L’émergence du patrimoine industriel en Europe comme champ de recherche (original) (raw)
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Le patrimoine industriel comme différenciation territoriale pour un rayonnement international
Résumé : Les villes essaient de se distinguer des autres afin de consolider leur identité, se rendre attractive, et en même temps proposer des politiques publiques locales qui répondent à plusieurs enjeux à la fois, tant locaux qu'extra-locaux. La différenciation territoriale est une méthode volontariste qui peut être mise en place par diverses actions publiques. Le patrimoine est un levier judicieux pour différencier. Il vise à la fois la population locale mais aussi les touristes. Dès lors qu'il est industriel, la dimension identitaire du patrimoine est renforcée notamment pour montrer que la ville est dans une nouvelle phase économique, éloigné du tout-industrie. Les exemples de Montréal et de Nantes sont à des stades temporels et de visibilité distincts. La métropole canadienne déploie une activité récréotouristique depuis 20 ans mais sans visibilité forte pour affirmer sa différenciation territoriale. Nantes met en avant son patrimoine industriel depuis un lustre mais s'en sert comme vecteur différenciant fort. La question de la compétitivité intéresse les grandes villes du monde qui déploient une ingénierie et des partenariats locaux afin de jouer le jeu de la mondialisation et s'engager dans la course aux investissements. Les métropoles les plus importantes ont des moyens financiers qui permettent de recruter du personnel dédié aux questions de compétition territoriale et de créer des dispositifs, en partie privés, qui renforcent la ville néo-libérale (agence, lobbying d'entreprise, services dédiés…). Nantes et Montréal ont chacune leur agence en faveur de l'attractivité du territoire (Agence de développement économique et agence internationale à Nantes et Montréal International). Il existe des manières plus diffuses d'intégrer un système urbain concurrentiel et l'analyse de l'évolution économique et sociale de ces deux villes permet d'observer que leur politique de reconquête urbaine leur octroie de nouvelles centralités que sont les waterfront et leur activité récréotouristique. Nantes et Montréal sont d'anciennes villes portuaires et industrielles et malgré le profil assez différent des deux territoires (taille des bassins d'emploi, organisation monocentrique de Montréal et bipolaire de Nantes Saint-Nazaire), elles présentent le point commun d'utiliser leur histoire industrielle qu'elles patrimonialisent en tant que vecteur d'attractivité. Bien que le processus de patrimonialisation est fréquemment associé à des formes de mobilisation qui peuvent devenir conflictuelles (Gravari-Barbas & Veschambre, 2003), les deux villes considérées comme moyenne à l'échelle de leur continent n'accordent pas le même degré de visibilité au patrimoine industriel afin de donner une image qui les rendrait attractives. Dans ce cadre, la tendance au flagship incite à accompagner les transformations urbaines d'opérations promotionnelles qui expriment positivement la mutation de la ville et sa mue en métropole. Défini comme composante du marketing urbain, le flagship contribue à améliorer l'image de la ville et son rayonnement. En y associant la théorie de M. Porter sur l'avantage concurrentiel, dans le cadre d'une analyse de marketing urbain, la place du patrimoine industriel au sein du projet urbain de l'Ile de Nantes (PIDN) et du projet urbain du Havre (plus précisément l'espace central du Vieux-Port de Montréal -VPM) donne à voir la visibilité d'une destination au travers de la création d'une symbolique urbaine (Tiano, 2005). A partir d'entretiens des acteurs institutionnels de Nantes tenus en 2008 mais aussi d'une revue de presse (2005 à 2009), le processus d'acceptabilité sociale d'un projet urbain utilise le patrimoine industriel comme vecteur de légitimation par son épaisseur identitaire et le
Les nouvelles perspectives du patrimoine industriel
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L’évolution enregistrée par la notion de patrimoine industriel ces dernières années implique un réexamen des récits qui vont traditionnellement de pair avec les pratiques de valorisation des sites industriels. Cet article vise à mettre en évidence les principales innovations disciplinaires en référence à trois aspects spécifiques. Avant tout on essayera de signaler l’extension des phénomènes étudiés à de nouveaux domaines. Les nouvelles études thématiques de TICCIH et les récents colloques sur les patrimoines lies à l’énergie atomique et à l’aérospatial ouvrent de nouveaux terrains de recherche qui semblent annoncer un grand élargissement de l’horizon disciplinaire. Un deuxième aspect est celui des nouvelles pratiques de conservation où l’urgence d’assigner des nouvelles fonctions au patrimoine industriel réaffecté implique des approches qui doivent conjuguer protection et transformation. Le dernier aspect est celui des nouvelles valeurs dans les stratégies de patrimonialisation qui...
