Prendre langue (original) (raw)

Raviver une langue

2019

Alors que la moitié des langues sont appelées à disparaître au cours de ce siècle, une initiative canadienne les remet au goût du jour grâce au multimédi

La langue coupée (2015)

Les langues du pays – sans aucun doute on annonce un programme électoral. Langues – vous nous demandez de croire qu'il existe un pays où les citoyens d'un pays parlent plusieurs langues, mais ce pays existe-il vraiment ? À force de lire les journaux et de regarder la télévision nous pourrions peut-être arriver tous, à la même conclusion, et cette conclusion, tellement évidente, en fait, risque de susciter une risata. Admettons que plusieurs personnes aient appris à parler plus qu'une langue ; admettons également que ces langues offrent des contenus aussi variés que les idiomes parlés – comment juger alors toutes ses langues et tous ces contenus placés là devant nous, sur nos bureaux sociaux, légaux et culturels ? L'unique langue parlée par de plus en plus de gens est la langue universelle de l'argent. Pas tant l'argent en soit – le papier, le métal, le fric virtuel – que le pouvoir du crédit assigné à celui qui se présente chez un marchand avec ce document symbolique qu'on nomme « argent ». La langue, malgré ce que les bureaucrates nous répètent avec les interminables études sur la culture, n'est pas de l'argent. Certains iront jusqu'à proclamer que l'argent liquide a perdu le pouvoir d'achat aux yeux de ceux et celles qui pratiquent le commerce de tous genres. Plus que l'argent, c'est le crédit qui est la seule langue parlée par tout le monde. Est-ce que la langue est un crédit ? Plus on me confère du crédit plus riche je suis. Plus je deviens riche plus fort je me sens. Pas tout à fait puissant, puisque je reste paradoxalement faible avec tous ces billets invisibles autour de moi – après tout, le temps du crédit qui m'est alloué n'est pas éternel – je ne suis « riche » qu'aussi longtemps que la banque ne réclame ses prêts. En somme, je vis pour la durée du crédit qu'on me prête. Ainsi, va pour la langue.

La langue sous le feu

HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2017

La langue sous le feu : mots, textes, discours de la Grande Guerre sous la direction de Odile Roynette, Gilles Siouffi et Agnès Steuckardt Ce volume présente les travaux qui se sont tenus lors du colloque international et pluridisciplinaire « La Première Guerre mondiale et la langue : approches croisées », organisé à Paris les 12 et 13 juin 2014 à l'université Paris-Sorbonne et au Centre d'Histoire de Sciences Po. Ce colloque s'est tenu grâce au patronage de plusieurs institutions que nous tenons à remercier particulièrement, outre les membres du comité scientifique 1. Nous remercions en premier lieu la Mission du centenaire, qui nous a octroyé le label de la mission ; la DGLFLF et son président Xavier North, qui nous a fait l'honneur de venir inaugurer le colloque ; la région Ile-de-France ; l'université Paul-Valéry Montpellier 3, et l'équipe de recherche en linguistique Praxiling (UMR 5267) ; l'université de Bourgogne-Franche-Comté et le laboratoire ELLIADD (EA 4661) ; le Centre d'histoire de Sciences Po ; l'université Denis Diderot-Paris 7 et le CERILAC ; enfin l'université Paris-Sorbonne et plus particulièrement l'équipe STIH.

Faire corps avec ses langues

Cet article est un essai de définition de la translangageance. Cette notion décrit un processus complexe (Morin, 1995) d'émergence d'un langage commun dans un groupe. Elle désigne l'ensemble des stratégies évolutives et « liquides » (Bauman, 2000) de la médiation (émotionnelle, corporelle, linguistique et culturelle) en tant que pratique plurilingue, des comportements, attitudes et mécanismes de relation à soi et aux autres. Je l'illustrerai dans le contexte d'une étude longitudinale concernant l'enseignement conjoint de l'allemand et l'anglais LVE 1 au travers de la pratique théâtrale. Cette étude est menée dans une « classe bilangue » plurilingue en Seine-Saint-Denis. Après avoir décrit le cadre de l'expérimentation, qui met en oeuvre une forme de pédagogie énactive (Varela, 1993 ;, je présenterai, dans deux extraits de corpus vidéo, une analyse des différentes modalités de la translangageance en lien avec les mécanismes d'empathie.

Une langue en flammes

AOC, 2019

À propose de "La vie n'est pas une biographie", de Pascal Quignard (Galilée) Paru dans AOC, le 22/08/2019

La plume et les langues

L’Homme, 2006

© École des hautes études en sciences sociales À L'ÉPOQUE MODERNE, toute activité scriptique relève d'un choix linguistique. L'« écrivain » européen-au sens large de toute personne se livrant à un travail d'écriture quel qu'il soit, littéraire, scientifique, religieux, utilitaire-dispose d'une palette de langues dont la variété apparaît bien plus grande qu'à notre époque contemporaine. Au minimum et en théorie, il a le choix entre le latin, langue de culture, et le vernaculaire qui s'est imposé dans l'entité étatique dans laquelle il réside. En réalité, le choix est bien plus vaste dans la mesure où, tout au moins au début de la période considérée (XVI e siècle et une bonne partie du XVII e siècle) mais même aussi par la suite, les langues qu'on considérera à partir d'un certain moment comme des « langues nationales » ne parviennent à s'imposer qu'à travers un processus à la fois extrêmement lent et infiniment plus complexe que ne le laisse supposer la lecture rétrospective qu'on est souvent tenté de faire de l'histoire linguistique et littéraire de l'Europe. Concrètement, il n'est pas un endroit du Vieux Continent, entre le début du XVI e siècle et la Révolution française, où on ne trouve, à côté de la langue haute traditionnelle constituée par le latin et la langue vernaculaire en émergence, une troisième forme linguistique, différente, par définition, de ces deux idiomes. Ce parler qui n'est ni le latin ni le vernaculaire émergent (dit « langue ou vernaculaire H ») peut être représenté par un dialecte appartenant au même ensemble linguistique que le vernaculaire H : en France, dialectes d'oïl (picard, normand, poitevin-saintongeais, etc.), en Italie, dialectes italiens (piémontais, vénitien, napolitain, etc.) et ainsi de suite. Il peut également s'agir d'une langue-au sens scientifique actuel du terme-, irréductible au vernaculaire H, incluse dans le même groupe linguistique que lui ou relevant d'une autre famille, sans préjudice de la conscience que les locuteurs de ce vernaculaire bas peuvent avoir de l'altérité et de l'irréductibilité de leur parler. Dans le royaume de France, par exemple, ce sont, au début de la période, l'occitan, le basque et le breton, dans le royaume d'Angleterre, le gallois et le