Histoire d'îles (original) (raw)

Le français qui devint roi des anthropophages dans les Marquises

Joseph KABRIS, d’origine bordelaise a été capturé en tant que matelot en 1796. On le jette dans les prisons d'Angleterre. Il obtient la faveur de monter à bord d'un baleinier en partance vers la mer du sud. Ce bâtiment fait naufrage, et se brise sur les côtes de Nuka-hiva, (îles Marquises). Avec un autre matelot, ils nagèrent accrochés à un espar jusqu’à une plage où ils s’écroulèrent de fatigue. A leur réveil, ils crurent d’abord être les victimes d’un cauchemar : des noirs, le visage et le corps peints les entouraient en riant. C’est clair, ils allaient être mangés. Enfermés dans une case, Kabris reçut la visite du roi local, puis d’une jeune femme au crâne rasé qui l’examinèrent longuement. Deux jours plus tard, on le revêtait d’ornements, on chantait, on dansait autour de lui. On fêtait son sacrifice ? Non, son mariage. Avec la fille du roi, celle qui avait le crâne rasé, Valmaïca.

Le roi de Nuka-Hiva quoique mangeur d'hommes, prend son gendre en affection, le tatoue lui-même sur la figure, sur le corps et partout, puis il le nomme grand juge de tout le pays.

En 1804, il s’embarque sur un navire russe en promettant de revenir avec les richesses de la France. Il comptait être reçu par le tsar mais de vaines démarches en faux espoirs, il va traîner misérablement jusqu’en 1917 pour enfin être rapatrié à Calais. Il reprend confiance, s’habille en roi de Nuka-Hiva et est reçu par Louis XVIII mais qui ne s’intéresse en rien à l’avenir des Marquises.

Pour survivre, il se vendra à un cirque ambulant qui exhibera nu « le roi tatoué » qui mourra rapidement de pneumonie… et de tristesse à 42 ans.

Le bon génie de Sainte-Hélène

Au début du XVIème siècle, les navigateurs portugais de passage, à l’aller et au retour des Indes par le Cap de Bonne-Espérance, racontaient qu’ils avaient aperçu à terre une silhouette horrible. Des cheveux hirsutes, une face effrayante, inhumaine. Elle apparaissait un instant derrière un rocher et disparaissait aussitôt, comme apeurée par tout contact avec les navires de passage. Mais en même temps, le monstre déposait à leur intention de la viande fraîche, de l’eau , des fruits, … cela dura des années.

Pour en savoir plus, on captura le monstre qui, en pleurant, raconta son histoire. Matelot puis négociant, Fernao Lopez (c’est son nom) avait fait partie de la colonisation des Indes à Goa sous les ordres du terrible Albuquerque. Pour faciliter les contacts locaux, il s’était converti à l’Islam. Le châtiment avait suivi, brutal : rembarquement au Portugal, nez, oreilles et une main coupés.

En escale à Sainte-Hélène, il s’était enfui, honteux de retrouver Lisbonne en mutilé, objet de risée, forcer de mendier sa vie. Depuis, il continuait à fuir les hommes tout en les aidant. Par pitié, qu’on le laisse dans sa solitude à Sainte-Hélène.

Finalement il accepta de revenir à Lisbonne où il fut reçu par le roi avec sympathie et honneurs. Après avoir reçu l’absolution du Pape à Rome, il n’avait plus qu’un souhait : retourner à Sainte-Hélène pour y finir ses jours et c’est ce qu’il fit.