La patrimonialisation de l’héritage industriel comme stratégie de valorisation
2020
Décider qu’un objet devienne patrimoine ou être en mesure d’appréhender un objet comme étant patrimonial, c’est lui reconnaître une valeur pour le message qu’il contient, pour ce qu’il dit d’un passé accepté et valorisé, et ce en fonction des valeurs qu’une société cherche à transmettre. Pour autant, le rapport ambivalent au patrimoine industriel, que ce soit du côté des institutions ou du côté des habitants, montre bien la parenté conceptuelle entre territoire et patrimoine (Di Méo 1994) comme un rapport complexe. Deux types d’activités industrielles, à partir de quatre terrains, servent ici à décrire la dimension symbolique de stratégies de développement territorial, grâce à la préservation puis la valorisation du patrimoine : les fronts d’eau des activités portuaires ainsi que les bassins miniers et leurs sites d’extraction. Analysés sur des temporalités décennales, on y voit l’influence de différents modèles : celui de « l’effet Bilbao » avec des objectifs de régénération urbain...
Recherche et numérisation du patrimoine en Europe
Document numérique, 2003
Les programmes de numérisation du patrimoine s'appuient sur des travaux de recherche pour les aspects technologiques de la numérisation et pour le traitement, l'accès, la conservation et l'usage des documents. Cette collaboration, très importante pour les acteurs culturels, commence à se structurer notamment au niveau européen, avec la valorisation des travaux associant acteurs culturels et acteurs de la recherche. C'est à cette condition que les technologies développées par les chercheurs bénéficieront aux contenus culturels numériques pour leur exploitation et leur visibilité sur les réseaux. ABSTRACT. Digitisation programmes for heritage resources are supported by research projects on technological aspects of digitisation and for document processing, access, preservation and usability. This collaboration, of uppermost importance for cultural stakeholders is structured, notably at European level, through the creation of incentive for projects involving actors of both the research and the cultural fields. This is the condition for digital cultural content to benefit from technologies developed by researchers to improve their exploitation and visibility on the Internet.
Espace rural et héritages industriels : entre mise en friche et mise en patrimoine
Espace rural et héritages industriels : entre mise en friche et mise en patrimoine Hélène Roth Résumé Cet article aborde les mutations socio-économiques des campagnes allemandes par la problématique de la valorisation des héritages industriels. En Allemagne orientale, les espaces ruraux sont pris entre une désindustrialisation massive et très rapide, d'une part, et un nouveau modèle de développement rural incitant à valoriser les ressources locales, de l'autre. L'héritage industriel rural se trouve au coeur de cette tension, presque de cette contradiction : faire du passé industriel « table rase » ou bien tenter de le mettre en valeur ? Un intérêt particulier est porté à la valorisation d'héritages industriels au sein même du système productif, c'est-à-dire à la mise en place, par des acteurs économiques locaux, d'une logique patrimoniale. Nous menons cette réflexion à partir du cas du Vogtland saxon -spécialisé dans l'industrie textilequi bordait l'ancienne frontière interallemande.
Les témoignages dans les musées industriels : entre mémoire et patrimoine
2016
Le 4 mai 2011 avait lieu, à la Maison de la métallurgie et de l'industrie de Liège, un colloque interdisciplinaire intitulé "Les témoignages dans les musées industriels : entre mémoire et patrimoine". Quelques années plus tard parait un ouvrage reprenant notamment les actes de ce colloque.
Dès les prémices de la construction d'une union des pays d'Europe, l'idée d'une appartenance, d'une identité culturelle européenne pouvait être lisible. L'expression de la conscience, puis la volonté de sauvegarde d'un bien commun à tous les Européens, se fait ressentir dès les années 1950. En effet, au-delà de la simple association économique de quelques pays d'Europe (Allemagne, Belgique, France, Italie, Pays-Bas, Luxembourg) pour former une zone de libre-échange par le Traité de Paris (1951), les acteurs politiques montrent également le souci de la culture commune, rassemblant, non seulement leurs États, mais aussi ceux qui les voisinent. Il est évident aux yeux des dirigeants que le sentiment d'appartenance à une entité supranationale, et même désormais à un espace commun, ne peut être fondé uniquement sur des raisons économiques, et que la culture, qui est au fondement de toute société où la démocratie triomphe, ne peut être mise à l'écart de ce mouvement d'unité et d'échange. Ces raisons culturelles sont également mues par la situation politique d'une Europe divisée en deux camps, dans un affrontement qui voient, certes, s'opposer deux idéologies, mais également deux types de rapport au passé. Ainsi en marge de cette Guerre froide, au centre de laquelle le socle culturel est une composante indéniable du soft power, le Conseil de l'Europe propose lors de la ratification à Paris, le 19 décembre 1954, une Convention culturelle européenne. Ce texte souligne dans son préambule que « le but du Conseil de l'Europe est de réaliser une union plus étroite entre ses membres, notamment afin de sauvegarder et de promouvoir les idéaux et les principes qui sont leur patrimoine commun 1 » et prévoit, en son article premier, que « Chaque Partie contractante prendra les 1