Cryptanalysis Research Papers - Academia.edu (original) (raw)

Pour les rabbins des premiers siècles de notre ère, la Torah était parfaite. Rien n'y était superflu, rien n'y était contradictoire. A les en croire, l'Écriture serait un édifice logique dans lequel chaque mot, chaque lettre, refléterait... more

Pour les rabbins des premiers siècles de notre ère, la Torah était parfaite. Rien n'y était superflu, rien n'y était contradictoire. A les en croire, l'Écriture serait un édifice logique dans lequel chaque mot, chaque lettre, refléterait une intention divine déchiffrable à la lumière de l'ensemble. Ont-ils rêvé ce fonctionnement logique ou avons-nous oublié les techniques qui permettaient d'y accéder? Cet article tente de montrer, au moyen de quatre exemples, que l'hypothèse d'une ré/criture logique de la Torah destinée à en fixer l'exégèse allégorique au moyen de codes orthographiques, grammaticaux et sémantiques, ne peut être rejetée sans examen. Dans un article de 1963 intitulé «Les tiqquné sopherim et la critique textuelle de l'Ancien Testament'», Dominique Barthélémy démontra que le texte massorëtique de la Torah avait subi, en plus des corrections de scribes explicitement reconnues par la tradition juive, d'autres corrections dont le judaïsme postérieur n'avait pas gardé le souvenir. L'hypothèse n'était pas nouvelle. Au début du siècle, Abraham Geiger s'en était déjà fait le champion^, mais ses démonstrations, plus intuitives que rigoureuses, n'avaient pas convaincu. L'article de D. Barthélémy ne saurait encourir le même reproche. Loin de se laisser entraîner à des conclusions hasardeuses, il semble plutôt tenté de minimiser sa découvene. Alors que sa démonstration prouve que le correcteur ne s'est pas limité à des interventions ponctuelles, mais a voulu introduire de façon cohé-rente dans la Torah un sens nouveau conforme à l'exégèse qu'ils préconisaient, les conclusions qu'il tire de sa démonstration tendent à ne faire du correcteur qu'un censeur d'abord soucieux d'éliminer de rÉcriturc ce qui pourrait choquer le lecteur ou l'auditeur 1. Suppl. Vêtus Testamencum (congrès de Bonn, 1962), Lcyde, Brill, 1963, p. 285-304; rééd. dans Études d'histoire du texte de l'Ancien Testament, O.B.O. 21, Gôrtingcn, 1978, p. 91-110. 2. Urschri/t und Ubersetzungen der Bibel in ihrer Abhângigkeit von der itmem Entuicklung des Judentums, rééd., Francfon/Main, 1928.