Archaeology of Buildings Research Papers (original) (raw)

Les caves ont été peu envisagées en Belgique par la longue et puissante tradition d'histoire de l'architecture (Van Impe, 2008). L'ouvrage classique d'Oda Van de Castyne, consacré à l'architecture civile urbaine de l'époque moderne, ne... more

Les caves ont été peu envisagées en Belgique par la longue et puissante tradition d'histoire de l'architecture (Van Impe, 2008). L'ouvrage classique d'Oda Van de Castyne, consacré à l'architecture civile urbaine de l'époque moderne, ne consacre guère plus que quelques lignes très succinctes sur le sujet : assurant un rôle de fondation, les caves étaient le plus souvent voûtées et pouvaient se développer, en Moyenne Belgique du moins, sur un, deux, voire trois niveaux, accessibles par des entrées situées généralement à front de rue ou depuis la cour intérieure du bâtiment ; leurs fonctions étaient nombreuses : celliers, stockage de marchandises, remises, cuisines, écuries, ateliers ou boutiques, voire logement de personnes indigentes (Van de Castyne, 1934, p. 61, p. 89-90). L'étude d'Herman Baeyens sur la maison bourgeoise en Belgique flamande pour la même époque, préoccupée surtout par les plans et les styles décoratifs en façade, ne souffle mot sur le sujet (Bayens, 1950). Il y a peu encore, l'architecte et historien de l'architecture Victor-Gaston Martiny dressait une riche synthèse sur la maison à Bruxelles en évoquant à peine la question des caves et des sous-sols (Martiny, 1991). Un constat similaire peut être posé sur une étude récente de la production architecturale dans le duché de Brabant du XIII e au XVI e siècle (De Jonge, Geleyns, Hörsch, 2009). Enfin, l'ouvrage consacré aux maisons de la Grand-Place de Bruxelles fait quelque peu figure d'exception puisque les caves y sont abordées succinctement dans une volonté de démontrer l'existence de noyaux anciens préservés et intégrés dans de nouvelles bâtisses lors de l'importante phase de reconstruction de la ville qui suivit le bombardement français de 1695 (Hennaut, 2011, p. 74-76). Cette étude propose également une approche typologique sommaire de ces espaces souterrains ainsi qu'une approche de quelques modes constructifs et des matériaux utilisés. En milieu rural, l'imposante synthèse sur la maison paysanne wallonne rédigée par Luc Francis Génicot et son équipe reste la référence en matière d'habitat vernaculaire . Si les auteurs développent peu la construction, la typologie et la datation des caves, ils s'attardent néanmoins sur la fonction de ces espaces, notamment pour la conservation des aliments qui ne craignent pas trop ni la fraicheur ni l'humidité et qui se gardent (mieux) à l'abri de la lumière (Génicot et al. 1996, p. 305-306). Outre les denrées généralement mentionnées, les auteurs évoquent le stockage des produits laitiers comme le lait et le fromage. Ils signalent encore la présence dans certains cas de bac en pierre étanche servant de saloir. En fonction du statut social des propriétaires des lieux, ces espaces pourront être plus ou moins développés : allant d'une simple pièce à un réseau complexe pouvant accueillir différents équipements (caveaux, chambres froides, logettes, puits et fours à partir du XVIII e siècle). Concernant la construction même de ces espaces, ils apparaissent généralement enterrés ou surhaussent légèrement le rez-de-chaussée. Les matériaux mis en oeuvre pour les couvrements oscillent entre la brique et la pierre en fonction des régions. Des planchers sont relevés à certains endroits, notamment en Famenne. C'est sans grande surprise l'essor de l'archéologie médiévale qui va renouveler progressivement l'approche de ces espaces, à partir des années 1970-1980 et intensifier dans plusieurs champs disciplinaires (histoire de l'architecture, histoire de la construction, archéologie urbaine) la marque d'intérêt pour ce niveau particulier des bâtiments . Les caves y sont appréhendées soit pour le potentiel archéologique que conservent leurs sous-sols, soit pour elles-mêmes (Yegles-Becker,