La rentabilité des entreprises sous protection judiciaire (original) (raw)
2012, Revue des Sciences de Gestion
L ’éclatement de la bulle immobilière en juillet 2007 (moment auquel American Home Mortgage a été déclarée en cessation de paiement) a engendré une chute sensible des cours des principaux indices boursiers, poussant un nombre important d’entreprises à la mise sous concordat judiciaire. Certaines de ces entités ont néanmoins conservé leur cotation en la transférant sur un autre marché, l’OTC (Over The Counter)1. Ce système de transfert de marché est spécifique aux États-Unis : dans les pays européens, il y a suspension de cotation lorsque l’entreprise est mise sous concordat judiciaire. Le transfert permet donc d’avoir une évaluation boursière de l’entreprise en fonction des décisions prises par l’entreprise en situation de difficultés majeures. Cet article se propose d’analyser le comportement du marché autour d’un événement particulier de la vie de ces entreprises, à savoir leur mise sous chapter 7 ou chapter 11 (lois de protection des faillites aux USA). En nous basant sur la méthodologie des études d’événements, nous tenterons d’isoler l’impact de notre événement de référence sur la valorisation boursière des entreprises. Plus précisément, cette technique devrait nous permettre de déterminer dans quelle mesure la mise sous chapter 7 ou chapter 11 a affecté la rentabilité boursière de nos entreprises, même si, de manière intuitive, on peut penser que l’effet négatif sera très prononcé. Le but de cet article est d’apporter des éléments de réponse quant aux problématiques suivantes en appliquant deux variantes de la méthodologie des études d’événements (une paramétrique et une non paramétrique) à une population d’entreprises américaines initialement cotées sur le NYSE (New York Stock Exchange), l’AMEX (American Stock Exchange) ou le NASDAQ (National Association of Securities Dealers Automated Quotations) et ayant connu d’importantes difficultés depuis l’éclatement de la bulle spéculative à la mi-2007. Dans un premier temps, nous analysons la réaction des investisseurs à court terme suite à l’annonce de la mise sous protection judiciaire. Dans un second temps, nous étudions les rentabilités de notre population d’entreprises sur un horizon temporel élargi afin de juger de leur attrait potentiel pour les investisseurs boursiers. D’après nos résultats, nous observons, dans un premier temps, une importante baisse de la rentabilité de ces actifs les jours entourant l’annonce. Dans un second temps, celle-ci tend à s’estomper ; les marchés OTC pouvant alors présenter un réel intérêt pour les investisseurs, parce que ceux-ci estiment que les mesures retenues par l’entreprise vont lui permettre de sortir du concordat ou encore parce que l’entreprise en difficultés est d’une importance majeure pour l’économie nationale et donc qu’elle sera forcément sauvée (too big to fail).