Vengeance Research Papers - Academia.edu (original) (raw)
On lit dans l'évangile de Luc : "Il vint à Nazareth, où il avait été élevé, entra, selon sa coutume, le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture. On lui remit le Livre du prophète Isaïe, et déroulant le Livre,... more
On lit dans l'évangile de Luc : "Il vint à Nazareth, où il avait été élevé, entra, selon sa coutume, le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture. On lui remit le Livre du prophète Isaïe, et déroulant le Livre, il trouva le passage où il était écrit : «L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres ; il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de faveur du Seigneur». Il replia le livre, le rendit au servant et s'assit. Tous, dans la synagogue, tenaient les yeux fixés sur lui. Alors, il se mit à leur dire : «Aujourd'hui, s'accomplit à vos oreilles ce passage de l'Écriture». (Lc 4, 16-21). Pour de nombreux chrétiens et pour la majorité de leurs pasteurs, cet épisode «prouve» péremptoirement que, par la lecture sélective qu'il a faite de ce passage du prophète (Is 61, 1-2a), Jésus a voulu signifier la caducité de la conception vétérotestamentaire – surannée et barbare, estiment ses détracteurs – de la «vengeance de Dieu », qui figure, «malheureusement», dans le passage du rouleau d'Isaïe que Jésus lit publiquement. Les plus doctes d'entre eux font remarquer que ce n'est certainement pas un hasard s'il s'est arrêté à la proclamation d' «une année de faveur du Seigneur», omettant ainsi celle du «jour de vengeance», qui la suit immédiatement. Quiconque lira dans son entièreté ce passage d'Isaïe 2 auquel se réfère Jésus constatera que ce «Jour de vengeance» a des conséquences extraordinaires pour les Juifs, à savoir : «consoler tous les affligés», «prêter attention aux affligés de Sion» et leur donner un «diadème au lieu de cendre, de l'huile de joie au lieu d'un vêtement de deuil, un manteau de fête au lieu d'un esprit abattu». 1 Le terme «vengeance» fait problème à nos mentalités modernes, car nous concevons cette notion comme indigne de Dieu. En hébreu, elle est rendue majoritairement par le verbe naqam et le substantif neqamah, qui connotent la «vengeance», mais aussi la «rétribution punitive», le châtiment. Le grec de la Septante rend plusieurs fois ces termes par le verbe ekdikeô et le substantif ekdikèsis, qui ont le sens de «faire ou de rendre justice», «émettre un jugement de condamnation». C'est le cas en Lc 18, 3.7), où Jésus propose l'apologue de la veuve qui harcèle un juge inique pour qu'il lui «rende justice» contre son adversaire. 2 Pour mémoire, voici le texte intégral : «L'esprit du Seigneur L'Éternel est sur moi, car L'Éternel m'a donné l'onction ; il m'a envoyé porter la nouvelle aux pauvres, panser les coeurs meurtris, annoncer aux captifs la libération et aux prisonniers la délivrance, proclamer une année de grâce de la part de L'Éternel, et un jour de vengeance pour notre Dieu, pour consoler tous les affligés, pour faire attention aux affligés de Sion pour leur donner un diadème au lieu de cendre, de l'huile de joie au lieu d'un vêtement de deuil, un manteau de fête au lieu d'un esprit abattu ; et on les appellera térébinthes de justice, plantation de L'Éternel pour se glorifier. Ils rebâtiront les ruines antiques, ils relèveront les restes désolés d'autrefois ; ils restaureront les villes en ruines, les restes désolés des générations passées. Des étrangers se présenteront pour paître vos troupeaux, des immigrants seront vos laboureurs et vos vignerons. Mais vous, vous serez appelés prêtres de L'Éternel, on vous nommera ministres de notre Dieu. Vous vous nourrirez des richesses des nations, vous leur succéderez dans leur gloire. Au lieu de votre honte, vous aurez double part ; au lieu de l'humiliation, les cris de joie seront leur part ; aussi recevront-ils double héritage dans leur pays et auront-ils une joie éternelle. Car moi, L'Éternel, qui aime le droit, qui hais le vol et l'injustice, je leur donnerai fidèlement leur récompense et je conclurai avec eux une alliance éternelle. Leur race sera célèbre parmi les nations, et leur descendance au milieu des peuples ; tous ceux qui les verront les reconnaîtront comme une race que L'Éternel a bénie.» (Is 61, 1-9).