La pure perte. Le discours philosophique à l’épreuve de la mort (original) (raw)

La narration philosophique de la mort pendant la Révolution française

Dans son ouvrage sur La mort et l’Occident, Michel Vovelle attire notre attention sur « le partage laïc » instauré pendant la Révolution française face à l’idée de la mort. Il singularise ainsi le contraste entre la position des matérialistes les plus avancés, et tout particulièrement le député breton Lequinio, qui s’interdisent d’être dupes de l’idée d’immortalité, et celle d’autres jacobins, tel que Robespierre, qui revendiquent inversement le droit à l’immortalité contre toute forme d’athéisme. je présente ici ce qu’il en est du « partage laïc » face l’idée de la mort, dont le député Lequinio est principal témoin philosophique.

Ultime fragilité et sublime espérance : l’expérience de la mort

Théologiques, 2020

L’espérance est cette vertu propre à l’humain qui lui permet de concevoir un monde différent et l’engage à travailler à son avènement. Que peut-il advenir, dès lors, dans ce passage ultime de sa vie où il est confronté à la mort ? Trois facettes de la question sont explorées : comment se présente désormais l’expérience de la mort ? Comment s’y greffe l’espérance, anthropologiquement et théologiquement ? Comment le fait de vivre appelle une ouverture à l’altérité qui est comme pare-feu à l’encontre des pulsions mortifères ? Le défi de la vie n’est-il pas dès lors d’espérer, malgré tout ?

Si fut moult grande perte... : L’attitude paradoxale de l’idéologi e chevaleresque envers la mort (XV e - XVI e siècles), in: Francia 31 /1 (2004), p. 95-120.

In this paper I focused on a bifold question: On the one hand, I ask how contemporaries perceived the acts of knights, who killed either fellow knights or lower ranking soldiers on the battle-field or in duels; on the other hand, I ask, how the demise of an "ideal" knight could be imagined and constructed. I argue that literary depictions of "good" knight tend to pass their protagonists' killing in silence or rather to render death anonymous - the hero frequently sheds the blood of "unknown masses". In contrast, the very same knights' deaths are usually described in much detail and presented in an idealized way (with the hero having confessed before etc.). For my analysis I drew on literary material ("biographies chevaleresques", but also Alexander-romance) as well as on historiographical texts. Central examples are Boucicaut, Jacques de Lalaing et Bayard.

Esquisse d’une phénoménologie de la mort : Réflexions husserliennes

Bulletin d’analyse phénoménologique IX, 7, 2013

Ce travail porte sur le problème de la mort du point de vue de la phénoménologie husserlienne ; la question est de savoir si une analyse du phénomène de la mort, en tant que phénomène limite, est possible. Nous proposons ici trois voies pour aborder la question : les voies générative, génétique et analogique. En partant de la voie générative nous verrons comment la mort peut être constituée en tant qu'événement mondain ; ensuite, par la voie génétique -d'un point de vue immanent -, nous montrerons en quel sens le flux vivant peut être conçu comme immortel. Enfin, il faudrait analyser le phénomène de la mort effectivement en première personne, en tant que non-donation pure ; de cette façon, la mort devient inévitablement un phénomène irreprésentable. D'où la nécessité de chercher une voie analogique dans les expériences limites comme le sommeil sans rêve et le dépérissement charnel.

La mort aujourd’hui et le risque de « périssement ». Quelle philosophie du mourir pour la réflexion contemporaine sur la fin de vie ?

2015

La mort aujourd'hui et le risque de « périssement ». Quelle philosophie du mourir pour la réflexion contemporaine sur la fin de vie ? A paraitre in Etudes sur la mort. Revue de la Société française de thanatologie, n°147/2015 Résumé : Cet article esquisse un relevé des changements déjà en cours ou à venir qui, dans un futur proche, sont susceptibles de modifier le rapport des hommes à leur propre mort, et met en relief le risque encouru de perte de sens. Ce risque est paradoxalement provoqué par la performance de la technologie des soins, qui transforme les derniers moments de l'existence en « fin de vie », expression en passe de devenir ordinaire mais dont il est nécessaire de remettre en question l'usage. L'article examine ensuite les éléments de la philosophie du mourir qui a été développée, d'une manière typiquement moderne et dans un sens différent de la tradition antique, par les courants existentialiste, phénoménologique et issu de la philosophie de la technique, afin de s'interroger sur leur pertinence pour aujourd'hui. Il explore enfin les ressources du thème de « l'intentionnalité du mourant », ce qui permet d'éclairer les aspects problématiques de la responsabilité du mourant et de souligner les apports réciproques possibles des vivants et des mourants.

