Perception and management of the corpse Research Papers (original) (raw)

Animal diabolique, laid et repoussant, animal qui se plaît à punir les orifices de l’homme, particulièrement ceux du plaisir et de la jouissance, le crapaud est une arme sûre des prédicateurs, tant dans la lutte contre des péchés précis... more

Animal diabolique, laid et repoussant, animal qui se plaît à punir les orifices de l’homme, particulièrement ceux du plaisir et de la jouissance, le crapaud est une arme sûre des prédicateurs, tant dans la lutte contre des péchés précis (luxure, avarice, orgueil, mensonge) que dans l’affirmation du mépris du monde et du mépris de soi renvoie à la condamnation traditionnelle de la chair. D’autant que les adversaires du batracien ne sont guère nombreux: la vermine grouillante est spectaculaire, mais trop grégaire et peu identifiable, la biblique grenouille trop mièvre, le serpent trop effilé, trop long (le serpent s’enroule, pénètre, mais n’a pas la lourdeur visqueuse de la tumeur), et d’une connotation peut-être trop large. Punissant les vivants, châtiant dans l’au-delà, le crapaud frappe aussi ce corps étrange, ni présent ni lointain, le cadavre, auquel les tenants du mépris du monde assimile précisément le corps vivant. Métaphore vivante du corps putréfié, il s’en nourrit, voire même en procède. Les prédicateurs ne pouvaient que s’en emparer.