Quelques réflexions à propos de l’étude des bouteilles d’usage en France au XVIIIe siècle (original) (raw)
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La verrerie incolore, soufflée ou moulée, est très fréquente et souvent même prépondérante dans les contextes des II-III e siècle dispersés dans tout l'Empire romain. En Méditerranée occidentale, les formes les plus rencontrées sont les gobelets cylindriques ou ovoïdes à pied annulaire replié ou rapporté et à lèvre arrondie (AR 98 et variantes). Ils sont habituellement décorés de fils rapportés ou de dépressions. De nombreuses variantes, qui tiennent à des détails morphologiques ou décoratifs, peuvent être observées, mais ces verres à boire constituent une ensemble assez homogène. D'autres verres à boire contemporains de ces gobelets sont les verres à balustre ou à pied tronconique parfois porteurs d'un décor plus riche. Cette vaisselle est souvent associée à des formes ouvertes, assiettes, coupes ou grands plats, toujours en verre incolore, mais fabriquées par moulage. Ces assemblages sont banals, en Méditerranée comme dans des régions plus septentrionales. La matière vitreuse utilisée pour souffler ou mouler ces verreries se caractérise par des teneurs basses en calcium, en aluminium et en fer et un pourcentage souvent élevé de soude. L'antimoine est le colorant utilisé. De nombreux travaux d'analyses ont été consacrés à cette catégorie de verre, mais on ne sait encore si elle doit être considérée comme appartenant à un seul groupe chimique ayant une origine unique . Quoi qu'il en soit, cette ou ces origines ne sont pas identifiées et plusieurs hypothèses de provenance ont été proposées. Les assiettes soufflées et les unguentaria, particulièrement nombreux au II e siècle, semblent plus rarement fabriqués dans cette matière. En revanche, les bols et les coupes décorés de pastilles gravées, bien attestés dans les contextes du III e siècle, sont en partie au moins fabriqués dans cette matière vitreuse incolore ; malgré de nombreuses différences dans les profils des bords (à lèvre arrondie ou coupée), des fonds (plats ou sur pied annulaire) et des motifs gravés, ils forment aussi une famille de verreries largement distribuée dans tout l'Empire.
Mémoire de maîtrise, Université de Montréal, 2005
In this thesis we examine a collection of glass bottles recovered during archaeological excavations at the Château de Vaudreuil, a building that stood, in the 18th century, at the present location of Place Jacques-Cartier, in Montreal. The analysis of this artifact assemblage constitutes the basis of a study that addresses, on the one hand, the bottles themselves and, on the other, the wider perspective of alcohol consumption by the inhabitants of the Château. The occupation of the residence is distinguished between the French and British regimes. During the first epoch, members of the colony’s political elite occupied the Château. Afier the British conquest the building was purchased by the Fabrique de Montréal in order to house the Montreal Petit Séminaire administered by the Sulpicians: the Saint-Raphaël College. At a time in which glass bottles were relatively uncommon, their substantial presence within the building may reflect specific social practices. The analysis of the archaeological assemblage rests upon major trends regarding glassware traditions. Moreover, the examination of both the synchronic and diachronic distributions of the bottle fragments provides information on the role that they played within the Château de Vaudreuil throughout the different periods recognized archaeologically. The archaeological analysis is informed by the general notion of consumption in order to enlighten the consumption practices of the estate’s tenants. This theoretical concept, which provides the framework for this research, is divided into three components: the market, the object, and the consumer. All three are considered from both archaeological and historical viewpoints. Finally, this research intends to investigate alcohol consumption at the Château while emphasizing two points: the pattems of alcohol supply in Montreal during the 18th century, as weIl as the inhabitants themselves and their relationship with alcohol during the different epochs. Ce mémoire porte sur la collection de bouteilles de verre retrouvée lors des fouilles archéologiques menées au château de Vaudreuil. Ce bâtiment se tenait, au XVIIIe siècle, à l’emplacement de l’actuelle place Jacques-Cartier à Montréal. L’analyse de cet assemblage d’artefacts devient le point de départ d’une étude concernant, d’une part, les bouteilles de verre et, dans un cadre plus large, la consommation d’alcool associée aux occupants du château de Vaudreuil. L'occupation du château de Vaudreuil se divise en