Jean-Louis Jeannelle et Audrey Lasserre (dir.) : Se réorienter dans la pensée (original) (raw)

Conversation entre Liliane Kandel, Pierre Bras et Michel Kail à propos de "Beauvoir et la psychanalyse"

2014

Pierre Bras et Michel Kail ont publié dans la revue L'Homme et la société (n°179-180, 2011/1-2) les actes du colloque sur Simone de Beauvoir et la Psychanalyse qui s'était tenu en mars 2010 sous la direction de Danièle Brun et Julia Kristeva. Liliane Kandel les interroge sur ce volume. Le colloque suivait trois voies principales : celle du lien entre sexualité féminine et émancipation, celle de la concurrence entre la psychanalyse et les analyses de Beauvoir, ainsi que celle de la création littéraire propre à Beauvoir. Pierre Bras : Juriste et poéticien, membre du comité de rédaction de L'Homme et la Société. Michel Kail : Philosophe, co-directeur de L'Homme et la Société, auteur de Simone de Beauvoir philosophe (PUF, 2006).

PENSER ET AGIR À LA RENAISSANCE, dir. Philippe Desan et Véronique Ferrer

Genève, Droz, 2020

, Avant-propos. Les penseurs à l'épreuve de l'histoire Penser en actes Marie BARRAL-BARON, Érasme et la censure : perspective renversée Marina MESTRE ZARAGOZÁ, L'engagement de Jean-Louis Vivès pour la paix : le De concordia et discordia (1529) Marie-Claire PHÉLIPPEAU, Thomas More : un utopiste sans illusions Véronique FERRER, La Réforme en actes. L'exemple de Guillaume Farel (1489-1565) Olivier MILLET, Penser et agir à la Renaissance : Michel Servet (Restitutio) et Jean Calvin (Reformatio), deux figures parallèles et opposées Max ENGAMMARE, Calvin et la suppression des fêtes chrétiennes à Genève (1538-1550) Agir en pensant Denis CROUZET, Penser en actes et agir en pensées : Charles Quint empereur historien et pédagogue Concetta CAVALLINI, Écrire et faire l'histoire : Guichardin, Jove et la France. Questions de langue Mireille HUCHON, Rabelais : « agir en homme de pensée et penser en homme d'action » Rosanna GORRIS CAMOS, Le cygne malade et l'hellébore : Jacques Grévin, poète, traducteur et homme de science engagé Marie-Christine GOMEZ-GÉRAUD, Penser en des temps « de grands troubles et brouillis » : Sébastien Castellion devant les misères de ce temps Philippe DESAN, Étienne de La Boétie ou la pensée qui se suffit à elle-même Entre action et contemplation Eugenio REFINI, Struggling with power: Alessandro Piccolomini between vita activa and vita contemplativa Sara MIGLIETTI, Jean Bodin on action and contemplation: a reappraisal Loris PETRIS, Écriture et politique du juste milieu chez Michel de L'Hospital Ingrid A. R. DE SMET, « Vir ad publicam utilitatem natus » : action, pensée et loisir chez Jacques Auguste de Thou Politique et action militante John P. MCCORMICK, Machiavelli, popular resistance and the curious case of the Ciompi revolt George HOFFMANN, Montaigne's militant profession of faith Frank LESTRINGANT, « Transpositions de chronologie » : Montaigne relisant Gomara Hugues DAUSSY, François Hotman, inspirateur de la pensée politique huguenote Jean BALSAMO, Charles, cardinal of Lorraine (1525-1574): patronage, politics and piety Amy GRAVES MONROE, François de La Noue and the ethics of action L'engagement des philosophes Armando MAGGI, Thought and action in natural philosophy: Cardano and Della Porta Thierry GONTIER, Saturne ou Jupiter ? Spéculation et action chez Francis Bacon Steffen HUBER, The philosopher's refusal of action: Andreas Fricius Modrevius (1503-1572) Éléments de bibliographie critique Index nominum

