Poème-fleuve pour un disparu (original) (raw)

Sur les traces des disparus

HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2023

, un récit dédié à la reconstitution de l'existence d'une jeune fille juive disparue durant l'Occupation. 2006 : Daniel Mendelsohn publie aux États-Unis Les Disparus, où il recompose une partie de la vie de sa famille exterminée à l'Est. Ces deux oeuvres, qui forment des jalons essentiels dans l'évolution de notre littérature, ont pu faire figure de météores à leur parution. Certes des enquêtes sur les victimes de la Shoah avaient été menées dès l'après-guerre, mais ces deux textes frappent parce qu'ils ont été entrepris plus de cinquante ans après les événements alors que tout laissait penser qu'il ne subsistait plus aucune trace. Ils inaugurent un nouveau temps pour la mémoire et pour l'écriture après la Shoah. Depuis, les récits d'enquête consacrés aux victimes du génocide se sont multipliés sur la scène littéraire internationale. La France ne fait pas exception, et a vu naître, au cours de ces dernières années, des investigations très diverses. Certaines se présentent comme des fictions, comme L'Origine de la violence de Fabrice Humbert, quand d'autres relèvent de la non-fiction, comme Lettres d'amour en héritage de Lydia Flem, C'est maintenant du passé de Marianne Rubinstein, Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus d'Ivan Jablonka, Sur la scène intérieure de Marcel Cohen ou Gare d'Osnabrück à Jérusalem d'Hélène Cixous. Les formes mobilisées sont elles aussi plurielles, du roman graphique (Nous n'irons pas voir Auschwitz de Jérémie Dres) au documentaire (Les Enfants du 209 rue Saint-Maur de Ruth Zylberman), en passant par le film de fiction (Lune de miel d'Élise Otzenberger). Encouragées par le retour au récit qui a animé la littérature à partir des années 1980 1 , ces investigations contribuent aux inflexions les plus décisives de l'écriture contemporaine 2. Elles accompagnent le développement d'une « littérature relationnelle 3 » en tissant, de mille manières, des liens entre les enquêteurs et leurs ancêtres mais aussi avec les témoins qu'ils interrogent, les différentes personnes qu'ils rencontrent durant leurs investigations et enfin avec leurs propres parents, lorsque leur quête leur donne l'occasion de remodeler une relation rendue défaillante par les non-dits et les secrets. Car à l'origine de ces textes, se tient une impulsion commune : le désir d'un enquêteur ou d'une enquêtrice, sans expérience directe des événements, de découvrir ce que fut la vie de certains disparus. Pour cela, l'écrivain se rend sur les lieux, interroge des témoins, ausculte des documents. Dans une époque caractérisée par son goût de l'archive 4 et par sa prédilection pour les récits de filiation 5 , ces enquêtes partagent une même ligne d'horizon : restituer les choses le plus fidèlement possible. Pareil impératif proscrit pour elles toute possibilité de jouer avec les faits et les documents, de brouiller la frontière entre le réel et la fiction, de subvertir le savoir, comme le font

Poésie et absence

Maria Litsardaki, Quêtes littéraires nº 2, 2012 : Aux confins de l'absence

Considering poetry as a literary form in close relation with absence and scarcity; this paper deals with some of the most frequent and significant forms of absence that appear in poetic texts. The physical absence of the other, due either to death or to the distance between the two individuals, is the most common kind in lyric poetry. Modern poetry often deals with Gods’ absence, which represents an important loss for the contemporary human being, trying to understand or face it. There is also the lack of inspiration and words with efficient expressive capacity that make poets suffer. However, poetry is the only way in which they express their situation and create a meaningful language. Finally, absence in poetry is also a fundamental sign of its generic specificity in connection with the means that it uses, as well as with its printed representation on paper, especially in the contemporary production. In all cases, poetry, based on the dialectic of being – not being, operates as a material, sensible and intellectual presence, which like the primordial logos fillsthe vacuum, eliminates absence and scarcity, generates and animates the human world and en-riches it with presence and meaning.

