Le culte de Liber Pater en Italie : identité divine et pratiques rituelles (original) (raw)
Ce mémoire s’articule autour de trois sections distinctes : dans la première, nous examinons la figure divine de Liber Pater et la perception de cette divinité dans l’Italie romaine. Liber ne cesse de surprendre les chercheurs entre autres grâce à son association avec Dionysos, c’est pourquoi il est nécessaire de s’attarder à une question simple, mais cruciale : qui est Liber Pater? Nous soulignons à travers cette section que Liber est une divinité agraire reconnue au sein du panthéon de Rome et recevant ainsi un culte public à travers les Liberalia et la triade qu’il forme avec Cérès et Libera. La pérennité de Liber sur la libertas y est aussi remise en jeu : plutôt que de concevoir une liberté politique, il faut s’attarder à une liberté physique et mentale. Dans la deuxième section, nous établissons une connexion sur le territoire italien entre Liber et Dionysos-Bacchus grâce au processus d’acculturation qui s’est concrétisé avec l’arrivée de Dionysos en Grande-Grèce au VIIIe et VIIe siècle av. J.-C. Nous explorons par la suite, à travers la tutelle de Liber et Bacchus sur le vin ainsi que la répression des Bacchanales, les formes hétérogènes qu’ont pu prendre les rituels et les cultes dédiés à ces divinités. Finalement, notre dernière section se penche sur le culte de Liber en Italie au Haut-Empire. Pour y parvenir, nous utilisons le cadre méthodologique de la lived ancient religion qui s’intéresse au spectre des stratégies religieuses pouvant être mises en place pour communiquer avec Liber, que ce soit à travers le don, la prière, le geste, le sacrifice, etc. Ce modèle d’analyse nous donne l’opportunité de nous intéresser au culte vécu de Liber, nous rapprochant ainsi de l’expérience religieuse des individus. Nous démontrons, grâce à un corpus épigraphique comportant plusieurs types d’inscriptions, que de nombreuses stratégies de communication étaient utilisées, notamment les rituels du votum, de la dedicatio, et de la consecratio à travers le don d’objets tels des autels et des statues. En groupe, ces stratégies se complexifient puisque le phénomène associatif produit une diversification cultuelle significative : plusieurs associations romaines, toutes différentes les unes des autre dans leurs pratiques et leur composition, honoraient Liber et ses bienfaits.