Levinas, Husserl et la nouvelle orientation éthique-phénoménologique (French) (original) (raw)

Sujet, infini et mort chez E. Husserl et E. Levinas

This paper aims at a reflection upon Emmanuel Levinas' phenomenological concept of infinity, insofar as it concerns subjectivity and self-experience. In this regard the originality of Levinas consists in reversing the metaphysical meaning of infinity when applied to a subject: either this concept was reserved for the potential openness of an “absolute I” or it was used to denote God's actual infinity. But Levinas conceives infinity in terms of an ethical experience of a passive self-transcendence, of an exposure to the absolute otherness of the other. The experience of the own mortality underlies this experience of the infinity: I know that I'm mortal not just because I know I will die. I make the experience that I'm mortal because my responsibility for the other can go up to give my life for him. Seemingly there's nothing alike in Husserl's phenomenology of an endless living present and the transcendental I that belongs to it. However I will argue that Husserl knows about a paradoxical presentiment of death that doesn't have to mean certitude about being or non-being, but rather an inquietude questioning a pure immanent continuity of the “I”.

L'Émergence de la question éthique et sa présence chez Levinas

J'interroge la formulation de la question éthique chez Levinas au regard du concept d'émergence emprunté à Kim. Ce texte a fait l'objet d'une communication au colloque international de philosophie, 21-23 avril 2015, "Levinas et la philosophie analytique. L'adresse et l'argument", http://www.sirel-levinas.org/dotclear/index.php?post/2015/01/20/Colloque-international-de-Philosophie-%7C-21-au-23-Avril%2C-2015%2C-Paris

Le visage au-delà de l'apparence. Levinas et l'autre rive de l'éthique

In this article I look at the significance of Emmanuel Levinas' thought for an ethics of care. I argue that the meaning Levinas gives to the term « face » is a central aspect related to this issue. The face is in this French philosopher's view an ambiguous phenomenon, an enigma, that bears high ethical significance : beyond its physical appearance, the face of the other escapes every affort at representation, it indicates the way in which the representation of the other exceeds any idea of the other in me, and it is precisely this irreducibility of alterity that lights up its ethical meaning. In Levinas' view, to be oneself is to be for the other, and the otherness of the other manifests itself in the face-to-face encounter. Accordingly, responsibility is the response to the injunction, the interpellation, of the other's face, preceding the claim of justice, and humaneness is conceived as entangled in the other's face. Against this background, I suggest that Levinas' philosophical insight constitutes a turning point from a traditional to a new conception of responsibility that may bear great significance to a renewed understanding of an hermeneutics and an ethics of care.

Recherches philosophiques n°3 — 2016 — Husserl : la phénoménologie ou la tâche de la logique — Présentation du Dossier

La phénoménologie s'annonce dès son invention comme le titre d'une nouvelle tâche philosophique : celle d'une nouvelle fondation de la logique. La logique désigne donc la tâche même de la phénoménologie et se dédouble alors en deux acceptions : (1) la logique traditionnelle infondée qui pêche, soit par son psychologisme-n'assurant pas l'objectivité de ses concepts et de ses lois-, soit par son objectivisme naïf-n'interrogeant pas son propre rapport à l'objet ; (2) et la logique phénoménologique fondatrice qui vise, soit à assurer l'objectivité idéale des lois de la logique contre le psychologisme pour se faire « logique pure », soit à interroger son rapport à l'objet contre l'objectivisme naïf pour se faire « logique de la vérité ». C'est en ces deux derniers sens, comme « logique pure » et comme « logique de la vérité » que la logique vient donc se confondre avec la phénoménologie-la tâche fondationnelle de la phénoménologie devenant la tâche même de la logique. Seulement, comme en témoigne d'ores et déjà cette première scission, la logique phénoménologique se trouve divisée entre deux aspirations : sa tendance à la pureté des lois logiques au fondement de toute connaissance, et son attirance irrépressible pour ses domaines fondateurs concrets. La logique phénoménologique tend donc tout autant à se défaire de ce qui peut entacher son idéalité, qu'à venir se loger au coeur des choses mêmes, au risque de perdre sa pureté. De même se voit-elle de nouveau divisée en ses différents lieux de fondation qui, de la logique-du-monde à la logique transcendantale, témoignent de l'équivocité de sa tâche fondationnelle. La logique s'ouvre tout autant à l'analyse « logique » des vécus psychiques, qu'à l’analyse « logique » du monde et des lois structurelles de son apparaître. C’est en ces différents sens que les articles de ce dossier entendent interroger la logique phénoménologique : comme logique du vécu, comme logique du monde et, finalement, comme logique de l’expérience.

Le paradoxe de la moralité : Un entretien avec Emanuel Levinas

Philosophie, 2011

Distribution électronique Cairn.info pour Editions de Minuit. © Editions de Minuit. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

Séminaire Husserl, De la réduction phénoménologique

Intervention du 17/01/2014 <IV. Textes provenant des travaux de la fin de l'année 1931 sur l'« ouvrage systématique »> N°18. Première voie de méditation vers l'épochè, la réduction et la considération corrélative du monde (septembre 1931)

Levinas et Jankélévitch, l'éthique comme philosophie première

S’installer dans les apparences de la relation philosophique entre Levinas et Jankélévitch, c’est soutenir non pas une unique thèse, mais plutôt trois. Cette relation n’a jamais été actualisée dans un débat ou dans la confrontation directe de ces deux philosophies. Et pourtant, le statut primordial assigné à l’éthique et à la place de l’autre homme, pour le dire dans les termes levinassiens, ou le statut primordial assigné à la morale et à la place du prochain, dans les termes jankélévitchiens, — ce statut atteste d’une certaine solidarité entre ces deux philosophies.

De la logique au monde : un chemin dans la phénoménologie husserlienne

Cette étude se propose de retracer le chemin qui mène, dans l’œuvre de Husserl, de la logique au monde, et plus précisément, du projet de « logique pure » formulé dès 1900 dans les Prolégomènes à la logique pure, à celui d’une « logique-du-monde » annoncé en 1929 en conclusion de Logique formelle et logique transcendantale. Il s’agira moins toutefois de retracer ce cheminement historique, que de dévoiler la nécessité logique de ce glissement, depuis un seul et unique projet fondationnel. C’est afin d’accomplir sa propre tâche fondationnelle comme « théorie de la science » ou « théorie de la connaissance », que la logique doit se faire « logos du monde esthétique ». Et c’est donc un même concept de « logique », défini depuis cette tâche elle-même, qui subsiste tout au long de ce déplacement. Ainsi s’agira-t-il de retracer les différences étapes « logiques » de ce cheminement, au sens non-historique des différents déplacements conceptuels qu’il implique : du relativisme psychologique à la logique pure, de l’apophantique à l’ontologie, et de l’ontologie formelle à la logique-du-monde comme « ontologie mondaine authentique ». La logique restant une discipline apriorique, le concept d’ « a priori » se verra redéfini au gré de chaque déplacement jusqu’à venir désigner l’a priori matériel du monde lui-même. D’un monde dont nous finirons donc seulement, au terme de ce parcours, par entrevoir la logique.