Simon Schwarzfuchs, “Juifs en France, Juifs de France,” Archuves Juives, vol. 55, no. 1 (2022): 18-34 (original) (raw)

L'histoire des Juifs en France est une discipline récente, même en France. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, les écoles juives sont très rares en France : deux à Paris, une primaire et une secondaire dans sa banlieue, à Boulogne, sans compter le cas particulier de l'École normale israélite orientale (ENIO) de l'Alliance israélite universelle (AIU), à Paris. L'enseignement juif y est dispensé dans les Talmoudei Torah, qui rassemblent les intéressés le jeudi et le dimanche matin. En Alsace et en Lorraine, le Concordat aidant, ces cours d'instruction religieuse se déroulent souvent dans les locaux de l'école primaire locale, dont les clés sont confiées pour leur durée au ministre officiant de la communauté juive qui est généralement chargé de cet enseignement. Ailleurs, il est donné dans les locaux de la synagogue. Dans les départements concordataires, un horaire particulier est prévu pour cette matière d'enseignement. Leurs fidèles se regroupent alors dans des classes spéciales selon le culte dont ils relèvent. L'enseignement est alors assuré par les ministres du culte, par le rabbin ou le ministre officiant pour les Juifs. Il porte sur la lecture de l'hébreu des prières et de la Bible, la pratique religieuse proprement dite et l'histoire juive. Cette histoire juive est essentiellement celle de la période biblique, d'où son intitulé : histoire sainte. De la période postérieure on ne connaissait guère que quelques bribes sur l'exil de Babylone et le souvenir de certaines persécutions, la chute du deuxième Temple et les débuts du christianisme. S'y ajoutaient des notions élémentaires sur l'apparition et le développement de la littérature talmudique et rabbinique. Cette histoire ne s'intéresse guère aux événements ultérieurs, ni à ce qui s'est passé dans les communautés voisines. Ancienneté de la présence juive en France Dans cette histoire, la Golah, l'exil, constitue un fait regrettable, qu'il faut accepter comme tel. La Palestine s'était alors pratiquement vidée de sa population juive au profit des pays de la Diaspora. La majorité s'était tournée 18-Dossier : Écrire l'histoire des Juifs en France depuis les années 1950