BLANCHET châsse St-Viance. (original) (raw)
L'histoire mouvementée de la châsse de saint Viance Lors de la rédaction du livre sur l'histoire du pays de Saint-Viance (1) , nous avons compulsé beaucoup d'archives pour en extraire les faits principaux et les synthétiser, en pensant un jour pouvoir y revenir pour présenter plus en détail certains sujets intéressants. C'est le cas pour la célèbre châsse qui méritait un plus long développement, non pas sous l'angle artistique qui est déjà très bien connu, mais pour son histoire singulière qui a suivi les grands événements de la société à travers les âges. Pour cela j'ai dû consulter un grand nombre de documents de différents types : journaux, jugements des tribunaux, rapports de police et de gendarmerie, publications, catalogues de ventes des antiquaires, recherches universitaires… Je remercie Simon Ducros, étudiant à l'école du Louvre, avec qui j'ai eu de longs et amicaux échanges. Celui-ci a présenté en mai 2015 un excellent mémoire d'étude de première année de deuxième cycle, sur « les vitrines-trésors du Limousin ; étude du contexte historique et des conditions de conservation ». C'est grâce à cette rencontre que j'ai été motivé pour reprendre toute ma documentation en y ajoutant d'autres éléments d'archives moins connus, ainsi que certains qui avaient été retrouvés par Simon Ducros (2). La vie de saint Viance Les éminents spécialistes considèrent que l'histoire de la vie de saint Viance est authentique, même si elle a été publiée sous une forme légendaire. Les récits historiques anciens, oraux ou écrits, étaient souvent romancés pour être mieux compris par une population en grande partie illettrée. Le manuscrit original est conservé à la bibliothèque de Clermont-Ferrand. Il est rédigé en vieux latin. Il s'agirait d'une copie du début du Moyen Âge, probablement du XI e siècle, qui aurait été rédigée à partir d'un ou plusieurs manuscrits plus anciens, écrits peu de temps après la mort du saint, à la fin du VII e ou au début du VIII e siècle par un religieux contemporain du saint, nommé Hérimbert, qui vivait à l'abbaye de Brocq, à Menet (Cantal) (i). La vie de saint Vincentian (en latin) a été publiée pour la première fois en français, en 1669, par l'abbé Jeouffre, curé de la paroisse (3). Il indique dans son avant-propos que ce (1) Bayle, Blanchet (2009), Lemouzi, 6 ème série, n° 191 bis. 336 pages et nombreuses figures. (2) Ducros (2015 a et b). (3) Jeouffre N. abbé (1669 et réédition en 1898). On a écrit que la dernière publication était l'oeuvre de l'abbé Louis Bertry, préfacée par Joseph Nouaillac. Il y a eu certainement une double confusion. L'abbé Bertry est bien arrivé à Saint-Viance en 1898, au moment de la sortie du livre, mais il n'est pas l'auteur des textes sur la Vie miraculeuse de saint Viance. La réédition est identique à l'original de 1669. De même l'avant-propos est bien signé J. N. c'est-à-dire Jean-Claude BLANCHET Les spécialistes de l'histoire de l'art datent la fabrication de ce trésor du milieu du XIII e siècle, entre 1230 et 1260 environ. La châsse de saint Viance La châsse aurait été commandée par les religieux bénédictins de l'abbaye d'Uzerche, qui étaient implantés à Saint-Viance depuis 1048 (5). Il est possible qu'ils aient reçu l'aide du seigneur de l'époque, la famille Malafayde. Ils tiraient de gros profits des pèlerinages organisés autour de la tombe du saint (6). Cette châsse émaillée est vraiment exceptionnelle, d'abord par la nature et la qualité de ses motifs décoratifs et ensuite par ses dimensions. Jeouffre N. : « In primis venerare Deum ». « C'est la première pensée qui nous a guidé quand nous avons songé à réimprimer l'antique écrit du moine Hérimbert ». Ces textes figurent déjà dans la première édition. C'est probablement à l'initiative du dynamique abbé Nauche (curé de 1858 à 1870) que fut décidé le projet de la réédition qui ne paraîtra qu'environ trente ans après, juste au moment de l'arrivée de l'abbé Bertry en 1898. (4) Mönumenta Germaniae Historica, scriptores rerum merovingicarum, V, pp. 112-128. (5) Ferdinand de Lasteyrie (1859) a écrit que la châsse aurait été commandée et donnée au XIII e s. par sa famille. Cette hypothèse est fondée sur le blason que porte un des soldats endormi au pied de la crucifixion du Christ sur la châsse. Il pensait que les armes de ce blason étaient celles des de Lasteyrie. Il s'agit en réalité d'un blason décoratif très ordinaire. Il faut éliminer cette hypothèse car les de Lasteyrie ne prendront possession du château et des terres de Saint-Viance que beaucoup plus tard. C'est Charles-Noël de Lasteyrie, marquis du Saillant qui épousera en 1720, Marie-Louise, Victoire, Philippine de Philip, fille du dernier seigneur Louis de Philip, décédé sans héritier mâle. Ferdinand de Lasteyrie indique également qu'un de ses aïeux, Pierre, Guy, marquis du Saillant (mort en 1372), ou Giraud de Lasteyrie (mort en 1355) aurait donné à l'église un buste ou chef-reliquaire de saint Viance. Là aussi nous n'avons pas de preuve archivistique. De plus il n'existe pas de nos jours d'autre chef-reliquaire. (6) Des études récentes montrent que des religieux de haut rang ont joué un rôle important dans la propagation des émaux de Limoges. La richesse des objets importés montraient la puissance des commanditaires. Les seigneurs imitèrent ensuite les religieux (Gaborit-Chopin, Taburet-Delaye, 1997).