Batiment Research Papers - Academia.edu (original) (raw)
La commune de Koenigsmacker est située à environ 25 km au nord de Metz, le long de la Moselle, au niveau de sa confluence avec la Canner. Le site du Blosberger, rue de Benassay est, quant à lui, localisé au sud du village, au pied des... more
La commune de Koenigsmacker est située à environ 25 km au nord de
Metz, le long de la Moselle, au niveau de sa confluence avec la Canner. Le site du Blosberger, rue de Benassay est, quant à lui, localisé au sud du village, au pied des collines du bois de Koenigsmacker baigné par la Canner. Les parcelles fouillées sont localisées sur une ancienne terrasse de la Moselle, dite « terrasse de Thionville ». Le site archéologique a été découvert en 1993 lors d’une opération de diagnostic déclenchée suite à un projet de lotissement. Le projet d’aménagement a alors été modifié et seules deux zones concernées en marge du site ont fait l’objet de fouilles archéologiques, la première en 1993 et la seconde en 1995.
La fouille réalisée en 2014 et 2015, a permis d’étudier une surface de
20 900 m2. Toutes périodes confondues, 747 structures ont été dégagées, dont 534 ont pu être attribuées aux périodes anciennes.
La période la mieux représentée est le Néolithique ancien avec la découverte de 270 structures rubanées. L’absence de fosses dans la moitié est de la fouille et dans la zone fouillée en 1993 située au sud indique certainement les limites orientales et méridionales de l’occupation rubanée. La faible densité de structures au nord laisse supposer la proximité de la limite septentrionale de cet habitat. En revanche, le site se poursuit vers l’ouest, ce qui est confirmé par la présence des structures mises au jour lors des fouilles de 1995. Etant donné les informations fournies par les trois fouilles
réalisées à Koenigsmacker Blosberger, on peut estimer la surface occupée par le village rubané à environ 2 ha. Même si l’érosion semble avoir largement impacté le terrain, six emplacements de maison ont pu être identifiés. Les autres structures mises au jour sont celles que l’on retrouve habituellement sur les sites d’habitat de cette période : fosses polylobées, fosses latérales des maisons… L’étude du mobilier céramique indique que le site a eu une longue durée d’occupation allant du Rubané ancien (phase 2 régionale) au Rubané final (phase 9).
Le site est de nouveau occupé lors de la Protohistoire, tout d’abord lors du Bronze final III. Les vestiges de cette période présentent plusieurs intérêts notables. La nature domestique de l’occupation ne fait aucun doute en raison de la présence de fosses polylobées, de silos et autres fosses dont le comblement est parfois détritique. Ces divers éléments permettent d’émettre l’hypothèse d’un habitat à vocation sans doute agricole (production céréalière ? élevage ?). La configuration générale de l’occupation évoque le modèle de la ferme isolée ouverte correspondant au schéma d’habitat le plus fréquent à l’âge du Bronze dans les régions de l’Europe tempérée. En outre, la présence d’une sépulture à crémation en limite sud de la fouille de 1993 indique peut-être qu’une zone funéraire (dont l’importance ne peut pas être envisagée ici) se développe au sud des parcelles fouillées. Le cas échéant, celle-ci serait sans doute à associer à l’habitat rural dont nous avons trouvé les traces lors de la fouille de 2014/2015. La période comprenant la fin du Hallstatt et le début de La Tène correspond à la séquence chronologique protohistorique la mieux représentée sur le site du Blosberger, rue de Benassay. Parmi les 64 structures clairement datées, 83% correspondent à des silos. En outre, il est fort probable qu’une
grande majorité des silos non datés soient également à attribuer à cette période. Cette proportion indique sans doute que nous sommes en présence d’un site d’ensilage d’une relative importance. Ce type d’occupation est connu en Lorraine pour cette période du Hallstatt D3 / La Tène A. Par ailleurs, une organisation spatiale de ces silos est perceptible. En effet, les creusements sont implantés selon un alignement relativement net. Il est fort probable que ce fait corresponde à un élément linéaire du paysage ancien non conservé (voie ? limite parcellaire ?). Par ailleurs, on constate la présence de plusieurs types d’activités a priori exercées sur place (exploitation agricole, stockage des céréales, élevage, mouture, tissage, peut-être sidérurgie etc…) qui traduit sans aucun doute la présence à proximité d’une zone d’habitat rural. Les quelques fragments de torchis appartenant vraisemblablement à des bâtiments ainsi que le comblement
détritique de certains silos confortent cette idée. Signalons également, la présence au sud de la fouille de 2014/2015, d’un vaste enclos constitué d’un fossé palissadé lui aussi daté du Hallstatt. Celui-ci avait déjà été repéré sur le terrain fouillé en 1993. Au vu de l’implantation de ces divers segments découverts en 1993, 2014 et 2015, on peut reconstituer un enclos de forme sub-ovalaire délimitant une surface d’environ 6 800 m².
Enfin, la dernière période protohistorique reconnue à Koenigsmacker
Blosberger, rue de Benassay concerne La Tène B/C. Cette phase est
représentée par trois dépôts en silo : un dépôt humain, un dépôt animal
(suidé) et un dépôt particulier associant un homme et un animal (capriné). Ces structures montrent bien qu’une occupation était effective à cette période, bien qu’elle n’ait fourni que très peu de mobilier. Cette carence en mobilier pourrait être interprétée comme une absence d’habitat à proximité immédiate, contrairement à la période précédemment évoquée. On peut alors imaginer que l’habitat du Hallstatt D3 / La Tène A ne dépasserait pas le début de l’époque laténienne, contrairement à la fonction d’ensilage qui, elle, perdurerait. Ainsi, la séquence qui correspond à l’ensevelissement des trois dépôts pourrait correspondre à la phase d’abandon de cette aire d’ensilage.