Greek symposion Research Papers - Academia.edu (original) (raw)
Le vin occupe dans la Grèce ancienne une place remarquable, dont le rôle va au-delà de la simple consommation. De cela, nous avons des exemples notables dans toute la littérature, depuis les premiers textes. Tandis que dans Homère les... more
Le vin occupe dans la Grèce ancienne une place remarquable, dont le rôle va au-delà de la simple consommation. De cela, nous avons des exemples notables dans toute la littérature, depuis les premiers textes. Tandis que dans Homère les dieux se nourrissent de nectar et ambroisie, les héros prennent de la viande rôtie, du pain et du vin (Od. IX 162). Ulysse emploie le fort vin d'Ismaros pour rendre ivre le Cyclope (345)(346)(347)(348)(349)(350)(351)(352)(353)(354)(355)(356)(357)(358)(359)(360) et, avec le pramnios, Circé prépare la potion qui sert à transformer les compagnons du héros en des cochons (Od. X 234-6). Plus tard, ce sont les poètes lyriques qui chantent les plaisirs du vin et offrent les premières descriptions du développement et de la structure du symposion. Et, à partir du V e siècle av. J.-C., les auteurs comiques nous donnent une grande quantité d'informations sur la façon de boire et de manger des anciens Grecs, avec une richesse de termes pour décrire les caractéristiques du vin quant à la couleur, la saveur, le parfum, la densité, la force et la douceur presque comparable avec le vocabulaire moderne de la dégustation. La consommation du vin a pour les Grecs un caractère nettement social, raison pour laquelle ils ne le conçoivent que mélangé avec de l'eau, pour tempérer ses effets, et bu en compagnie des égaux au milieu d'une agréable conversation. Le cadre approprié est le symposion, une réunion exclusivement masculine d'un fort caractère aristocratique, bien connue grâce aux sources écrites et à l'archéologie. La poésie interprétée dans le banquet, complétée par les témoignages d'autres genres littéraires postérieurs, nous permet de connaître ses principales composantes (participants, objets employés, activités) et exprime à la fois les idéaux du groupe. On y peut ajouter aussi les représentations sur la céramique utilisée pour l'occasion, sur les vases qui étaient employés pour mélanger, verser ou boire le vin, qui, à la façon de miroirs, reflétaient les comportements des participants au banquet. Ceux-ci apparaissent généralement couchés sur des lits, appuyés sur le coude gauche et le bras droit libre, avec une table basse 2 devant. Les jeunes qui, à partir de 18 ans, accompagnaient leurs pères et ne pouvaient encore être traités comme des adultes restaient généralement assis et il ne leur était pas permis de consommer du vin 1 . L'archéologie nous informe sur le cadre matériel, grâce aux salles mêmes de banquet, ou andrones, que les fouilles réalisées en divers endroits de la Grèce ont mises au grand jour, et qui sont facilement identifiables par leurs caractéristiques particulières. Ce sont des chambres carrées de dimensions relativement réduites -entre 4,2 et 6,5 mètres carrés -, qui ont la porte légèrement décentrée, à cause de la disposition des lits. Le premier à droite représentait la position d'honneur et les autres suivaient après, adossés aux murs, jusqu'au dernier, où couchait l'amphitryon, qui était la personne qui assignait les places. Dans une salle petite, normalement le premier lit occupait l'espace entre la porte et le coin, tandis que, de l'autre côté, étaient placés le dernier et le pied du précédent, de manière que, dans une salle de banquet, la porte n'était jamais au centre, mais un peu déplacée vers un côté. Selon la quantité de lits, qui étaient occupés par deux personnes, le nombre de participants était en général de 14, 22 ou 30, au moins à partir de l'époque hellénistique. Dans les époques archaïque et classique, l'assistance à ce type de réunions était moins nombreuse et il semble d'avoir prévalu aussi la règle que nous trouvons chez le romain Varron, selon laquelle le nombre devait rester entre celui des Muses et celui des Grâces, c'est-à-dire entre neuf et trois ; dans le symposium décrit par Platon, on donne le nom de sept participants 2 . L'habitude d'être couchés arriva en Grèce de l'Orient au cours du VII e siècle av. J.-C. À l'époque classique, le fait de célébrer des banquets assis se maintient dans peu de lieux, surtout dans des régions retardées du point de vue culturel, comme l'île de Crète 3 . J. Boardman fait noter que, avant le VII e siècle av. J.-C., dans la période géométrique, il n'y a pas d'évidence dans l'art que les lits soient utilisés dans les repas. D'après W. Burkert, le document pictural le plus ancien est la « Fête dans le jardin d'Assourbanipal », vers la moitié du VII e siècle, et les premiers témoignages en Grèce sont le cratère 1 Von der Mühl, art. cit., p. 484. 3 corinthien d'Eurytos et le fragment 19 PMG d'Alcman, vers 600 av. J.-C. 4 Dans les