Pascal De Duve : les Izotopies du sida (original) (raw)
nuit du 16 avril 1993; il n'avait pas trente ans 1. Il était l'auteur d'un roman, publié sur manuscrit par les Éditions]ean-Claude Lattès, /zo. Le nom prestigieux de sa famille et de son oncle, Christian de Duve, Prix Nobel de Médecine, ne lui a pas servi de passe-droit. Le même éditeur venait de publier le log bookde son voyage aux Antilles sur un cargo, qui donnera le titre au livre: Cargo vie. Après sa mort, Odile Cail, des Éditions Jean-Claude Lattès, a demandé aux parents de Pascal de Duve, réticents, hésitants puis coopérants, ses manuscrits non publiés, pour en extraire, après sélection, un ensemble plus ou moins cohérent, publié sous le titre de L'Orage de vivre. Pour ne pas faire de ce texte une nécrologie, pour ne pas souscrire à la rhétorique encomiastique à l'élogequ'appellent les morts terribles trop tôt survenues, pour échapper à la captation du souvenir des artistes morts du sida, il faut en appeler constamment aux caractéristiques premières de Pascal de Duve et, parmi celles-ci, pointer le cosmopolitisme. Pascal de Duve pratiquait plusieurs langues, bien au-delà de ce qui est commun: de l'arabe coranique à l'islandais, du russe à l'anglais; à cette curiosité linguistique s'ajoute une exploration des possibles politiques. Il a écrit sa courte oeuvre en français; il était né à Anvers, le 5 février 1964, dans une famille noble, reconvertie dans la gestion immobilière; le français y était, dans sa pratique, une distinction sociale peut-être, mais surtout, une fidélité à la mère. Belge, Pascal de Duve n'a cessé de se référer à Paris 2. Il y a vécu, avec une attraction fort vive pour le quartier des Halles, dont rend compte Izo. Il y a enseigné. Dans Cargo vie, son odyssée du sida qui l'emmena vers 2 Ce texte n'aurait pas existé sans les parents de Pascal de Duve, Pierre et Marie-Henriette, qui m'ont honoré de leur amitié: ils m'ont ouvert avec confiance la porte de la chambre de leur fils, ils m'ont donné accès à ses manuscrits, ils m'ont accompagné dans la promenade au sein de la propriété familiale, où, dans l'îlele jardin secret de Pascal de Duve-, le père a dispersé les cendres du fils. Je voudrais que Pierre et Marie-Henriette de Duve reçoivent ce texte comme l'hommage de ma gratitude et de mon émotion, fût-il dérisoire.