Réchauffer le monde (original) (raw)

Climatiser le monde

2021

Introduction Le point de départ de mon propos est une observation simple : au cours de la dernière décennie, la question du changement climatique a changé de statut. Quand je commençais à m’y intéresser dans le cadre de mes recherches, au milieu des années 2000, il s’agissait d’un sujet un peu exotique qui animait à peine plus qu’un petit cercle de chercheurs, militants, diplomates et professionnels de l’environnement. Depuis, l..

Réparer notre monde

Dans La vie devant soi1 d’Émile Ajar-Romain Gary (1975) et son adaptation filmique par Moshe Mizrahi, sous le titre de Madame Rosa2 (1977), la Seconde guerre mondiale et le génocide des Juifs sont remémorés, mêlés à des évocations de la guerre d’Algérie. Le roman et, à sa suite, le film mettent en scène un phénomène relationnel et tout en même temps mnésique : ils tissent dans leur narration et dans leur énonciation une relation d’interdépendance entre une femme devenue adoptive et un enfant devenant l’adoptant. Nourri par l’affection que se vouent l’un l’autre cet enfant d’une prostituée algérienne et cette ancienne prostituée juive, le lien entre ces deux êtres est d’autant plus fort qu’il se déroule dans un présent sous tension. La vieille femme, rescapée d’Auschwitz, est terrorisée par son passé, un « retour de mémoire » traumatique de la menace nazie. L’enfant-adolescent se trouve quant à lui assailli de questionnements sur son avenir. Ce présent est mis en scène et territorialisé dans un « ici » précis : le quartier de Belleville où vivent des gens pauvres, des immigrés, des marginaux.

Le monde renversé

L’Époque de la Renaissance (1400-1600), vol. 4, Crise et essors nouveaux (1560-1610), Tibor Klaniczay, Eva Kushner & Paul Chavy, eds. The Hague & Philadelphia: Benjamins, 2000: 553-562

Elevée au degré de caractéristique essentielle, ou bien de loi des mondes fictionnels tant ludiques que dramatiques, la figure du renversement illustre l'épistémè de la Renaissance tardive avec un enthousiasme fou et sage à la fois. Elle s'incarne en deux séries, l'une théologique, l'autre rhétorique et littéraire, dualité qu'il faut dépasser pour mieux comprendre le phénomène du renversement. D'une part, appartiennent à notre matière les adages et dogmes chrétiens de la chute, de la région du dissemblable et du diabolique comme hypostases du renversement du divin et comme renversement de ces hypostases. La chute aurait transformé l'humanité en ce qu'elle est dans l'interminable aujourd'hui, signe fatidique, en creux, du divin. A son tour, l'augustinienne regio dissimilitudinis dans laquelle persiste cette race pécheresse qui ne garde en elle qu'une pâle image de Dieu, vit sous la menace d'une absence de sens où toutes les actions humaines, en restant pure forme, sont privées de communauté d'essence avec le divin. Finalement, la figure du diable qui anime l'imaginaire occidental résistant au despotisme de l'Un la croyance et, plus tard, la raison -s'explique allégoriquement dans la perspective d'un Dieu infiniment plus puissant et glorieux que le prince des ténèbres, mais formellement et illusoirement semblable à lui.

Nourrir la planète

2022

La géographie de l'alimentation s'articule autour d'un paradoxe tenace : malgré des surplus agricoles chroniques et une production alimentaire permettant de nourrir plus de 10 milliards de personnes, la malnutrition demeure un enjeu majeur. D'une part, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime que 825 millions de personnes, soit environ 11 % des 7,6 milliards d'habitants qui composent la population mondiale, vivaient en état de famine chronique en 2017. En régression depuis le début du siècle, la proportion de terriens souffrant de la faim s'est remise à croître depuis 2010. On constate également une augmentation du nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire au sein des pays capitalistes avancés. D'autre part, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que plus de 1,9 milliard d'adultes étaient en surpoids en 2016, parmi lesquels on comptait 650 millions d'obèses. Si le nombre de personnes qui mangent trop ou mal est en forte croissance, celui des obèses a quant à lui triplé en proportion depuis 1975. À ces deux dimensions de la malnutrition, il faut en ajouter une troisième, la faim cachée, qui a trait aux carences en micronutriments (vitamines et minéraux) dont souffre une partie importante de la population mondiale. La coexistence de la dénutrition, du surpoids et des carences alimentaires constitue le triple fardeau de la malnutrition avec lequel de très nombreux pays doivent composer. La croissance de la production alimentaire ne se traduit donc pas automatiquement par un accès équitable aux aliments (De Koninck, 2015).

