Le RER toulousain entre en gares (original) (raw)

Publié le 01/09/2003 à 00:00

C'est une petite révolution. Annoncée depuis des années. Elle entre aujourd'hui en fonction et on ne peut que s'en réjouir. À partir de ce lundi 1er septembre, il y aura un train chaque quart d'heure, aux heures de pointe, reliant Toulouse et Colomiers. Et une fréquence d'au moins un train chaque demi-heure aux heures creuses.

C'est la ligne C qui, grâce à l'alliance de la SNCF, de la Région Midi-Pyrénées et du SMTC-Tisséo (le syndicat mixte des transports de l'agglomération toulousaine), propose cette cadence rapprochée entre les gares de Colomiers et Saint-Cyprien-Arènes. La liaison utilise notamment les nouveaux trains de type TER (autorails 72 500 et 73 500 pour la SNCF), qui ressemblent à de véritables mini TGV de banlieue gris et bleu avec le gros logo rouge de la Région. Une ligne qui connecte ainsi directement l'Ouest toulousain sur le réseau de transports urbains toulousains, la station multimodale de Saint-Cyprien permettant d'accéder non seulement à la ligne A du métro (Basso Cambo-Jolimont) mais aussi à plusieurs lignes de bus. Côté Colomiers, la petite gare de Pibrac, et au-delà, celles de L'Isle-Jourdain et Auch, profiteront aussi de cette desserte améliorée .

passage à niveau supprimé et trois nouvelles stations

La suppression du passage à niveau de l'avenue de Lombez, qui a coûté à lui seul quelque 13 M d'euros a permis d'effacer le principal point noir de cette liaison, mettant Colomiers à moins d'un quart d'heure de Saint-Cyprien-Arènes, et jusqu'à seulement 7 minutes en direct. Trois nouvelles stations ont été créées entre Colomiers et Arènes, permettant de desservir de nouveaux secteurs en pleine urbanisation : Ramassiers à Colomiers, Saint-Martin du Touch et TOEC à Toulouse. Avec la gare des Capelles, désormais appelée station Lardenne, cela fait quatre arrêts qui bénéficient désormais d'un train chaque demi-heure à horaire fixe, ce qui est très pratique.

37,6 M d'euros

La liaison cumule en fait l'utilisation de trois types de trains : les Toulouse-Auch (qui vont de Matabiau à la préfecture gersoise), les Toulouse-L'Isle-Jourdain et les Saint-Cyprien-Colomiers. C'est ce cumul qui permet d'atteindre le cadencement à un quart d'heure.

Quarante-huit liaisons ferroviaires quotidiennes sont ainsi ajoutées, dès ce lundi, entre Colomiers et Arènes, constituant le coup d'envoi d'un véritable RER à la toulousaine. Au total, 94 trains circuleront chaque jour ouvrables sur ce trajet.

Une amélioration qui a pu être mise en place grâce à un financement croisé, notamment dans le cadre du contrat de plan Etat-Région: le coût des travaux concernant les infrastructures (lignes et gares) s'élève à 37,6 M d'euros, financés par le SMTC (24 M), le conseil régional (6,5 M), RFF (Réseau français de France, propriétaire des rails, pour 0,8 M), SNCF (0,3 M) et l'État (6 M). La Région finance à 100 % le surcoût des nouvelles liaisons ferroviaires dont il a décidé la mise en place, il prend en charge l'achat ou la rénovation progressive des trains et wagons, participe au financement des travaux de réaménagement des lignes (rénovation des gares, doublement des voies...).

Le SMTC-Tisséo a financé, à hauteur de 7,5 M d'euros (avec subvention de l'État), des aménagements complémentaires tels que des parkings automobiles et bus ou divers cheminements piéton ou cycle pour les gares de Saint-Martin-du-Touch, Ramassiers et Colomiers, ainsi qu'une passerelle pour desservir le quartier des Marots à Colomiers ou un passage piéton à la nouvelle station du TOEC à Toulouse.

En attendant la ligne E Blagnac-Toulouse (probablement en tramway) et des lignes par fer ou bus en site propre (sur voie séparée du reste de la circulation et prioritaire) prévus pour relier d'ici quelques années Muret-Portet, Auterive-Pamiers, L'Union, Saint-Orens ou Tournefeuille à la Ville rose, la ligne C constitue un premier pas vers le réseau de transports urbains qui manque cruellement à l'agglomération toulousaine.

Philippe EMERY


Saint-Martin-du-Touch: une nouvelle ville

- La ligne C Arènes-Colomiers engendre une petite révolution sur son passage. Avec un train toutes les 15 minutes aux heures de pointe, les agences immobilières y ont vu la poule aux oeufs d'or! C'est le cas à Saint-Martin du Touch où les immeubles poussent comme des champignons. Chaque îlot de terre est désormais susceptible de se transformer en lotissement et sur place les chantiers se multiplient autour de la future gare.

Aujourd'hui, camions et pelleteuses se croisent sur les routes encore neuves. Quelques arbres récemment plantés n'apportent pas encore d'ombre et le bruit sourd du marteau-piqueur fait trembler les murs... A quelques mètres de là, la gare SNCF sort tout juste de terre et les ouvriers s'activent pour qu'elle soit prête le jour de l'inauguration, le mercredi 3 septembre.

Au total, ce sont 162 hectares de terrain qui sont aménageables sur cette zone. La mairie de Saint-Martin du Touch a déjà prévu la réalisation d'un groupe scolaire, d'un centre de petite enfance et d'une halte garderie, mais aussi d'une maison de retraite, d'une trentaine de logements sociaux ainsi que des logements privés comportant au rez de chaussée des surfaces commerciales. Une aubaine pour les entreprises installées à proximité qui bénéficie tant de l'impulsion économique du secteur que des avantages de la nouvelle ligne de train.


Colomiers: le temps de la concertation

-Colomiers et sa proche banlieue subissent aussi une petite révolution immobilière. Et la mairie ne laisse pas passer cette opportunité. La ZAC des Ramassiers en est la preuve avec ses 138 hectares de terre à aménager. Mais pour le moment, contrairement à la ZAC de Saint-Martin du Touch, le coin est encore calme. Seules quelques maisons déjà implantées observent depuis un an les ouvriers qui construisent la petite gare. Encore quelques jours et les finitions seront achevées.

Au loin, l'entreprise Airbus pointe le bout de son nez et l'on peut déjà imaginer le parking plein en journée, et les infatigables navettes entre la ZAC et le centre de Colomiers. Mais pour le moment la ville veut se donner le temps de réfléchir à l'aménagement de son territoire et est actuellement en concertation avec la population.

Avec la création de ce nouveau quartier, la mairie de Colomiers espère attirer jusqu'à 3 000 nouveaux habitants d'ici à 2006 grâce aux logements créés. La suite voudrait que ce nouveau quartier soit ensuite petit à petit intégré à la ville par des chemins piétonniers et des pistes cyclables.

Isabelle BUQUET.