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Article paru dans la Revue de métaphysique et de morale, N°3, septembre 2017. Abstract : Dans la philosophie la plus contemporaine, essentiellement dominée par la revendication de « réalisme », « l’idéaliste » apparaît, en de multiples... more
Article paru dans la Revue de métaphysique et de morale, N°3, septembre 2017.
Abstract : Dans la philosophie la plus contemporaine, essentiellement dominée par la revendication de « réalisme », « l’idéaliste » apparaît, en de multiples occurrences, comme celui qui, niant la réalité du monde extérieur, se confondrait, dès lors, avec un subjectivisme débridé, qui immanquablement déboucherait sur un relativisme généralisé. Or, aucun philosophe idéaliste n’a jamais soutenu ce type de position. Ce qui ne laisse pas d’étonner. Comment une doctrine, que nul n’a jamais soutenue dans l’histoire de la philosophie, peut-elle faire l’objet d’une telle unanimité dénonciatrice (des Encyclopédistes à certains types de marxisme, de la « Réfutation de l’idéalisme » par Moore au réalisme le plus contemporain) ? A quelles conditions cette figure de l’idéaliste en négateur de monde extérieur a-t-elle pu naître (bien avant que Kant ne revendique le terme), et sur quel terreau philosophique a-t-elle pu prospérer ? C’est l’origine de cette ombre portée sur la signification de l’idéalisme ainsi que sur sa prétendue opposition à son supposé contraire absolu (le réalisme), que je voudrais prendre ici comme objet d’analyse. Suivre l’évolution sémantique du terme « idéalisme » de sa naissance en 1702 aux années 1780 (genèse), me permettra de revenir aux actes conceptuels (structure) qui ont présidé à la création de ce cliché, que l’on pourra, au terme de ces analyses, considérer pour ce qu’il est, à savoir l’un des contresens les plus spectaculaires, mais aussi les plus intéressant, de l’histoire de la philosophie.
In most contemporary philosophy, essentially dominated by realism, the idealist often appears as one who denies the reality of the external world, and is therefore thought of as a subjectivist and/or a relativist. But no idealist philosopher has ever supported such a position. How can a doctrine which no one has ever supported in the history of philosophy be subject to such denunciatory unanimity (from the Encyclopedists to different varieties of Marxism, from the "Refutation of Idealism" by Moore to the most contemporary realism)? Under what conditions could this image of the idealist as denier of the outside world have been born and on what philosophical ground has it been able to prosper?
This is the origin of the shadow cast on both the meaning of idealism and its alleged opposition to its supposed absolute antithesis, realism, which I would like to consider here as an object of analysis.
To follow the semantic evolution of the term idealism from its birth in 1702 to the 1780s (genesis) will allow me to return to the conceptual acts (structure) that presided over the creation of this cliché.
At the end of this analysis we can consider this cliché for what it is, namely one the most spectacular but also the most fascinating misinterpretations in the history of philosophy.