Chretien de Troyes Research Papers (original) (raw)

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Mise en texte et mise en scène de la folie : Tristan et Yvain La fin du XV ème siècle, cette période-parfois douloureuse-de mutations et de transitions, et qu'un historien comme Huitzinga a pu interpréter d'abord en termes de « déclin », puis d' « automne » du Moyen Âge, revenant ainsi sur un jugement critique pour le transformer en interrogation analytique,-cette période d'incontestable métamorphose des mentalités voit surgir dans l'espace de la représentation artistique, qu'elle soit littéraire ou picturale, une construction emblématique : celle de la « nef des fous », stultifera navis, vaisseau symbolique mais inspiré, comme certains l'ont prouvé, d'une pratique bien réelle, vaisseau symbolique transportant à travers l'Europe, le long des fleuves, dans une errance perpétuelle, son équipage de déraison. L'oeuvre de Sébastien Brandt, le tableau de Jérôme Bosch semblent ainsi inscrire, au seuil des Temps Modernes, dans l'humanisme naissant qui paraît vouloir faire de l'homme le centre même de l'univers mental, semblent ainsi inscrire une faille, une interrogation inquiète sur la validité même de l'esprit humain. Michel Foucault a montré, dans les pages brillantes qui ouvrent son Histoire de la folie à l'âge classique, comment cette représentation-qu'il juge d'ailleurs avoir un sens différent selon qu'elle s'inscrit dans l'expression picturale ou dans l'expression verbale, littéraire-, comment cette représentation déterminera certaines oeuvres majeures de la Renaissance, comment la Folie traversera la pensée humaniste, que ce soit chez Erasme, qui en fait le paradoxal « éloge », que ce soit par la voix de Louise Labé qui la met en « débat » avec l'amour, que ce soit, d'une manière indirecte, dans les voyages que met en scène Rabelais, au Quart livre, voyages de Pantagruel et de Panurge qui s'apparentent bien à la navigation parfois désordonnée d'une « nef des fous ». Cette déraison renaissante, qui se donne d'ailleurs bien souvent à lire à travers une construction allégorique, ne doit cependant pas faire oublier que la figure du fou, et, au-delà, la mise en scène et en perspective, de la folie, traversent tout le Moyen Âge, et parfois même dans des représentations beaucoup plus concrètes, beaucoup plus directes. La folie médiévale, si elle est vécue dans une tout autre perspective, et dans une tout autre dimension, n'est pas moins parlante, n'est pas moins révélatrice que la folie humaniste. La représentation du fou, dans certaines oeuvres médiévales, si elle n'échappe pas, dans bien des cas, à une visée moralisatrice, n'en demeure pas moins, parfois, dans certaines de ses 1