Queenship (Medieval History) Research Papers (original) (raw)

AURELL, M. (dir.), « Aliénor d'Aquitaine en son temps », Aliénor d'Aquitaine, n. 81 hors série de la revue 303, arts, recherches et création, Nantes, 2004, p. 6-17 www.revue303.com ALIÉNOR D'AQUITAINE EN SON TEMPS Il est troublant, pour... more

AURELL, M. (dir.), « Aliénor d'Aquitaine en son temps », Aliénor d'Aquitaine, n. 81 hors série de la revue 303, arts, recherches et création, Nantes, 2004, p. 6-17 www.revue303.com ALIÉNOR D'AQUITAINE EN SON TEMPS Il est troublant, pour l'historien, de retracer la biographie d'un personnage du XIIe siècle. Presque un millénaire nous sépare, en effet, de ces femmes et hommes dont les choix vitaux répondent à une psychologie et à des contraintes sociales que le passage du temps rend quasi méconnaissables. En outre, plus le protagoniste de l'étude est populaire, plus les traits de son visage s'estompent, au cours des siècles, par le fard des opinions formulées à son sujet, trop souvent sans fondement ou du moins sans rigueur d'analyse. Le cas d'Aliénor d'Aquitaine, sans doute la plus connue, aimée ou haïe des reines de France et d'Angleterre, est loin de déroger à cette règle. D'autant moins que, dès son vivant même, elle subit des attaques virulentes d'intellectuels dont les écrits lui taillent sur mesure une véritable légende noire 1 . Les formules à l'emporte-pièce des historiens montrent combien, encore aux XIXe et XXe siècles, cet imaginaire a la vie dure. Augustin Thierry (1795-1874) écrit : « Aliénor est passionnée et vindicative comme une femme du Midi 2 », ce qui en dit long sur le jacobinisme et les stéréotypes régionaux de cet auteur. Dans la même veine, pour Élie Berger, Aliénor est « l'une des femmes les plus méchantes et les plus déconsidérées dont l'histoire nous ait laissé le souvenir » 3 . En 1952, Edmond-René Labande, moins hostile, se plaît à rappeler sa « désinvolture », sa « liberté d'allures » due à la « mollesse et extravagances » du Midi, voire à la présenter sous le jour moins plaisant d'une « véritable louve, avide de pouvoir », « celle dont le coeur fit si souvent troublé, dont l'ambition souleva tant d'orages ». Chemin faisant, ce médiéviste