JUBÉ, subst. masc.A. − Tribune élevée formant une sorte de galerie séparant le chœur de la nef de certaines églises anciennes, à laquelle on accède par deux escaliers latéraux pour y chanter, lire les textes liturgiques (notamment l'épître et l'évangile), faire certaines lectures publiques ou des prédications. Rampe du jubé; prendre place au jubé; jubé qui ferme la nef.Ce chœur est séparé de la nef par un jubé fermé, de la galerie circulaire des tombeaux par un jubé grillé et transparent (Michelet, _Journal,_1834, p. 149):Il est aussi contraire aux bonnes lois de l'harmonie que le chœur soit, à lui seul, plus long que la nef. Un jubé les sépare. Et, comme si ce n'était pas assez de cette barrière, ce chœur orgueilleux s'isole encore par une grille.Michelet, _Chemins Europe,_1874, p. 133.B. −Vieilli.Amener qqn à jubé; venir à jubé. Contraindre quelqu'un à se soumettre, l'amener à merci; se soumettre, venir à la raison par la contrainte. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth. : [ʒybe]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1386-87 « portique surmonté d'une galerie séparant la nef du chœur d'une église » (doc. relatif à la cathédrale de Troyes ds Bibl. Ec. des Chartes, t. 23, 1862, p. 234). B.Ca 1470 venir a jubé « se soumettre » (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, IV, 412, 22). Du lat. eccl. jube (2epers. du sing. de l'impér. de jubere « ordonner »), 1ermot de la formule par laquelle le lecteur, à l'office, demande la bénédiction de celui qui préside : jube, domine, benedicere « veuillez, Monseigneur, (nous) donner la bénédiction » (viiies. Sacramentarium gregorianum ds Blaise Liturg., § 62, note 1); cette demande était, en effet, à l'origine formulée depuis le jubé abritant, entre autres, une tribune servant aux lectures de l'office divin. B par emploi ironique de jube de la même formule liturgique, pour exprimer l'attitude de celui qui en est réduit à prendre des ordres, à se soumettre. Fréq. abs. littér. : 30.