Early Mesolithic Research Papers - Academia.edu (original) (raw)
La session 3 du XXVIIIe congrès préhistorique de France a été organisée en étroite relation avec la commission de l’UISPP – "Le Paléolithique final de l’Eurasie du Nord" – dont nous tenons à remercier très chaleureusement la présidente,... more
La session 3 du XXVIIIe congrès préhistorique de France a été organisée en étroite relation avec la commission de l’UISPP – "Le Paléolithique final de l’Eurasie du Nord" – dont nous tenons à remercier très chaleureusement la présidente, B. Valentin Eriksen, pour cette fructueuse collaboration qui a permis de faciliter les contacts entre les chercheurs de l’Europe occidentale et ceux travaillant dans le domaine de l’Europe septentrionale et centrale. La session 3 a également bénéficié du soutien du projet collectif de recherche sur le « Paléolithique final et le Mésolithique dans le Bassin parisien et ses marges. Habitats, sociétés et environnements » financé par la DRAC Centre-Val de Loire et coordonné par B. Valentin, S. Griselin et L. Mevel qui a permis d’accueillir, dans les meilleures conditions, l’ensemble des orateurs à Amiens.
10 000 BP (11 600 cal. BP), c’est bien évidemment le basculement entre le Dryas récent et le Préboréal, le passage entre le Pléistocène et l’Holocène et, d’un point de vue culturel, c’est plus ou moins la charnière entre le Paléolithique final et le tout début du Méso¬lithique. La transformation des systèmes techniques, économiques, symboliques et par là-même socio¬culturels peut présenter, en effet, un certain décalage chronologique selon les régions géographiques étudiées. L’objectif de cette session était justement d’interroger les différents espaces géographiques de l’Europe du Nord-Ouest et de discuter des différentes formes de la transition à travers des synthèses régio¬nales ou thématiques.
La question du passage entre le Paléolithique final et le Mésolithique sur fond de bouleversements clima¬tiques et environnementaux de grande ampleur a déjà été traitée à de nombreuses reprises, depuis une quarantaine d’années lors de différentes rencontres nationales ou internationales : Nice (1976), Bordeaux (1977), Liège (1985), Oxford (1989), Lublin (1993), Berlin (1995), Amiens (1994), Grenoble (1995),
Nemours (1997), Stockholm (1999), Greifswald (2002), Poznań (2003), Lisbonne (2006), Copenhague (2009), Amersfoort (2012), Schleswig (2013), Les Eyzies-de-Tayac (2010 et 2015), Bordeaux (2013) et Kiel (2015). Le dynamisme des recherches sur cette période reflète l’enrichissement permanent des données au cours des dernières décennies. Dans la session 3 du XXVIIIe congrès préhistorique de France qui s’est tenue à Amiens le 3 juin 2016, nous avons choisi de concentrer notre attention sur l’Europe du Nord plutôt occidentale avec quelques incursions vers l’Europe centrale.
Face aux changements climatiques, hydrologiques et sédimentaires – souvent rapides et brutaux – notre ambition était de détailler région par région la recom¬position des associations végétales et animales et de tenter d’en évaluer l’impact sur les sociétés de chas¬seurs-cueilleurs de la chronozone du Dryas récent à celle du Préboréal. Notre objectif était d’établir un état de nos connaissances le plus actualisé sur les change¬ments intervenus autour du seuil chronologique de 11 600 cal. BP.
La session 3 du Congrès d’Amiens fut également l’occasion de s’interroger sur la pertinence des décou¬pages culturels proposés pour la jonction entre la fin des temps glaciaires et le début de l’interglaciaire holocène (Laborien, Ahrensbourgien, Swidérien, Épi-Laborien, Épi-Ahrensbourgien). La généralisation des approches technologiques tout en précisant beau¬coup les connaissances sur la culture matérielle permet dans bien des cas d’éclairer le contexte économique et parfois social.
Il faut toutefois rappeler que la période située autour de 11 600 cal. BP n’est pas facile à appréhender. Le passage entre le Pléistocène et l’Holocène avec ses profonds changements climatiques et environnemen¬taux n’est pas toujours favorable à la sédimentation et à la préservation des gisements à haute résolution stra¬tigraphique. Les problèmes de " palimpsestes " sont fréquents dans certaines régions et le bilan sédimen¬taire peut être réduit, en particulier pour les gisements situés en position de versant. L’important plateau des datations radiocarbone vers 11 600 cal. BP constitue également un obstacle à une compréhension fine des phénomènes de cette période cruciale.
En dépit de toutes ces difficultés, il a cependant été possible d’esquisser une réflexion collective sur les phénomènes de filiation ou de rupture selon les régions concernées entre les sociétés de chasseurs-cueilleurs de l’ultime fin du Paléolithique et celles du tout début du Mésolithique. Les réponses apportées en fonction des domaines géographiques distincts ont portées sur la France (B. Valentin et M. Biard ; J.-P. Fagnart et P. Coudret ; M. Langlais, N. Naudinot et al. ; T. Ducrocq ; C. Guéret et J. Jacquier), la Grande-Bretagne (N. Barton et A. Roberts ; C. Conneller et al.), la Belgique et les Pays-Bas (P. Combé et M. Niekus), l’Allemagne du Nord (L. Mevel, M.-J. Weber et I.-M. Berg-Hansen ; D. Groβ, C. Pasda et B. Gehlen ; M. Wild et S. Pfeifer), l’Allemagne de l’Ouest (M. Street et al.) et la Pologne (K. Pyzewicz et al.).
À l’issue de cet avant-propos, nous avons une pensée pour notre collègue J. Deeben qui nous a quittés en 2015 à l’âge de 60 ans. Jos devait participer à la session 3 du XXVIIIe congrès préhistorique de
France pour une communication sur les Pays-Bas et la Belgique en collaboration avec P. Crombé et M. Niekus. Chacun appréciait la qualité et la rigueur de son travail, sa grande gentillesse et son humanisme. Les circonstances tragiques n’ont pas permis qu’il soit parmi nous, à Amiens, en ce mois de juin 2016.