Entretien avec Yves Jeanneret

Communication

La question de l'analyse des technologies de communication n'est certes plus tout à fait nouvelle, certains concepts sont là pour nous le rappeler. La notion d'« architexte » fait partie de cet arsenal conceptuel qui vise à interroger la manière dont sont déléguées à des supports d'inscription des modalités d'écrire (et ainsi participer de la fabrique des « écrits d'écran ») et des façons d'agir. Si cette notion a tout d'abord été travaillée dans le milieu générique du système d'exploitation ou du multimédia (Jeanneret et Souchier, 1999), puis dans d'autres domaines comme celui des dispositifs d'écriture radiophonique (Patrin-Leclère et al., 2007), en 2014 il nous a semblé intéressant de la réinvestir à partir d'une focale plus particulière qui est celle des dynamiques organisationnelles. C'est en suivant cette idée que nous avons organisé une Journée d'étude et de recherche du groupe Org&Co au Centre d'Étude et de Recherche Travail Organisation Pouvoir (CERTOP), Laboratoire de l'Université de Toulouse 3. En amont de cette séance, nous avions alors réalisé un entretien avec Yves Jeanneret 1 (l'un des enseignants-chercheurs qui a mis au travail ce concept), afin d'élaborer une vidéo introductive de la journée. Le texte qui suit est constitué d'une sélection de passages de cette interview 2 , réalisé par Isabelle Bazet, Florian Hémont et Anne Mayère. La forme retranscrite ici retient volontairement un format d'expression orale, avec sa vivacité, ses cheminements, ses mises en lien en situation. L'objectif de cet entretien est de revenir sur la genèse de cette notion ainsi que sur ses intérêts heuristiques, tout en pointant les éléments qui nous ont semblé les plus pertinents en rapport aux questionnements actuels dans le champ de la communication organisationnelle. Le cheminement retenu nous conduit à aborder la circulation des objets, à envisager des formes d'inscription tels des plastigrammes, puis, dans un contexte de mise à l'écriture, à étayer l'idée d'une industrialisation des architextes. Merci d'être venus me rencontrer. Je suis ravi qu'on puisse discuter de ces questions, même si ce n'est pas un mystère que les questions Entretien avec Yves Jeanneret Communication, vol. 34/2 | 2017 Intervieweur. Nous avons proposé de poser une focale particulière sur la notion d'architexte. Pourriez-vous nous préciser, à grands traits, dans quel contexte cette notion a été élaborée, sur quels objets ? YJ. Il y a un contexte général qui effectivement renvoie à ce que je viens de dire.

Recension. Laurence Devillairs, Guérir la vie par la philosophie, 2020

2021

Cet essai, qui connaît ici première édition Quadrige à la suite de sa parution en 2017 aux éditions des P. U. F., s'inscrit dans la réflexion que mène l'auteur sur la place et l'utilité que la philosophie peut tenir dans nos propres existences. Parallèlement à ses publications consacrées à la philosophie moderne dont elle est une éminente spécialiste (citons seulement pour exemple Descartes et la connaissance de Dieu, Paris, Vrin, 2004), l'auteure s'est en effet lancée dans un travail de « vulgarisation » de la philosophie, au sens le plus noble du terme : il s'agit, non pas de pratiquer une activité réductrice et simplificatrice qui renvoie une image dégradée de la philosophie, mais de mener un véritable effort de la pensée en montrant la pertinence pratique de la philosophie, que ce soit pour affronter les vicissitudes de l'existence, s'ouvrir au bonheur, ou se disposer à la moralité. Témoignent de ce travail les ouvrages Brèves de philo. La sagesse des phrases toutes faites (Paris, Points, 2010),

La pensée comme expérience. Esthétique et déconstruction (Extrait: Avant-propos)

L es voix qui s'expriment ici entendent demeurer dans les parages de la déconstruction, et notamment de la pensée de Jacques Derrida. Autrement dit, elles ne séjournent pas sur le lieu même, mais restent dans le voisinage théorique d'une réflexion exigeante où l'expérience concrète -celle de l'art en particulier -précède toujours le passage au concept, loin de toute systématisation abstraite. Il ne s'agit pas de « déconstruire » une esthétique ou une philosophie de l'art, que l'auteur de La vérité en peinture a bien pris garde, au demeurant, de ne jamais élaborer, mais de s'approprier au plus juste les traces qu'il nous a léguées pour assurer notre présence dans le monde contemporain.

