Anticipations de la guerre européenne autour de l'année 1914 : entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne, la France observatrice et observée (original) (raw)
Abstract
Dans les principales puissances européennes, la formation des officiers est intimement liée aux doctrines militaires en vigueur en 1914. La réflexion écrite reflète la culture militaire contemporaine, façonnée entre héritage et projection dans un avenir impérial ; elle permet de retracer le cheminement des personnalités qui l'élabore et éventuellement l'applique. Rétrospectivement trop souvent taxé d'incurie, l'état-major français s'efforce, durant les années qui précèdent la « Grande Guerre » d'évaluer au plus près les intentions et les capacités de ses ennemis comme de ses alliés. Le cheminement qui va de la guerre préparée à la guerre vécue n'est en rien prédéterminé. Il est possible de l'appréhender à travers la littérature ouverte, c'est-à-dire les textes dont le public pouvait prendre connaissance. Trois revues militaires majeures offrent une synthèse du travail des états-majors. Pour la France, la Revue militaire des armées étrangères présente avec sérieux les évolutions dans les structures militaires des grandes nations. En Allemagne les rubriques régulières de Militär-Wochenblatt ouvrent une fenêtre sans équivalent sur la pensée et la pratique des forces européennes. En Grande-Bretagne, The RUSI Journal restitue la substance vive des tendances politico-militaires à l'étranger. Cette littérature de qualité vaut par son approche globalement dépassionnée. Une intégration réticente de la machine, perçue comme déplaçant les lignes établies, se produit entre 1913 et 1915, qu'il s'agisse de la mitrailleuse, de l'automobile ou des aéronefs. La théorisation française d'une guerre en Europe, confrontée aux perspectives allemandes et britanniques, montre comment, entre formalisme et adaptabilité, l'état-major passe de la guerre préparée à la guerre sur le terrain. Il convient de nuancer le culte de l'offensive à outrance souvent prêté aux Français. Les hypothèses une fois confrontées à la réalité du terrain, la fougue des fantassins ne suffit pas, la puissance de feu déployée entraînant un phénomène d'immobilisation mutuelle des antagonistes, même si l'armée française fait preuve, au cours de l'année 1914, d'un sens aigu de l'adaptation. Somme toute, les revues militaires avaient correctement effectué leur travail de veille stratégique, diffusant des informations globalement honnêtes, sans donner l'impression d'une montée des périls. La « course aux armements » souvent invoquée n'a guère de réalité que dans la sphère navale. L'état-major français n'était nullement imperméable à l'esprit d'expérimentation. Les anticipations savantes des belligérants sont cependant mises en échec par une technique simple, réactivée de l'époque médiévale, la tranchée. (résumé de mon intervention, avant-goût de l'article à paraître)
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