Digital Labor : travail, technologies et conflictualités (original) (raw)
Cette contribution s'articule suivant trois axes principaux: travail, technologie et conflictualité. Elle tente de donner une définitionsuffisamment souple pour pouvoir évoluer-de la notion de digital labor. La définition n'est pas arrêtée, mais se déroule au fil des pages qui suivent, se construit en plusieurs étapes et met progressivement la notion à l'épreuve d'autres concepts qui cherchent à décomposer l'intersection entre travail et technologies de l'information et de la communication: travail immatériel, travail des publics, travail cognitif. En guise de préambule, je me dois d'expliquer comment j'en suis moi-même venu à m'intéresser à ces questions. J'étais, pour ainsi dire, intellectuellement prédisposé à me pencher sur le digital labor, car ce domaine ouvre sur des sujets que j'avais déjà traités dans ma vie précédente. « Ma vie précédente », ce sont mes années italiennes, au cours desquelles j'ai d'abord acquis une formation d'économiste (j'ai effectué ma tesi di laurea à l'Université Bocconi de Milan), ensuite évolué dans un milieu dominé par des courants du postopéraïsme. Ce qu'on appelle désormais Italian theory tourne autour de la question du travail. Mais tout cela a été mis en veilleuse quand j'ai définitivement quitté l'Italie lors du premier comeback politique de Silvio Berlusconi, en 2001. Je me suis alors consacré aux études sociales d'Internet, d'abord dans le cadre de l'EHESS puis à Télécom ParisTech. Plus récemment, mon intérêt a été à nouveau piqué, mais tangentiellement, nous pourrions dire. Je m'intéresse désormais principalement à la parole problématique sur Internet: les trolls, les fake, les vandales de Wikipédia, les anonymes. Mais aussi à certaines modalités de stigmatisation, telle la