Artificial Induce Breeding Research Papers (original) (raw)

En raison de l’extrême rareté et précarité de l’espèce, la population de chevalier cuivré (Moxostoma hubbsi), une espèce menacée vivant uniquement au Québec, est soutenue par la reproduction artificielle depuis 2004 dans le but de... more

En raison de l’extrême rareté et précarité de l’espèce, la population de chevalier cuivré (Moxostoma hubbsi), une espèce menacée vivant uniquement au Québec, est soutenue par la reproduction artificielle depuis 2004 dans le but de reconstituer le stock reproducteur. Parallèlement, un suivi du recrutement des jeunes chevaliers de l’année est effectué dans la rivière Richelieu depuis 1997. Cet échantillonnage est retenu comme un indice de performance des mesures de conservation et de soutien à la population. Les activités de reproduction artificielle se sont déroulées du 3 au 26 juin 2013 au lieu historique national du Canal-de-Saint-Ours, plus précisément à la passe migratoire Vianney-Legendre. Au total, 25 chevaliers cuivrés (12 femelles et 13 mâles) ont été manipulés en 2013. Parmi ceux-ci, quatre (16 %) étaient des recaptures (trois femelles et un mâle). Le développement des techniques de cryopréservation de la laitance s’est poursuivi et, en 2013, un système d’incubateurs a été aménagé sur place afin de suivre à plus long terme le développement embryonnaire et larvaire, notamment lors des tests de fécondation avec de la laitance cryopréservée. En 2013, 74 familles ont été produites, dont 8 sont issues d’échantillons de laitance cryopréservée de géniteurs manipulés en 2012. Les conditions hydrologiques et météorologiques n’étaient pas optimales en 2013 et ont contribué à compliquer les activités non seulement de capture des géniteurs, mais aussi en ralentissant la maturation des gonades. Par rapport à l’année précédente, les processus de maturation finale des gonades ont été lents en 2013, et ce, tant chez les mâles que chez les femelles. Chez les femelles, cela se traduisait par des frayes partielles plus fréquentes et des taux de fécondation et d’embryons normaux un peu plus faibles au début de la saison. Chez les mâles, cela se manifestait surtout par une durée de motilité des spermatozoïdes plus faible au début de la saison. La maturation lente des gonades est certainement associée aux basses températures de l’eau de la rivière Richelieu en 2013, qui a d’ailleurs été l’année la plus froide depuis le début des activités. Quelque 480 434 oeufs ont été transportés à la station piscicole de Baldwin-Coaticook pour incubation et élevage. Le 5 juillet, 199 455 larves ont été ensemencées dans la rivière Richelieu, alors que les autres ont été mises dans les 9 étangs de croissance. Cette année, un étang a été réservé aux larves produites par la laitance cryopréservée. La production de chevaliers cuivrés en 2013 a été excellente. Il s’agit de la seconde année en ce qui a trait au nombre de fretins d’automne produits. Quelque 35 416 fretins ont été relâchés dans la rivière Richelieu le 12 septembre. Parmi ceux-ci, environ 3 550 étaient issus de laitance cryopréservée. Sans atteindre les abondances exceptionnelles de 2012, le nombre de jeunes chevaliers de l’année (toutes espèces confondues) capturés lors du suivi du recrutement à l’automne a été très élevé en 2013 (n = 1 411). Comme dans les années antérieures, la rive gauche de la rivière Richelieu ainsi que les herbiers entourant les îles de Jeannotte et aux Cerfs du secteur de Saint-Marc sont les plus productifs. Par rapport aux jeunes de l’année des autres espèces de chevaliers, la proportion des chevaliers cuivrés s’élève à 31 %. La taille (LT) des jeunes chevaliers cuivrés de l’année capturés en 2013 variait de 25,5 à 59 mm (moy. 41,3 mm). Deux chevaliers cuivrés 1 + ont été recensés à l’île de Jeannotte. Ces spécimens, qui mesuraient 150 et 163 mm, ont été remis à l’eau au site de capture. Cette grande abondance de jeunes chevaliers cuivrés de l’année peut difficilement s’expliquer autrement que par la contribution importante des spécimens ensemencés. D’après les motifs de pigmentation observés chez certains individus, la présence de chevaliers cuivrés indigènes est vraisemblable, mais leur origine ne pourra être confirmée que lorsque des analyses génétiques d’assignation parentale seront réalisées. Les résultats de 2013 sont très satisfaisants tant par le nombre de larves et de fretins produits et remis à l’eau que par le nombre de familles produites. Les activités de reproduction artificielle reflètent toujours un faible effectif de géniteurs, puisque les recaptures sont encore fréquentes et les plus grandes classes de taille sont encore les plus représentées. La portée des échantillonnages de suivi de la population de chevalier cuivré permet d’acquérir des connaissances sur la communauté de poissons de la rivière Richelieu. Ces travaux permettent de suivre l’abondance d’autres espèces en situation précaire, comme le fouille-roche gris (Percina copelandi), le dard de sable (Ammocrypta pellucida) et le chevalier de rivière (Moxostoma carinatum), ainsi que la progression d’espèces exotiques et envahissantes comme la tanche (Tinca tinca) et le gobie à taches noires (Neogobius melanostomus), espèce dont la reproduction a été confirmée pour la première fois dans la rivière Richelieu en 2013.