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Dans l’histoire de la musique populaire occidentale de la deuxième moitié du vingtième siècle, bien que le savoir-faire technique et les infrastructures nécessaires à la production des artefacts culturels constituent un domaine... more

Dans l’histoire de la musique populaire occidentale de la deuxième moitié du vingtième siècle, bien que le savoir-faire technique et les infrastructures nécessaires à la production des artefacts culturels constituent un domaine périphérique pour lequel le fan de base ne conçoit, à priori, que peu d’intérêt, il existe deux lieux mythiques dont le nom est connu, à minima, de tout amateur de rock. Je veux, bien sûr, parler des studios d’Abbey Road, dans lesquels les Beatles ont élaboré leur oeuvre, et du studio de Sun Records, considéré comme « la grotte de
la nativité » (ou la « Mecque » au choix) du Rock ‘n’ Roll pour les séances d’enregistrement d’Elvis Presley réalisées entre juillet 1954 et juillet 1955, séances appelées couramment : Sun Sessions.
Si les séances d’Abbey Road sont remarquablement documentées en témoigne l’ouvrage Recording The Beatles qui, jour après jour, nous permet de suivre, dans leurs moindres détails techniques, toutes les séances des Beatles, il en est tout autrement du travail réalisé au cours des Sun Sessions. Il existe, en effet, un monde entre une institution comme les studios d’Abbey Road, propriétés de la multinationale EMI, institution vénérable et prestigieuse, et une jeune entreprise de taille modeste dans le sud des États-Unis aux prises avec les problèmes quotidiens de gestion d’une « start-up ». Ainsi, hormis Sam Phillips, le
propriétaire du studio, le personnel administratif se réduisait à Marion Kessler, une secrétaire embauchée à mi-temps, son agenda personnel représentant, peu ou prou, le seul document permettant d’élaborer une chronologie « fiable » des évènements.
Ce mémoire a donc pour origine ce constat étonnant : bien que les acteurs ayant participé à cette aventure aient vécu jusqu’à peu et, qu’au cours de leur vie, de nombreuses interviews se soient attachées à retranscrire l’histoire et le déroulement des mythiques séances, il n’existe aucune certitude sur de nombreux points techniques. Une question aussi simple, par exemple, que de connaitre la composition exacte d’un setup type d’une séance d’enregistrement d’Elvis Presley (nombre, spécificités et emplacements des micros, effets utilisés, modus operandi de la chaîne du son) reste encore aujourd’hui sans réponse. Cet état de fait est d’autant plus surprenant, d’ailleurs, que Sam Phillips a réalisé plusieurs interviews pour des magazines professionnels dédiés aux ingénieurs du son. C’est donc à une véritable
« enquête » que nous nous livrerons afin de définir non pas une « vérité », mais de proposer différents scénarios techniquement plausibles suivant les possibilités factuelles qui se dégageront de l’étude des sources. Pour symboliser le flou qui entoure ces séances, le « faux mystère » du slapback, technique de production d’un écho en utilisant deux magnétophones, nous a semblé un exemple probant autour duquel organiser notre mémoire.