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Mémoire familiale chez des jeunes parents en difficulté : mécanismes de représentation et de narration d’une histoire familiale tourmentée Cadre de la recherche : Certains « jeunes de la rue » ou « jeunes en difficulté » deviennent... more
Mémoire familiale chez des jeunes parents en difficulté : mécanismes de représentation et de narration d’une histoire familiale tourmentée
Cadre de la recherche : Certains « jeunes de la rue » ou « jeunes en difficulté » deviennent parents dans des contextes précaires : consommation de drogue, absence de logement stable et de revenus, en rupture sociale et familiale (Baret et Gilbert, 2015 ; Haley et al., 2006 ; Poirier et al., 1999).
Objectifs : Notre recherche s’est intéressée à comprendre comment les jeunes parents en difficulté élaborent leur héritage et leur mémoire familiale, considérant leur histoire tourmentée (maltraitance, abandon, difficultés parentales).
Méthodologie : Nous avons mené des entretiens semi-directifs auprès de 12 jeunes parents qui fréquentaient un organisme d’aide aux jeunes en difficulté à Montréal (Dans la rue). Notre analyse en profondeur des transcriptions a suivi une méthode inductive à deux niveaux : descriptif et interprétatif (Gilbert, 2009 ; Paillé et Mucchielli, 2008, 2012).
Résultats : L’analyse qualitative a permis de fonder une typologie de la mémoire familiale, appelée « représentation mémorielle de la famille ». Pour chacune des représentations (énigmatique, altérée et trompe-l’œil), nous avons pu inférer trois mécanismes psychiques distincts : la scotomisation, la fixation et la fabulation mémorielles.
Conclusions : Si la mémoire familiale est conscience du passé et négociation avec celui-ci (Muxel, 1996), le récit des jeunes parents que nous avons rencontrés renvoie plutôt à la difficile conscientisation d’un passé, par le biais de différents processus : 1) l’effacement (scotomisation) ; 2) la suspension du temps et la reviviscence (fixation) ; 3) le travestissement (fabulation)
Contribution :Sans sous-estimer les difficultés actuelles et réelles des jeunes parents, il nous semble nécessaire d’explorer leur histoire familiale et sociale dans le cadre de l’intervention. Il s’agirait notamment de leur offrir un espace de parole au sein d’une relation de confiance permettant un travail de mémoire réflexif (Muxel, 1996) et de mentalisation (Tychey, 2001 ; Berthelot et al., 2013).
Assessing family memory with at-risk young parents: representation and narration of a painful family story
Research Framework : "Street youth" or "at-risk youth" become parents in precarious situations: substance abuse and addictions, unstable living conditions (housing instability and low income), and lack of social and family support (Baret and Gilbert, 2015, Haley et al., 2006 Poirier et al., 1999).
Objectives : Our research aimed to understand how at-risk young parents develop their family memory, considering their painful history (child abuse, child abandonment, conflictual family relationships).
Methodology : We conducted semi-structured interviews with 12 young parents, recruited in Montreal, through a community organization helping homeless and at-risk youth (Dans la rue). We analyzed transcripts using a two-level inductive method: descriptive and interpretative (Gilbert, 2009, Paillé and Mucchielli, 2008, 2012).
Results : This qualitative analysis guided us toward a typology of "memory representation of the family". Each representation (enigmatic, defective and "trompe-l'œil") correspond to a distinct psychic mechanism: memorial scotomization, fixation, and fabulation.
Conclusions : Rather than considering family memory as awareness and negotiation of the past (Muxel, 1996), our participant narrations refer to the difficult consciousness of their past. Different processes are involved : 1) erasing (scotomization) ; 2) reminiscence (fixation) ; 3) idealization (fabulation).
Contribution : Without underestimating current distress and material difficulties of those young parents, our research reveals the relevance of assessing family and social history within psychosocial services. The goal would be to support reflective memory work (Muxel, 1996) and mentalization (Tychey, 2001; Berthelot et al., 2013) through therapeutic relationships marked by trust.