Des jeunes femmes entre rêves cosmopolites et réalités conservatrices dans le Caucase russe (original) (raw)
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Les premières écoles pour filles au Caucase : une mission de russification
Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe, 2021
La création des écoles russes pour filles est un élément essentiel des politiques coloniales russes au Caucase. Cette mission de russification de la région par l'éducation des filles découle de l'opinion dominante selon laquelle l'éducation des mères serait la clé de la régénération sociale et du changement culturel. Les femmes des deux vice-rois aident à établir des écoles des filles dans la région frontalière. Elles engagent des femmes de l'élite locale et des hauts responsables pour organiser et financer ces écoles russes pour filles, qui associent l'éducation russe au prestige social et culturel. Les programmes scolaires, qui mettent un fort accent sur la langue russe pour les filles de l'élite notamment celles issues de la bourgeoisie, deviennent des instruments importants pour diffuser le russe dans la région.
Une histoire rêvée du communisme chez Kourkov, Pélévine et Zalotoukha
Korine amacher et Wladimir berelowitch (eds), le Passé qui encombre Histoire et mémoire dans l'esPace Postsoviétique
Des dernières années du régime soviétique à nos jours, la littérature russe a vu fleurir les dystopies, les uchronies et autres essais « d’histoire alternative ». Ces textes ont déjà fait l’objet d’études et leur volonté de revanche sur un passé et un présent – voire un avenir ! – frustrants est patente1. Je voudrais attirer ici l’attention sur un genre bien moins fourni mais peut-être plus subtil, où l’auteur intègre une fiction à caractère fantastique dans les cadres connus de l’histoire soviétique « réelle », les faits historiques avérés n’étant pas niés mais altérés et / ou réagencés. L’intérêt de ces textes me semble double. D’une part, ils permettent à l’historien d’approcher ce qui reste de 70 ans de « communisme » à un niveau volontairement infra-idéologique, comme dans un inconscient de la mémoire. D’autre part, il s’agit pour moi de prolonger une réflexion sur les rapports entre littérature et histoire. Ma pratique d’historien des années 1920 m’a convaincu que la littérature2 procure souvent à l’égal de l’archive une sensation de réalité proprement heuristique : « On ne peut retenir le passé que dans une image qui surgit et s’évanouit pour toujours à l’instant même où elle s’offre à la connaissance »3. Or, la lecture d’auteurs tout à fait contemporains peut procurer la même expérience troublante. Je pense ici à trois écrivains, renommés à divers titres : Viktor Pélévine avec La Mitrailleuse d’argile [Čapaev i Pustota] 4 ; Valéri Zalotoukha pour La grande Campagne de libération de l’Inde [Velikij pohod za osvoboždenie Indii]5 ; Andreï Kourkov pour sa Géographie d’un coup de feu isolé [Geografija odinočnogo vystrela]6. Il s’agira d’étudier au prisme de différents legs culturels le rapport qu’entretiennent ces fictions avec l’histoire russe et soviétique pour tenter de déterminer ce qu’ils peuvent apporter à notre compréhension de cette période révolue.
Le Mouvement Social, 2017
Focusing on the multinational community of Grozny, the article explores the ambiguities of Soviet everyday life in the Caucasus and its remembrance in post-Soviet Russia. Grozny can be regarded as an metaphor for other post-Soviet communities. Typically, they are looking back to the 1990s transformation period as a time of catastrophe. For the multinational community of Grozny represented by Russians, Chechens, Armenians and Jews, loss is not only a metaphor, but a bodily experience due to the two disastrous wars in the Northern Caucasus. "Our small Soviet Union", as members of this today transnational community refer to their former city, can be understood as part of an effort to restore the lost feeling of belonging and to re-establish connections with the past destroyed by violence and war. L’article analyse les ambiguïtés de la vie quotidienne soviétique dans le Caucase, en explorant le pluralisme ethnique de la ville de Grozny, et les façons dont ce souvenir est mis en scène et convoqué dans la Russie postsoviétique. Grozny peut être vu comme une métaphore pour d’autres communautés postsoviétiques qui regardent la période de transformation des années 1990 comme une catastrophe. Pour la communauté multiethnique de Grozny, composée de Russes, de Tchétchènes, d’Arméniens ou de Juifs, la perte n’est pas qu’une métaphore, mais une expérience concrète liée à deux guerres désastreuses qui ont ravagé le Nord Caucase. La construction mémorielle de Grozny, « notre petite Union soviétique », comme la désigne la communauté transnationale des anciens habitants de la ville, peut être vue comme un effort pour restaurer une identité perdue et rétablir un réseau de relations détruit par la violence et la guerre.