deux époques distinctes selon les Régimes français et anglais. Au cours de la première époque, des membres de l’élite politique coloniale résident au château. Après la Conquête, le bâtiment est acheté par la Fabrique de Montréal en vue de loger le Petit séminaire de Montréal tenu par les Pères du Saint-Sulpice: le collège Saint-Raphaël. À une époque où les bouteilles de verre sont relativement anecdotiques, la présence de ces contenants au sein du bâtiment doit dissimuler une pratique sociale particulière. L’analyse de la collection archéologique insiste sur les grandes tendances quant aux traditions verrières desquelles les bouteilles sont issues. De plus, l’étude de la distribution synchronique et diachronique des fragments de bouteilles permet de nous informer sur la place qu’elles occupaient à l’intérieur du château de Vaudreuil selon les périodes représentées archéologiquement. L’analyse archéologique est intégrée au concept de consommation en vue de documenter les pratiques consommatoires des habitants du château de Vaudreuil. Ce concept théorique agit en tant que fil conducteur au cours de cette étude et se divise selon trois éléments : le marché, l’objet et le consommateur. Ces trois éléments sont étudiés à partir de données archéologiques et historiques. Enfin, cette étude vise à documenter la consommation d’alcool au château de Vaudreuil en insistant sur deux points: d’abord sur les schèmes d’approvisionnement de l’alcool à Montréal au XVIIIe siècle, puis sur les occupants du château de Vaudreuil et leur relation à l’alcool, selon l’époque.
journals.hil.unb.ca
The study of the importation of wine to Canada in the eighteenth century taps a rich vein of the history of the economy, and of consumption and cultural practices in the French colony. The trade in wine in New France was dependent on the particular tastes prevalent in France at the time. Accounts from this period as well as ships' manifests show that these tastes spread to New France. Red wine has always been very popular, while fortified wines have been a favourite among imports since the second quarter of the eighteenth century. The clientele for wines and fortified wines imported to the colony was made up primarily of the elite, both ecclesiastical and secular. Drinking wine was thus a concrete expression of the social hierarchy, being the outward sign of a high standard of living and a desire for refinement. In New France, wine consumption assumed added importance as the upholding of this cultural tradition assured continued identification with France. L'étude de l'importation de vins au Canada au XVIII e siècle constitue une riche voie d'accès vers l'histoire économique et vers l'histoire de la consommation et des pratiques culturelles de la colonie française. La circulation des vins en Nouvelle-France était conditionnée par les goûts particuliers qui prévalaient en France à l'époque. Les témoignages des contemporains et les inventaires de cargaisons démontrent que la diffusion de ces goûts s'étendait jusqu'en Nouvelle-France. Le vin rouge a toujours été très populaire tandis que les vins de liqueur ont occupé une place de choix dans les importations dès le deuxième quart du XVIII e siècle. La clientèle pour les vins et vins de liqueur importés dans la colonie se composait principalement de gens de l'élite, tant ecclésiastique que laïque. Boire du vin permettait donc d'exprimer concrètement la hiérarchie sociale, étant le signe extérieur d'un niveau de vie élevé et d'une volonté de raffinement. En Nouvelle-France, la consommation du vin revêtait une importance supplémentaire puisque le maintien de cette tradition culturelle assurait une continuité identitaire avec la France.
Le verre et le vin de la cave à la table du XVIIe siècle à nos jours, 2007
Ma foi, c'est assez travaillé pour un coup. Prenons un peu d'haleine. Voilà du bois qui est salé comme tous les diables. Qu'ils sont doux, Bouteille jolie, Qu'ils sont doux Vos petits glouglou ! Mais mon sort ferait bien des jaloux, Si vous étiez toujours remplie. Ah! Bouteille, ma mie, Pourquoi vous videz-vous? Allons, morbleu! Il ne faut point engendrer de mélancolie. » 1 C'est à la scène V du Médecin malgré lui qu'entre sur scène Sganarelle, chantant et tenant une bouteille à la main. Il offrait ainsi à Molière tout le potentiel comique du valet aviné, protégeant sa chère bouteille comme Harpagon son trésor. Pourtant, au XVII e siècle, la référence à la bouteille n'est guère fréquente, bien que le vin s'invite, quant à lui, régulièrement sur scène. Si l'on trouve quelques allusions dans la littérature, chez La Fontaine par exemple, la bouteille est quasiment absente de l'oeuvre de Corneille, et chez Racine, c'est sous forme de « quartaut » que le plaideur offre du vin de muscat 2 .