Poétique du roman-fleuve, de Jean-Christophe à Maumort

Http Www Theses Fr, 2010

Je voudrais ici exprimer ma gratitude envers tous ceux sans qui ce travail n'aurait pas vu le jour. Je remercie mon directeur de thèse, Alain Schaffner, pour l'aide précieuse, les conseils avisés et le temps qu'il m'a prodigués depuis cinq ans. Je remercie Michel Charles, qui a accompagné mes débuts en critique littéraire, et m'a guidée de ses conseils attentifs jusqu'au seuil de la thèse. Pour leur soutien, leurs encouragements et leur amitié, je remercie Jean-Yves Guérin et Michel Murat, qui ont toujours eu à coeur de faciliter mes tâches d'enseignante et d'apprentie chercheuse. Je remercie Christophe Pradeau et Tiphaine Samoyault d'avoir accepté de mettre à ma disposition leurs travaux, décisifs pour les débuts de ce travail ; ainsi qu'Hélène Baty-Delalande pour ses encouragements, et les échanges fructueux que nous avons pu avoir. Je remercie mes constants compagnons de labeur, Raphaëlle Laignoux et Francisco Roa Bastos, ainsi que tous ceux dont l'amitié a rendu mon travail moins austère. Brice Megel et Émilie L'Hôte m'ont accordé un soutien précieux et m'ont fait bénéficier de leurs talents informatiques et linguistiques aux moments décisifs : je les en remercie. Ma gratitude va également à mes parents, pour avoir accepté de transformer dans les dernières semaines leur maison en manufacture à thèse, et m'avoir apporté un soutien décisif en ravitaillement et en main d'oeuvre. Je remercie enfin tous mes lecteurs de bonne volonté. Daphné Leblond, Renaud Lejosne, Marion Moreau et Arthur Mitteau m'ont prêté leur regard attentif et leur patience inépuisable. Diane Leblond a non seulement accompagné ce travail de ses lectures et de ses commentaires pendant deux ans, mais m'a fait bénéficier dans les moments les plus difficiles de son immense talent pour la maïeutique. J'espère pouvoir leur rendre à tous la pareille, d'ici quelques mois ou quelques années. C'est à Arthur que revient mon ultime remerciement, pour l'aide immense qu'il m'a apportée, et pour le reste. On le voit, cette définition des arrière-gardes est fort large : elle semble recouvrir tout ce qui ne s'inscrit pas dans les avant-gardes. Le caractère apparemment anachronique de l'esthétique du roman-fleuve semble en faire un objet idéal pour cette approche. Il n'est pourtant pas abordé dans le recueil dirigé par William Marx, preuve assez ironique de la désuétude critique des auteurs de romans-fleuves. Le roman-fleuve s'impose pourtant au regard du critique comme un objet insolite. Selon Christophe Pradeau, le roman au long cours se détache si nettement dans la masse indistincte du genre romanesque que l'appellation « roman » ne semble plus lui convenir : « Or, il s'avère que les lecteurs répugnent à qualifier de romans des oeuvres comme Jean-Christophe ou Les Thibault. Si, d'aventure, ce ne sont pas des cycles romanesques, alors ce sont des romans-fleuves, des sagas ou encore des romans-sommes. Tout se passe comme si,

Le chemin qui marche est un fleuve

Article qui se veut à la fois une recension de l'ouvrage de René Derouin, Graphies d’atelier : le trait continu (Montréal, Fides, 2013) et plus généralement une appréciation philosophique de son oeuvre, notamment autour de la notion d'identité territoriale en mouvement qui s'en dégage.

Un fleuve sous le bitume

UN FLEUVE SOUS LE BITUME, 2011

La ville de Rennes est assise au confluent de deux rivières, l'Ille et la Vilaine. On peut supposer que cette situation a favorisé l'installation humaine. Pourtant comme le remarque l'historien André Meynier, « cet emplacement ne représente pas que des avantages » 1. Jusqu'à la fin du 17 e siècle, la ville est en permanence à la merci des eaux. Le bassin de la Vilaine est presque entièrement constitué de terrains de nature argileuse et les eaux tendent à se répandre dans la plaine. Dans la traversée de la ville, la rivière se divise en plusieurs bras : un bras principal coupe la ville d'est en ouest, d'autres s'écoulent plus au sud, tandis que deux ruisseaux, le ruisseau de Joculé et le ruisseau de Brécé traversent la partie sud avant de se raccorder à la Vilaine au centre. Un autre ruisseau, le Molvaux, traverse une autre partie de la ville basse située plus à l'ouest. Une partie de celle-ci (correspondant à peu près à l'actuelle place de Bretagne) forme une véritable île. Le rapport à l'eau sert à définir les fonctions urbaines.