History of Horse Riding Research Papers (original) (raw)

Ce mémoire a été réalisé dans l’objectif de répondre à des questions relatives au combat à cheval dans le contexte de la guerre moderne. Pourtant, il ne s’agissait pas d’étudier la stratégie relative à la cavalerie, ni même l’histoire de... more

Ce mémoire a été réalisé dans l’objectif de répondre à des questions relatives au combat à cheval dans le contexte de la guerre moderne. Pourtant, il ne s’agissait pas d’étudier la stratégie relative à la cavalerie, ni même l’histoire de l’équitation, ou encore celle de la charge, bien que tous ces sujets soient connexes. C’est l’histoire du corps à corps dans la guerre moderne, dans les affrontements impliquant des cavaliers et plus particulièrement celle de l’escrime de guerre à cheval qui était au centre de cette étude et plus particulièrement celle de « l’escrime de guerre » à cheval. Bien que le maniement de la baïonnette, de la lance et du sabre à cheval partagent le nom d’« escrime » avec le sport olympique moderne encore pratiqué, l’« escrime de guerre » et l’« escrime civile» sont deux notions bien différentes. Au contraire du sport olympique qu’est l’escrime actuelle, le maniement des armes militaires est défini dans un seul but : être appliqué sur le champ de bataille par les soldats et les officiers dans le but de tuer (ou de blesser suffisamment), lors de combat en période de guerre. C’est cette forme d’escrime, et particulièrement celle pratiquée par la cavalerie, que nous pouvons nommer « escrime de guerre à cheval ». L’étude fut cantonnée à l’armée française, un sujet déjà vaste dont la précision aurait certainement beaucoup perdu, si elle avait été délayée dans la masse des nations européennes du XIXe siècle.
Les questions auxquelles tentait de répondre ce mémoire sont les suivantes :
L’escrime de guerre française à cheval diffère-t-elle vraiment de l’escrime de guerre à pied ? Si oui en quoi, et quelles en sont les spécificités ? Comment s’organise-t-elle, quand apparaît-elle, comment évolue-t-elle et qui sont les acteurs de ces évolutions ? Et enfin : quand et comment disparaît-elle ?
La première partie fut dédiée à la présentation de l’ensemble des caractéristiques du corps à corps à cheval, son contexte, mais aussi les spécificités de l’interaction cavalier/monture. Dans les deux parties suivantes, l’évolution de l’escrime de guerre dans la cavalerie française fut analysée de manière plus chronologique et moins thématique, en commençant par les premières tentatives de création et d’organisation de l’escrime de guerre à cheval, au début du XIXe siècle. Suivirent les différents personnages et organismes qui contribuent à cette création, les premières démarches d’officialisation de la discipline par le ministère, son évolution à travers le XIXe siècle, et enfin son devenir et la place du corps à corps à cheval dans la première Guerre Mondiale, pour arriver enfin à sa quasi-disparition.

Résumé de la première partie :

Des chevaux et des lames

Il est plus difficile d’aborder le corps-à-corps à cheval qu’à pied, la raison en est simple : les rôles de l’infanterie sont mieux définis, et moins pluriels que ceux de la cavalerie, de plus, l’entité fantassin est plus simple à appréhender que l’entité-cavalier. En effet, là où un seul individu, un homme qui plus est, compose le « fantassin », « le cavalier », lui, est une entité double, composée d’un homme et d’un cheval, c’est-à-dire de deux mammifères aux fonctionnements différents mais capables de communiquer à l’aide de l’outil technique nommé équitation.
Là où le fantassin, au corps-à-corps, possède ses propres jambes et est donc relativement libre de ses mouvements, le cavalier, lui, doit compter sur les jambes de son partenaire, qui n’est pas forcément à sa place au milieu d’une mêlée… Les traités d’escrime de guerre à cheval vont donc devoir prendre en compte ces facteurs supplémentaires (ou tout du moins essayer) pour être efficaces dans les différentes situations dans lesquelles le cavalier est amené à combattre : lors du choc (assez rare), de la poursuite où l’application de techniques peut être facilitée par l’absence de résistance, et surtout lors des affrontements d’escarmouche, de « petite guerre », situation privilégiée de mêlée et de corps-à-corps à cheval.
Nous avons également évoqué la diversité des sabres, et l’apparition des lances, qui peuvent influencer la conception des méthodes d’escrime. L’équitation est aussi un paramètre très variable, surtout au cours du XIXe siècle, ce qui explique sans doute sa dissociation de l’escrime, malgré l’idée partagée par l’ensemble des acteurs que ces deux arts sont intimement liés pour le combat à cheval.
Finalement, nous avons décrit les situations qui mènent au corps à corps, les particularités du cavalier dans cette situation, et bien sûr, ses équipements. « Quand » et « où », « par qui » et « avec quoi », il ne reste donc qu’à nous plonger dans le « comment », avec les méthodes d’escrime de guerre elles-mêmes.