Changement énergétique et rapport au monde

2008

Le contexte énergétique actuel, à savoir l'épuisement des ressources fossiles et les risques environnementaux encourus, révèle la nécessité d'un changement énergétique ainsi qu'une modification des usages. Face à cette question émergent d'une part divers projets d'alternatives énergétiques dans les corps techno-scientifiques et d'autre part des théories visant à influencer les comportements. or tenter de résoudre la question de la technique distinctement de celle de la consommation est un non-sens. Les usages sont en effet intimement liés aux choix techniques dans le domaine de l'énergie. Et opérer cette distinction, c'est aussi affirmer que les choix techniques n'ont ni lien ni incidence sur la société.

Le monde libéré

2022

Herbert George Wells (Auteur), Éric Loonis (nouvelle traduction) Certainement le plus prémonitoire des romans d’anticipation d’H. G. Wells. Ses prédictions ne sont peut-être pas encore toutes réalisées... « Le monde libéré » (The World Set Free), dans une nouvelle traduction, est un roman d’anticipation et de science-fiction, dystopique et utopique, écrit par H. G. Wells en 1913 et publié en 1914. Wells y décrit un monde socialement dégradé, gangréné par le capitalisme, l’égoïsme et la cupidité, avec un environnement de plus en plus saccagé et pollué. Un monde qui va vivre une guerre atomique mondiale qui, au-delà de la catastrophe planétaire qu’elle entraîne, éveillera les consciences. L’énergie atomique apportera tout ce dont l’humanité a besoin pour se relever. Un gouvernement mondial, qui n’est pas sans rappeler le « nouvel ordre mondial », entre Davos et théorie du complot, organisera cette renaissance planétaire. Dans ce roman-chronique, Wells déroule ses fascinantes prémonitions : la bombe atomique, la guerre atomique mondiale, l’industrie nucléaire, le gouvernement mondial, la Cour pénale internationale, le féminisme, la Révolution sexuelle et même le tunnel sous la manche, le téléphone mobile, une monnaie unique mondiale et les voyages spatiaux… En ces temps de guerre aux portes de l’Europe (Syrie, Ukraine), il nous invite à rêver « une possible fin de la guerre sur Terre » et une nouvelle façon positive de penser le monde et l’humanité. « Je ne pense pas à l’abolition de la femme. Mais je veux abolir – l’héroïne, l’héroïne sexuelle. Je veux abolir la femme dont le support est la jalousie et dont le don est la possession. Je veux abolir la femme qui peut être gagnée comme un prix ou enfermée comme un délicieux trésor. » – Marcus Karénine

Prêter attention aux mondes

Essais, 2018

« Si un lion pouvait parler, nous ne pourrions pas le comprendre 1. » Les études de l'homme et de la nature n'ont eu de cesse de se séparer alors que les savoirs se transformaient en disciplines de plus en plus spécialisées mais lointaines les unes des autres. Née dans le contexte positiviste au sein de ces sciences qui, devenant modernes, s'étaient coupées des classiques humanités, l'écologie fut longtemps délaissée par ces dernières jusqu'à un passé récent. Elle procède de la nécessité d'étudier, à nouveau, homme et nature ensemble. En oeuvrant à concilier le souci descriptif de la nature, celui, prescriptif, des façons de vivre en bonne intelligence avec elle, ainsi que celui, esthétique, d'une forme d'écriture lisible par tous, des scientifiques comme Aldo Leopold (Almanach d'un comté des sables, 1949) et Rachel Carson (Printemps silencieux, 1962) ont pleinement participé par leurs écrits, à construire une passerelle unissant la connaissance scientifique de la nature et la pratique, linguistique et éthique, des humanités. Emprunter cette passerelle suppose de sortir de l'enfermement disciplinaire et de se saisir de l'écologie comme d'un objet d'étude, à la manière dont s'y est pris Arne Naess, l'un des premiers à avoir formulé les principes d'une philosophie de l'écologie au début des années 1970. Cette date marque d'ailleurs un tournant épistémologique qui a vu un nombre croissant de sciences humaines et sociales emprunter cette passerelle en prenant l'écologie ou l'environnement pour objet 2 .

Léguer un monde vivable

Projet, 2012

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