Aesthetic Experience Research Papers - Academia.edu (original) (raw)

S’il est vrai que l’expôt est capable de créer, a priori, les conditions d’un espace discursif, l’exposition, elle aussi, peut définir son propre espace, concret, esthétique, sémiotique. L’unicité de l’expôt et de son exposition implique... more

S’il est vrai que l’expôt est capable de créer, a priori, les conditions d’un espace discursif, l’exposition, elle aussi, peut définir son propre espace, concret, esthétique, sémiotique. L’unicité de l’expôt et de son exposition implique d’être dans un espace et, simultanément, de faire espace. Cela suggère, parfois, l’idée d’une structure immersive, pénétrable, où le spectateur se retrouve enveloppé par un espace esthétique, recréé par l’ « architecture » de l’installation. Mais si, comme il apparait dans certains cas, l’expôt est invisible, alors son exposition se traduit dans la jouissance du lieu d’exposition et dans l’expérience sensorielle du spectateur. Il se produit alors un chevauchement entre oeuvre et espace
qui devient enfin le dispositif (tautologique) de sa mise en monstration. Ainsi, tandis que l’objet se dématérialise, l’espace s’objective. Il s’agit, en ce sens, de s’interroger sur les formes expographiques actuelles, sur le rôle de l’installation dans le processus expérientiel du spectateur et, finalement, sur ce qu’exposer signifie. Pour ce faire, notre intervention étudie trois exemples contemporains qui, en exposant des impulsions invisibles, proposent un terrain de débats autour de ce qu’on peut définir comme « l’invisibilité de l’oeuvre et la matérialité de l’exposition » :
- I Need Some Meaning I Can Memorise (The Invisible Pull), de Ryan Gander, exposée pendant Documenta XIII, à Kassel, en 2012. L’artiste a exposé un courant d’air artificiel au rez-de-chaussée du bâtiment du Fridericianum et, ensuite, dans l’entrée du restaurant de l’édifice.
- Eternit et Imperium, de Luca Vitone, respectivement exposées à la Biennale de Venise (2013) et en une galerie berlinoise (2014). Dans les deux cas, l’artiste a exposé un parfum qui, se répandant dans les espaces d’exposition, a interpellé les spectateurs au sujet de leur expérience perceptive et mémorielle.
- A Conductor, de Rossella Biscotti, réalisée pour Manifesta IX, à Gand, en 2012. L’artiste en récupérant 500 kg de cuivre a construit le système électrique qui a ensuite éclairé l’usine accueillant Manifesta. L’installation de ces oeuvres dans des lieux et des conditions expographiques différentes (manifestations collectives, expositions personnelles, etc.) nous permettra, ainsi, de mettre en lumière l’importance de la nature de l’événement expographique et le rôle des
modalités d’installation d’oeuvres invisibles, dans le processus d’appréhension esthétique du spectateur.