Belvédère-Campomoro – Capu di Lugu. Fouille programmée (2014) (original) (raw)
2016 - Aculontra (Gavignano, 2B) - Rapport de fouille programmée
Le site d’Aculontra occupe le sommet et le versant sud-ouest d’une éminence rocheuse de forme pyramidale, culminant à 259 m, en rive droite du Golu, à 1 km en amont de sa confluence avec la Casaluna. Il s’agit d’un relief schisteux dont le sous-sol est particulièrement riche en fer, fortement diaclasé, dont se détachent des blocs naturellement parallélépipédiques. Les parties basses sont recouvertes par des alluvions d’origine fluviale issues des flancs schisteux de la Castagniccia occidentale, du bassin granitique du Golu et des zones calcaires de la formation de Caporalinu. Sa première mention remonte à 1909 lorsque les différents aménagements sont reconnus, décrits et publiés par l’ethnologue britannique W. L . H. Duckworth. Ces structures sont alors qualifiées de cyclopéennes et comparées aux nuraghi sardes. Durant les années 1970, le site est redécouvert conjointement par J. Magdeleine, J.-C. Ottaviani, R. Grosjean et J. Liégeois. Ces derniers y auraient découvert une statue-menhir et pratiqué un sondage en 1974, non poursuivi par la suite en raison du décès de R. Grosjean. Des relevés partiels sont réalisés à cette époque par J. Magdeleine, qui souligne l’originalité des constructions, l’absence de mobiliers superficiels, la présence d’une tour médiévale sur le sommet et la proximité de l’habitat de Rusumini. Il faut attendre le début des années 2000 pour que le site fasse à nouveau l’objet de relevés préliminaires, dressés par S. Mazet dans le cadre de sa thèse de doctorat. La réalisation d’un sondage et d’un bilan documentaire sur les constructions en élévation en 2016 à Aculontra résulte d’un intérêt nouveau pour la Protohistoire du nord-est de la Corse, territoire scientifiquement peu investi, surtout matérialisé par les travaux en cours dans la Grotta Laninca (cavité suspendue abritant des inhumations datées du début du Bronze final), située à 4 km à vol d’oiseau. Elle s’intègre aussi dans une réflexion d’ensemble sur l’évolution des formes insulaires de l’habitat et des sphères de production aux âges du Bronze et du Fer. L’opération a consisté à décrire la tour sommitale et six à sept constructions rectangulaires groupées sur un même flanc scalariforme. Ces édifices présentent une constante architecturale : appareil cyclopéen à un seul parement, blocs parallélépipédiques, assises irrégulières, plan rectangulaire, chainages d’angle, implantation directement sur le substrat (sur surface plane obtenue après utilisation comme carrière pour fournir du matériau à la construction située en-dessous), accès unique parfois matérialisé par un seuil. Seul le mur oriental de la structure 1, la plus proche du sommet, présente un large mur à double parement et blocage. Le donjon sommital présente quant à lui un glacis, un parement de petits moellons non équarris liés à la chaux et organisés en assises régulières, soit des normes assez classiques pour ce type de construction dans le nord de l’île aux XIIe/XIVe siècles apr. J.-C. A l’exception de quelques rares tessons de céramique majolique archaïque (datée de 1350-1500 apr. J.-C.) et autres nodules de pisé, le mobilier superficiel fait défaut. En l’état de la documentation, le caractère atypique des constructions rectangulaires gênait considérablement leur interprétation chrono-fonctionnelle. Il a donc été décidé de procéder à un sondage dans l’une d’entre elles. La structure 2, longue de 850 cm et large de 480 cm pour des murs épais de 90 à 100 cm, a été privilégiée car elle semblait avoir subi une érosion minime et offrait un remplissage potentiel optimal grâce à une élévation murale maximale de plus de 3 m, la plus haute enregistrée sur le site. La fouille a concerné la moitié nord-ouest de sa superficie interne, incluant la zone d’accès. Elle a montré un remplissage constitué de trois horizons sédimentaires principaux en lien avec les murs et un sol de circulation. Le premier horizon est constitué d’apports détritiques colluviaux récents, incluant des clous en fer provenant vraisemblablement de la tour située à quelques mètres au-dessus. Le second est constitué de l’effondrement des murs, notamment du mur sud-ouest. Cette destruction est posée sur un sol de circulation horizontal scellé par une nappe de charbons de bois correspondant à un niveau d’incendie ou à une importante vidange. Ce sol constitue le sommet d’un remblai emboité contre la fondation des murs. Ceux-ci sont implantés directement sur un substrat irrégulier. Aucun mobilier non intrusif ou non postérieur à la destruction n’a été observé dans cette séquence, ne permettant pas d’envisager des interprétations fonctionnelles pour cette structure ni, par extension (renforcée par l’homogénéité des structures), pour les autres édifices rectangulaires. Il a en revanche été possible de dater le niveau charbonneux et donc de fournir un TAQ au fonctionnement du sol associé et ce, d’autant plus que l’effondrement des murs semble avoir succédé de peu à l’abandon puisque les apports détritiques latéraux sont particulièrement minces entre les deux évènements stratigraphiques. La datation obtenue renvoie à la première moitié du XVe siècle apr. J.-C. (Wk44093 : 475 BP ± 20 BP, soit 1410-1450 cal. BC à 2 σ). Partant du principe d’homogénéité, on émet l’hypothèse d’une chronologie généralisée des structures rectangulaires du site à la fin du Moyen Âge, selon un fonctionnement indéterminé mais contemporain ou légèrement postérieur à celui de la tour sommitale. L’insertion de ce site original et absent des registres de taille dans le schéma d’occupation médiévale de la pieve de Rostino reste à produire. S’il s’agit d’un habitat lié à une micro-fortification, ses caractères atypiques (architecture cyclopéenne, absence de mobilier) le rendent tout à fait original dans une région pour laquelle les villages de cette époque sont connus de façon très satisfaisante .
Au large de Ersa – Épave Ouest-Giraglia 2. Fouille programmée (2011)
ADLFI. Archéologie de la France - Informations. une revue Gallia, 2019
NOTE DE L'ÉDITEUR Organisme porteur de l'opération : Drassm La seconde campagne de fouille programmée pluriannuelle sur l'épave à dolia Ouest-Giraglia 2 (EA 1169), située par 34 m de profondeur à l'extrémité du Cap Corse, a été conduite par une équipe pluridisciplinaire de 18 personnes associant des archéologues professionnels à des plongeurs bénévoles expérimentés et des professionnels de la plongée. La campagne 2011 a été menée à partir du navire Brezehan command. par B. Corbasson, avec le support du semi-rigide Tounga du Drassm.