Henri-Fr�d�ric Ellenberger (original) (raw)

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02 novembre 2014

Les diff�rences essentielles entre le syst�me de Jung et celui de Freud peuvent se r�sumer ainsi.
Tout d'abord, leurs fondements philosophiques sont enti�rements diff�rents. La psychologie analytique de Jung, comme la psychanalyse de Freud, est un rejeton tardif du Romantisme, mais la psychanalyse est en m�me temps l'h�riti�re du positivisme, du scientisme et du darwinisme. La psychologie analytique, au contraire, rejette cet h�ritage pour retrouver les sources inalt�r�es du Romantisme psychiatrique et de la philosophie de la nature.
En un second lieu, tandis que Freud se propose d'explorer cette partie du psychisme humain dont les grands �crivains avaient une connaissance intuitive, Jung cherche � aborder objectivement et � annexer � la science un domaine de l'�me interm�diaire entre la religion et la psychologie.

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01 octobre 2015

Janet �tait un homme d'habitudes, �conome et ordonn�; il �tait aussi un collectionneur passionn�. Sa principale collection fut consacr�e � ses malades : plus de 5000 observations, soigneusement �crites de sa main, occupaient toute une pi�ce de son appartement. Une autre pi�ce �tait occup�e par sa vaste biblioth�que, qui comportait une collection unique des oeuvres des anciens magn�tiseurs, mais aussi de nombreux livres qui lui avaient �t� offerts par leurs auteurs. Son herbier, de belle taille, composait une troisi�me collection ; il comportait les plantes que le savant recueillit et classa tout au long de sa vie.

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20 septembre 2015

Hervey a eu le m�rite d'attirer l'attention sur la plasticit� du processus onirique. Mais la technique qu'il avait imagin�e pour ma�triser et diriger consciemment ses propres r�ves s'av�ra si difficile qu'il n'eut que fort peu d'imitateurs.
L'un d'eux fut le psychiatre et po�te hollandais Frederik Van Eeden, qui entreprit, en 1896, d'�tudier ses r�ves gr�ce � une technique voisine de celle de Hervey. Comme Hervey, auquel il se r�f�re, Van Eeden dit qu'il a pris conscience de ses r�ves avant d'�tre � m�me de les diriger � volont�. Il publia d'abord ses observations � travers un roman, La Fianc�e de la nuit, car il h�sitait � assumer la paternit� de ses d�couvertes, en raison de leur caract�re insolite. Il en rendit pourtant compte dans une communication � la Soci�t� de recherche psychique dans laquelle il distinguait diff�rents types de r�ves, entre autres les "r�ves d�moniaques" o� il avait affaire � des �tres non humains, ind�pendants, capables d'agir et de parler. Il fit aussi l'exp�rience de "r�ves lucides" o� il se proposait de rencontrer des morts avec qui il avait �t� li�. Il affirmait aussi avoir pu transmettre un message subliminal � un medium, par l'interm�diaire d'un r�ve lucide. Les exp�riences de Hervey ont peut-�tre bien inspir� le roman de George du Maurier, Peter Ibbetson, grand succ�s des ann�es 1890, o� deux amants qui se trouvent s�par�s d�couvrent un moyen pour se rencontrer chaque nuit dans leurs r�ves, et se mettent � explorer ensemble le monde de leur enfance, celui de leurs anc�tres et celui des si�cles pass�s.

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03 octobre 2015

Janet subit une influence plus personnelle de la part de Jean-Marie Guyau, l'auteur de L'Irreligion de l'avenir, ouvrage qui marqua la pens�e de beaucoup de jeunes intellectuels fran�ais de sa g�n�ration. La vision du monde de Guyau �tait celle d'un homme profond�ment religieux, ne se rattachant � aucune des religions �tablies et n'ayant jamais pu se r�soudre � adopter ni un cr�do religieux ni l'ath�isme.

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08 d�cembre 2014

On a souvent vu dans le Romantisme une r�action culturelle contre les Lumi�res: tandis que l'esprit des Lumi�res soulignait la valeur de la raison et de la soci�t�, le Romantisme avait le culte de l'irrationnel et de l'individuel. Les tendances mystiques qui avaient �t� refoul�es � l'arri�re-plan par les Lumi�res se voyaient � nouveau lib�r�es.