Une Conversation avec Jean Beaudrillard

Paroles Gelees, 1984

La conversation suivante a ete enregistree, en guise d'interview, sur mon magnetophone japonais, au tintement des glacons de mon verre de scotch et sous les yeux de Marilyn Monroe qui brillaient au mur. Le lieu etait 1'appartement un peu sombre de Jean Baudrillard, rue de Faidherbe, dans l'ancien quartier du Faubourg St. Antoine, pas loin des clous qui tracent sur la chaussee l'ancien emplacement de la Bastille. Je pensais, en arrivant dans le quartier, aux jours de la Revolution et comment Baudrillard, soixante-huitiemiste, etait l'iconoclaste des grandes causes et de l'Histoire, des revolutions bourgeoises ou marxistes et, en meme temps, l'heritier d'une tradition contestataire selon l'esprit et le langage des francais. Les « revolutions » aujourd'hui nous sont annoncees, souvent par ceux qui fabriquent les magnetophones japonais, le scotch, et les affiches des vedettes. La politique, comme Baudrillard insiste, est devenue fonction de consommation. La contiguite de 1'appartement de Baudrillard a la Bastille n'etait pas sans ironie, mais de cette ironie peut-etre dont Baudrillard parle, celle qui nous revele la reversibilite des choses. Si notre politique aujourd'hui est une affaire de consommation a la fois des choses et des signes, notre societe de consommation est-elle devenue simplement un processus hyper-complique 2 PAROLES GELEES de politique pour lequel il faut les analyses baudrillardiennes de la hyper-realite? Si c'est le cas, sa residence dans le Faubourg St. Antoine est symboliquement justifiee. Notre conversation a commence par l'annonce encore d'une revolution-dans l'informatique-et a fini par un souvenir de ces bonnets rouges qui ont lutte aussi contre des signes imposes. II y a une continuity historique dans cette lutte qu'on pourrait tracer a travers les preoccupations de langage et de symboles dans les revolutions « democratiques », le grand chapitre de Marx sur le fetichisme de la marchandise, et notre critique sociologique des signes que Baudrillard pratique de la facon la plus interessante. Somme toute, il est peut-etre aujourd'hui l'habitant le plus approprie au vieux quartier revolutionnaire du Faubourg St. Antoine. Je devrais quand meme ajouter qu'il pense demenager bientot. RM: Je voulais commencer par quelque chose de tres important dans notre vie culturelle-le fait divers. C'est en fait beaucoup plus qu'un fait divers, cette histoire du Minitel. Tu as vu a la tele ce documentaire sur le Minitel a Strasbourg? JB: Non. RM: Tu sais qu'on a donne cinq mille Minitels aux Strasbourgeois; puis quelqu'un a pirate le systeme si bien que beaucoup de gens se sont mis a communiquer par Minitel en se donnant des rendezvous , etablissant des contacts, et se renvoyant des obscenites. On en a fait beaucoup de bruit. II y avait l'autre jour un petit article dans Le Monde qui appelait ca une sorte de revolution, une revolution invisible dans la communication cybernetique.* Des milliers de gens passent la journee et la nuit a se renvoyer des obscenites. Tout ca est peut-etre un peu romance, mais ce qu'on voit la-dedans, c'est un desir de saisir la parole, de saisir le moyen de communication et en meme temps une sorte de suppression dans les medias, un detournement. JB: Et cela a eu lieu a Strasbourg, ce machin-la? RM: Oui. JB: Et cela a marche tres fort? RM: II semble. Les gens sont fascines par ca.