Résumé de la deuxième partie :

Le creuset Napoléonien

Bien que les vétérans, les stratèges et les théoriciens de l’art de la guerre aient recommandé dès le XVIIIe siècle un apprentissage sérieux et efficace de l’escrime au sabre à cheval, il fallut attendre les années 1820 pour que la question fasse l’objet d’études sérieuses par le ministère de la Guerre. Pourtant, avant le choix crucial d’une méthode commune à l’ensemble des corps de cavalerie de l’armée française, des tentatives d’enseignement de cette escrime existaient, bien qu’essentiellement dépendantes des volontés et compétences locales ; elles prenaient la forme de traductions de textes germanophones, d’adaptations de l’escrime civile, ou simplement d’enseignements de l’escrime à pied à l’épée en espérant que cela suffise à préparer les cavaliers pour le combat au sabre à cheval. Certains officiers instructeurs, comme Mottin de la Balme, rechignaient même à enseigner l’escrime, estimant que donner cette maîtrise aux soldats reviendrait à les exposer à un risque de violence, de duel entre eux, ou pire, à mettre les officiers en danger.
Mais certains, officiers, écuyers, vétérans de l’armée napoléonienne ou de ses adversaires, essayèrent progressivement, dès le tout début du XIXe siècle, de proposer différentes visions de ce que devait être, selon eux, l’escrime à cheval. Que ce soit par la traduction de l’allemand, l’adaptation de l’escrime à l’épée ou la mise par écrit de pratiques transmises à l’oral, les méthodes se multiplièrent, et avec elles la rivalité, les rivalités et la course pour l’officialisation. Pendant quatorze ans, de 1816 à 1829, le capitaine Alexandre Müller et le général Durfort s’affrontèrent à coup de procès, de publications, de critiques construites ou de diffamations, de coups bas parfois, pour faire reconnaître officiellement leurs théories respectives (finalement fort semblables), jusqu’à la victoire finale de Durfort, et la lente agonie de Müller.
Leurs disputes, impliquant l’ensemble du monde de la cavalerie, participèrent sans doute à un retard de développement de cet art, en comparaison de l’escrime à la lance, adoptée et institutionnalisée en un éclair.
En moins d’un an, cette arme jusqu’alors disparue de la cavalerie française fut réintroduite, avec la création de nouveaux régiments de chevau-légers lanciers. L’Empereur ayant constaté et apprécié l’efficacité des lanciers polonais demanda au colonel des Polonais de sa garde de rédiger une méthode d’escrime à la lance, simple, efficace, et qui fut adaptée et ajoutée au règlement de manœuvres en à peine quelques mois, sans résistance, sans procès, et sans longue rivalité.
Par la suite, ces deux escrimes évoluèrent de concert, toujours alimentées par des tentatives plus individuelles d’amélioration, formant une partie indispensable de l’enseignement du cavalier, et ce jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Résumé de la Troisième partie :

Du manège aux tranchées

Là où la défaite de 1871 eut un impact important sur l’escrime à la baïonnette et sur le corps-à-corps dans l’infanterie, la cavalerie, elle, traversa cette épreuve avec plus de résilience.
Ce fut la lance qui fit tampon, dans les années 1870 comme dans les années 1920 et ce fut elle qui devint obsolète la première. Pourtant, elle perdura, elle aussi, et revint en force au début du XXe siècle.
Comme pour sa cousine de l’infanterie, l’escrime de guerre à cheval fut discutée, évaluée, modifiée et adaptée au gré des conflits extérieurs, et de l’observation des guerres modernes. Son instruction fut débattue, tantôt réduite, tantôt augmentée et des moyens conséquents furent injectés dans sa diffusion au sein des différents régiments.
La cavalerie disposait en effet d’un atout que n’avait pas l’infanterie : si, pour les fantassins, le corps-à-corps n’était qu’une éventualité qui termine la charge, pour les cavaliers, la charge et surtout le choc (physique ou psychologique) était le mode d’action considéré comme « principal », jusqu’en 1914. Or, l’arme blanche est l’outil, et le seul outil, du choc.
L’influence de la culture de la cavalerie et des récits de combats à l’arme blanche dans la culture populaire française est énorme. Dans l’imaginaire français, la cavalerie est éternellement comparée à la gloire des chevauchées napoléoniennes, qui ne se passent jamais du sabre ou de la lance. Un prisme qui a permis de diminuer l’ampleur du choc que fut la Première Guerre mondiale pour la cavalerie française.
Et là où l’escrime à la baïonnette connut un lent déclin avant de disparaître quasi-complètement, le sabre à cheval, lui, survécut aux années 20. Il s’adapte, son escrime se ramasse, les gardes prennent en compte l’évolution technologique, et c’est finalement au cours de la Deuxième Guerre mondiale qu'auront lieu les dernières charges, les derniers engagements au corps-à-corps pour la cavalerie.
Si l’escrime de guerre à cheval a connu un destin différent du corps à corps à pied, c’est sans doute grâce au caractère adaptable et polyvalent de la cavalerie. En s’adaptant à l’évolution des outils et des techniques militaires, elle résista plus longtemps à l’influence du développement matériel de la guerre moderne.