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12 janvier 2015

Darwin lui-m�me avait pris soin de ne pas empi�ter sur le terrain de la philosophie, mais ses disciples estim�rent pouvoir d�duire un syst�me philosophique de ses id�es, en particulier une nouvelle conception de l'�volution et du progr�s. L'�poque des Lumi�res voyait dans le progr�s un cheminement continu de l'esp�ce humaine sous la direction de la raison, visant au bien-�tre et au bonheur de l'humanit� (y compris de ses membres les plus d�sh�rit�s). Les romantiques avaient donn� libre cours � leurs sp�culations sur un processus sous-jacent � la nature, mettant en jeu des forces irrationnelles et inconscientes, mais n'en suivant pas moins une fin rationnelle. or, voici que le darwinisme supposait l'existence d'un progr�s biologique parmi les esp�ces vivantes et d'un progr�s social, voire moral, au sein de l'humanit� par le simple jeu, automatique et m�canique, d'�v�nements fortuits et d'une lutte aveugle et universelle. Les ath�es s'empar�rent de cette id�e et en firent une arme contre la croyance en La Cr�ation et contre la religion elle-m�me; mais, si certains groupes continu�rent, au nom du "fondamentalisme" biblique, � lutter contre le darwinisme, la plupart des th�ologiens eurent t�t fait de concilier l'id�e d'�volution avec la religion. Le botaniste am�ricain Asa Gray (1810-1888), premier partisan fervent de Darwin en Am�rique, fut, semble-t-il, le premier � situer la pens�e �volutionniste dans une "perspective th�iste".

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10 d�cembre 2014

...les symboles deviennent des transformateurs d'�nergie. L'assimilation d'un symbole lib�re une certaine quantit� d'�nergie psychique qui pourra d�s lors �tre utilis�e au niveau conscient. Les rites religieux et magiques comme ceux que les peuples primitifs accomplissent avant la chasse ou la guerre, permettent de mobiliser l'�nergie � des fins pr�cises.

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01 octobre 2015

On dit que la m�re de Pierre �tait une femme d'une grande sagesse, sensible et affectueuse. Pierre lui resta profond�ment attach� et parla toujours d'elle avec une vive affection. Il �tait le premier enfant d'une m�re tr�s jeune ; elle avait 21 ans � sa naissance, tandis que son p�re en avait 45, une g�n�ration de plus.

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03 octobre 2015

Deux autres traits de la personnalit� de Janet m�ritent �galement d'�tre soulign�s. Le premier se rapporte � l'�pisode d�pressif qu'il traversa � l'�ge de 15 ans et correspond � sa tendance � la psychasth�nie qui ne se manifestera gu�re dans ses ann�es de maturit�, mais qui se fit sentir de nouveau dans les derni�res ann�es de sa vie. (...)
Le second trait se rapporte � la crise religieuse par laquelle il passa � l'�ge de 17 ans et qui fut certainement un �v�nement capital. Janet n'aurait peut-�tre pas suivi aussi attentivement le cas de Madeleine pendant plus de vingt ans s'il n'avait pas �t� lui-m�me continuellement pr�occup� de la foi perdue de sa jeunesse.

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02 octobre 2015

Nous poss�dons quelques notes de madame H�l�ne Pichon-Janet sur la vie familiale de Pierre. Ses parents �taient tous deux plut�t r�serrv�s dans l'expression de leurs sentiments, dit-elle, mais ils ne se quitt�rent jamais l'un l'autre, et �taient vraiment ins�parables. Madame Janet accompagnait son mari dans tous ses voyages et il ne pouvait se passer d'elle dans sa vie sociale ni pour r�gler les questions pratiques. Elle ajoute qu'il �tait un p�re affectueux et tendre. Ainsi, bien qu'il f�t extr�mement absorb� par son travail, il trouvait toujours un moment pour faire la lecture � ses enfants apr�s le d�ner.