Jadeite Axe Research Papers - Academia.edu (original) (raw)
Val Grana/Tetto Chiapello est un site de hauteur, situé à une trentaine de kilomètres au sud des gîtes de jades des contreforts méridionaux du Mont Viso. Sa position topographique, sur un petit plateau dominant la plaine de quelque 400... more
Val Grana/Tetto Chiapello est un site de hauteur, situé à une trentaine de kilomètres au sud des gîtes de jades des contreforts méridionaux du Mont Viso. Sa position topographique, sur un petit plateau dominant la plaine de quelque 400 m, son altitude proche de 1000 m et l’éloignement des terres à céréales sont tout à fait caractéristiques des sites néolithiques des avant-monts du massif du Mont Viso.
Bien que l’essentiel du mobilier archéologique provienne de formations sédimentaires colluviées ou de prospections de surface, Tetto Chiapello offre une opportunité rare : celle d’approcher un petit groupe néolithique spécialisé dans la production d’ébauches de haches bouchardées, en accès direct aux gîtes d’altitude d’Oncino/Bulè et Porco, exigeant trois ou quatre jours de marche.
La céramique, très fragmentée, a été attribuée à la phase II avancée des Vases à Bouche carrée. Cependant, deux dates radiocarbone AMS peuvent laisser supposer une ou des occupations plus anciennes, pendant le Ve millénaire, bien que la phase principale d’occupation puisse être située pendant la deuxième moitié du Ve millénaire. Quant à l’étude typo-chronologique des ébauches et des lames polies, elle permet de suggérer un terminus ante quem aux environs du 42e siècle av. J.-C. au plus tard.
L’étude macroscopique des ébauches et des lames polies montre que les matières premières exploitées proviennent surtout de la périphérie des gîtes de Bulè et de Porco (situés entre 1700 et 2400 m d’altitude) ; quant aux dépôts secondaires de la vallée du Pô, ils étaient connus, mais peu sollicités, bien que la distance à vol d’oiseau entre Tetto Chiapello et la moraine de Paesana soit nettement plus courte que la montée aux gîtes d’altitude. L’itinéraire détourné utilisé pour chercher les jades du Viso Sud pourrait être expliqué par un contrôle social fort des meilleures sources de matière première par d’autres habitants néolithiques de la haute vallée du Pô, plus proches et plus nombreux que ne l’étaient les gens de Tetto Chiapello.
Sur environ 380 artefacts en jades alpins, un échantillonnage d’une centaine de pièces a été sélectionné pour cette étude préliminaire. Il permet de reconnaître les différentes phases d’une production d’ébauches bouchardées, dépassant largement les besoins de la petite communauté de Tetto Chiapello. Ainsi les 70 ébauches brisées de Tetto Chiapello pourraient correspondre à une production totale d’environ 280 ébauches bouchardées, prêtes à être échangées et polies. Tetto Chiapello est donc un site de production tout à fait modeste et secondaire dans le contexte de la circulation des jades alpins à l’échelle de l’Europe occidentale, d’autant plus que manquent les meilleurs jades (jadéitites fines de Porco et éclogite à grain fin du Bulè) parmi les roches mises en forme.
Le statut du site est enfin discuté. Sa faible surface est insuffisante pour avoir abrité un village permanent ou même un hameau. Tout au plus peut-on imaginer – sans preuves réelles – au moins deux ou trois maisons ou abris. Des arguments contradictoires laissent supposer que Tetto Chiapello n’était pas un établissement permanent, mais plus vraisemblablement un relais estival entre un village éloigné dans la plaine de Cuneo et les gîtes de jades du Mont Viso. Ce rythme épisodique d’occupation pourrait alors expliquer une industrie en silex indigente et la quasi absence de matériel de mouture, à une altitude d’ailleurs peu favorable aux cultures céréalières.
Finalement, l’intérêt majeur de ce site relais à trois ou quatre jours de marche des jades du Viso Sud est de repousser d’autant les limites de l’aire des exploitants en accès direct et de la diffusion des savoir-faire liés à la production des ébauches.
SMP culture: the site of « Tetto Chiapello » at Valgrana
Abstract
Val Grana/Tetto Chiapello is a high-altitude site, situated around 30 kilometres to the south of the outcrops of jades on the southern slopes of Mont Viso. Its topographical position on a small plateau dominating a plain around 400 m across, its altitude of nearly 1000 metres above sea level, and its distance from areas of cereal cultivation are all characteristic features of the Neolithic sites of the foothills of the Mont Viso massif.
Even though most of the archaeological assemblage derives from colluvial sediments or from surface collection, Tetto Chiapello offers a rare opportunity to study a small Neolithic group that specialised in the production of hammered axehead roughouts in a location with direct access to the high-altitude outcrops of Oncino/Bulè and Porco, three to four days’ walk away.
The pottery, which is very fragmented, has been attributed to a late part of Phase II of the Square-Mouthed Pottery culture. However, two AMS radiocarbon dates have raised the pottery that there may have been one or more earlier period of occupation during the 5th millennium BC, even though the principal occupation phase probably lies within the second half of that millennium. The typochronological study of the roughouts and of the polished axeheads allows us to suggest a terminus ante quem around the 42nd century BC at the latest.
The macroscopic study of the roughouts and polished axeheads shows that the raw materials mostly originated on the periphery of the outcrops of Bulè and Porco (situated between 1700 and 2400 metres above sea level). Secondary deposits were known in the Po valley but were not greatly used, even though the distance between Tetto Chiapello and the Paesana moraine as the crow flies is shorter than that between the site and the high-altitude source area. The specific, tortuous itinerary used in seeking the jades of Viso South could be accounted for by the existence of a strong social control over the best sources of raw material, exerted by other Neolithic inhabitants of the high valley of the Po who lived closer to those sources and who were more numerous than the inhabitants of Tetto Chiapello.
Out of around 380 artefacts made of Alpine jades, a sample of around 100 were selected for this preliminary study. It allowed us to recognise the different phases involved in the production of roughouts by the technique of hammering and to realise that many more were being produced than were needed by the small community of Tetto Chiapello. Thus, the 70 broken roughouts could correspond to a total original production of around 280 hammered roughouts, ready to be exchanged and polished. Within the context of the circulation of Alpine jades at the pan-European scale, Tetto Chiapello is a production site that is relatively modest and of secondary importance; moreover, it is one where objects made of the best jades (the fine jadeitites of Porco and the fine-grained eclogite of Bulè) are notable by their absence.
The status of the site is then discussed. Its small surface area is insufficient to have accommodated a permanent village or even a hamlet. One might imagine – albeit with no concrete evidence – the presence of two or three houses or shelters at most. The evidence suggests that Tetto Chiapello had not been a permanent settlement, but instead had most probably been a seasonal staging-post site between a village down on the Cuneo plain and the jade sources on Mont Viso. This episodic rhythm of habitation would account for the poor flint industry and the near-absence of grinding equipment, at an altitude that would in any case not have been favourable for cereal cultivation.
Finally, the main point of interest concerning this staging-post located at three or four days’ walk from the jades of Viso South is that it enlarges the known area within which people with direct access to the sources were exploiting them, and it illustrates the diffusion of the know-how relating to the production of roughouts.