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La philosophie politique se contente habituellement d'élaborer abstraitement des principes généraux qu'elle laisse aux juristes le soin de réaliser dans la forme de normes juridiques particulières. Or, comme l'a bien montré Habermas à la... more

La philosophie politique se contente habituellement d'élaborer abstraitement des principes généraux qu'elle laisse aux juristes le soin de réaliser dans la forme de normes juridiques particulières. Or, comme l'a bien montré Habermas à la suite de Hegel 1 , il existe un décrochage des théories abstraites de la justice par rapport à la réalité institutionnelle et sociale : il ne suffit pas d'élaborer un contenu rationnel abstrait pour qu'il devienne effectif. Sans la médiation du droit, le rationnel politique reste un idéal pauvre en déterminations. Aussi l'interprétation juridique est-elle indispensable pour donner un contenu effectif aux principes normatifs énoncés par les théories de la justice. Mais cette interprétation ne saurait être comprise comme l'acte de réflexion raisonnée et solitaire du juge, mais comme le produit d'une négociation entre des agents institutionnels très différents : juges aux compétences diverses, législateurs, membres de l'exécutif, et nombre d'experts. A travers le prisme des compromis entre institutions, les principes politiques abstraits révèlent leur complexité et se dispersent. 1 Cf. Jürgen Habermas, Droit et démocratie (1992), trad. R. Rochlitz et C. Bouchindhomme, Paris, Gallimard, 1997, p. 71. politique ». La formule est en partie citée par Buisson, dans l'article « Neutralité scolaire », dans Dictionnaire de pédagogie et d'Instruction primaire, op. cit. Sur l'interprétation de la laïcité comme neutralité, cf. Cécile Laborde, « On Republican Toleration » , op. cit., p. 168-171. 4 Jean Rivero, La notion juridique de laïcité, Paris, Dalloz, chronique XXXIII, 1949, p 137. 5 La distinction entre politique ordinaire et politique constitutionnelle est formulée par Bruce Ackerman dans Au nom du peuple, mais elle déjà opérante chez John Rawls qui l'esquisse dans Théorie de la justice ( § 31) et l'explicite dans Libéralisme politique après avoir pris connaissance des textes d'Ackerman. Cf. Bruce Ackerman, Au nom du peuple (1991), trad. 44 La crédibilité d'une présomption (par exemple que le port du voile est a priori un acte de prosélytisme) dérive de la probabilité que « port du voile » et « acte de prosélytisme » coïncide effectivement. Les présomptions sont liées au vraisemblable. Cf. C. Perelman, L. op. cit., Chaïm Perelman, Logique juridique, Paris, Dalloz, 1979, p. 176.