La narration philosophique de la mort pendant la Révolution française --- Pub. 2005

Version auteur de Jacques Guilhaumou, « La narration philosophique de la mort pendant la Révolution française » [sur Lequinio], in Les narrations de la mort, sous la dir. de Régis Bertrand et Jean-Noël Pelen, 2005, Publications de l’Université de Provence, p. 51-62. --------------------------------- Nous considérons que l’espace philosophique de la narration de la mort couvert par la pratique politique jacobine, dans son lien intime avec la philosophie allemande contemporaine des événements révolutionnaires, est largement exploré. Nous n’irons donc pas au-delà d'un simple rappel, quitte à y revenir de manière plus dialectique en conclusion. Nous souhaitons plutôt orienter ici notre analyse vers l’autre versant de l’alternative du « partage laïc » face l’idée de la mort, dont le député Lequinio constitue ici le principal témoin philosophique.

La pensée de l’éternel retour : du discours à la doctrine

Nietzsche-Studien

The Thought of Eternal Recurrence: From Discourse to Doctrine. This article gives a new interpretation of eternal recurrence, based on the observation that the central debate about this idea in Nietzsche studies is quite unique in the history of philosophy. This debate is based on a rather radical conflict between Lehre and Rede, doctrine and discourse. Purely doctrinal interpretations tend to underestimate the significance of the discursive form chosen by Nietzsche to express his thought in favor of the Nachlass, whereas discursive readings are generally characterized by an anti-doctrinal, parodic and purely critical function. However, it is possible to reconcile the specificity of the discourse of the eternal recurrence in Nietzsche’s published works with his attempt to establish a real philosophical doctrine. By considering the fictional structure of eternal recurrence in Nietzsche’s published works, we can reinterpret the meaning of Nietzsche’s philosophy of affirmation, which i...

Parler de la mort (Labov, 2013)

La Vie des Idées

Recensé : William Labov, The language of Life and Death. The Transformation of Experience in Oral Narrative, Cambridge University Press, 2013, 240 p., 21 € (broché).

Sur la mise en scène de la mort des philosophes

2016

If the Phaedo and its definition of death as unbinding the body and the soul (an activity which also corresponds to the philosophical practice) open the way to the development of a literature of philosophers’ death-scenes, it is clear that this criterion is not always relevant. Poor readers, such as Cleombrotus of Ambracia, may substitute the suicide to the reflective practice, whereas others, like Hermotimus of Clazomenae, by bringing the principle to its perfection, actually twist it: the body’s destruction becomes the sign of the true death. As death turns out to be the endpoint of the philosophical quality, in Diogenes Laertius it is exposed, multiplied in verse as in prose, and built as a staging. If different topoi can be identified, the fact remains that death, whether heroic or absurd, is always meaningful and may also create a new paradigm of the philosopher dying for his ideas.

Le jeu de mots dans les discours sur le deuil: un jeu discursif offensif

Jeux de mots, textes et contextes

Le jeu de mots dans les discours sur le deuil : un jeu discursif offensif Résumé : Les jeux sur la matière même du langage participent de l'expression de la douleur dans le cadre du deuil d'enfant. L'étude d'un corpus d'une vingtaine d'ouvrages écrits par les parents endeuillés et d'une cinquantaine de noms d'associations de parents dolents ainsi que d'énoncés prélevés sur leurs sites montrent que de façon inattendue, les discours sur le deuil présentent de nombreuses formes de jeux de mots et de mots d'esprit. Ce corpus autorise à poser l'hypothèse que les endeuillés, dans un contexte social de réception peu enclin au dolorisme, trouvent avec les jeux sur les mots un moyen de contourner les tabous sur le deuil d'enfant et d'exprimer leur douleur. Leur mécanisme formel repose sur différents procédés, souvent associés, comme l'homophonie et la paronymie (mourir avant de n'être, impansable) ou bien encore l'homophonie et le principe du paragramme (Sauve qui veut). Ils s'appuient aussi formellement sur la morphologie (AbanDON Adoption, Alter Native) ou sémantiquement sur des phrasèmes (Nos étoiles ont filé, Un ange est passé) où s'exprime ce que Sigmund Freud appelle un double sens (Freud [1905] 2009 : 89-121). L'analyse s'appuie sur les concepts d'économie (de mots) et de condensation (du sens) que Freud a élaborés à propos du rêve et appliqués au mot d'esprit. Le jeu de mots permet d'associer des idées divergentes en une synthèse disjonctive (Deleuze 1969) et joue un rôle d'interpellation. Cette créativité discursive révèle une insoumission linguistique face à une doxa qui incite à taire la douleur.