vue du lecteur aussi : une île signifierait l'isolement complet, l'univers clos sur lui-même, tandis que la presqu'île, tout en gardant une ouverture vers la liberté, préserve son contact avec la terre, tout comme le lecteur, qui, libre dans son interprétation, ne cesse pourtant de revenir périodiquement au texte. La presqu'île suggère la rencontre entre deux éléments fondamentaux : la terre et l'eau. Selon Mircea Eliade, « les eaux symbolisent la totalité universelle des virtualités ; elles sont fons et origo, la source de toutes les possibilités ; elles précèdent toute forme et soutiennent toute création. » (ELIADE, Mircea, 1992 : 120). L'eau pourrait symboliser également la tension non créatrice encore, la vibration à l'attente de la genèse des formes. Continuant cette ligne symbolique, l'eau signifierait encore Provided by Diacronia.ro for

PERCEVAL-LECTEUR VERSUS LE GRAAL-TEXTE (JULIEN GRACQ)

Literature, Discourse and Multicultural Dialogue, 2014

The play entitled The Fisher King, published by Julien Gracq in 1948, brings again to the readersř attention a famous fragment from that "matière de Bretagneŗ, source of several legends. Our analysis proposes to choose from the multitude of The Holy Grailřs meanings an aesthetic one, transposing Knight Perceval in the situation of the reader and of the risk implied when asking the correct question, fact that would have brought the enlightenment of The Holy Grailřs mystery, now turned into a text allegory. ŖThe Fisher Kingŗ illustrates, in this transposition, the authorřs figure, to whom, a unique and correct answer to an essential question, would bring the Ŗcureŗ from the illness that defines and individualizes him. The Fisher Kingřs reflections and discussions make him a competent exegete that chooses to perpetuate the Grail-text mystery, without exhausting its ultimate meaning. Argument La pièce de théâtre Le roi pêcheur, écrite par Julien Gracq en 1948, fait preuve dřune véritable circularité, elle sřouvre et sřachève par le mot « espérance » suggérant, dès le début, lřattente dřun événement qui pourrait « délivrer » Montsalvage. Lřespérance est aussi celle qui génère un certain horizon dřattente dans le processus de la lecture, tandis que la délivrance peut être celle du sens caché du texte, du message que tout texte littéraire est censé transmettre à ses lecteurs. La « délivrance » pourrait symboliser une naissance, celle du Sens, celle du Texte. La fin de la pièce remplacera le mot « délivrance » par celui de « rédemption », consacré par le registre du