Dissidences 6, 2013
Près de cent ans après l'événement, la révolution russe continue de poser problème à quiconque veut penser l'émancipation. Ouverte sur la promesse d'une société débarrassée de l'exploitation, elle fut à l'origine d'un système de domination à la cruauté et à l'efficacité rarement égalées. De plus, la volonté de changement social face au capitalisme s'est exprimée pendant des décennies dans le langage même élaboré par la dictature stalinienne, avec pour conséquence la subversion de l'idée d'émancipation. En URSS même, la jeunesse est un milieu propice à l'observation de ce processus de retournement des valeurs. Pendant les années Vingt, la jeunesse étudiante soviétique, enthousiaste et novatrice, apparaît ainsi comme un foyer de radicalité et incarne l'espoir d'une relève révolutionnaire. L'historienne Anne Gorsuch constate parmi les étudiants une opposition assez large à la NEP 1 , une critique de l'embourgeoisement du PC, la popularité des thèses trotskistes en 1923-24 et le refus des « conventions bourgeoises ». La critique de l'enseignement et des enseignants complète le tableau d'un gauchisme estudiantin renouvelé 2. Néanmoins, quand Staline affermit son pouvoir et lance le pays dans le Grand tournant, le jeunesse la plus engagée, loin de s'opposer, apparaît au contraire comme le fer de lance d'une « révolution culturelle » 3 étroitement contrôlée d'en haut et qui impose la collectivisation et l'industrialisation dans les conditions que l'on connaît. Afin d'observer au plus près la genèse de ce phénomène de récupération/retournement des idéaux communistes, je voudrais porter le regard sur les jeunes qui affichaient leur volonté de vivre collectivement selon les principes du communisme. En me concentrant plus spécifiquement sur une commune étudiante de la région de Kharkiv, en Ukraine soviétique, bien documentée par la presse et les archives, je propose ici l'analyse à l'échelle « micro » de la fine mécanique des pouvoirs qui se mettent en place et s'imposent progressivement dans le collectif. Seront examinées les interactions sociales et institutionnelles au sein de la commune en relation avec l'expression idéologique de l'expérience, sans pour autant que l'analyse ne soit fermée sur une perspective unique, politique-totalitarienne ou sociologique-révisionniste. Il s'agira avant tout de comprendre comment la commune en tant que forme d'organisation a pu devenir un outil de contrôle social particulièrement efficace. La commune des étudiants du Zoo-technicum On repère facilement la conjonction entre radicalisme politique et aspiration à la vie collective dans la presse de Kharkiv. En 1924 paraissent presque simultanément deux articles sur les communes, l'un dans la revue du commissariat 1 NEP : Nouvelle politique économique, initiée par le Parti communiste en mars 1921 en réponse à la ruine économique et au mécontentement social provoqués par la Guerre civile et le « Communisme de guerre ». Lénine la définit comme « un capitalisme limité pour un temps limité » car elle marque un retour partiel à l'initiative et au profit privés.
Politique et imaginaire à Tchoukotka, aux confins orientaux de la Russie
Anthropologie et Sociétés, 2004
Résumé Cet article analyse comment, dans la péninsule de Tchoukotka (extrémité orientale de la Russie), un groupe d’activistes autochtones recourt à son imagination afin de susciter des initiatives politiques signifiantes pour les peuples autochtones de la région. Depuis le début des années 1990, à Tchoukotka, les perspectives politiques autochtones ont été sérieusement restreintes par des restructurations politiques et des réformes économiques de style occidental. Cet article s’interroge sur la façon dont les possibilités politiques peuvent être créées et modelées. Il repose sur un contexte d’aspirations sociales. Pour apprécier son potentiel et sa force, le lecteur doit d’abord se familiariser avec les transformations politiques et économiques en cours en Russie, y compris le recours, encouragé par l’État, aux traditions autochtones, à la rhétorique et aux pratiques de salut et d’assistance, ainsi qu’aux difficultés de l’organisation en faveur des droits culturels. Au travers de c...
Les représentations de l'Occident dans la société russe actuelle
2010
Cette etude se donne pour but de repertorier et d'analyser, a partir d'un corpus de textes mediatiques non savants des traits pertinents et typiques qui permettent de caracteriser de facon coherente l'image associee a l'Occident dans la societe russe moderne.
Romantisme, 2016
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