L'Œil de l'INA : Catherine Deneuve, Romy Schneider et Anna Magnani, stars des festivals d'antan (original) (raw)

Publié le 20 mai 2023 à 08h00

Catherine Deneuve, Romy Schneider et Anna Magnani, stars des années 1960. Everett Collection / Bridgeman Images/AFP

Interrogées par François Chalais dans l'émission Reflets de Cannes, entre 1960 et 1963_,_ les trois actrices ont évoqué leur rapport à la célébrité. Une séquence d'archives que Madelen vous propose de découvrir ou redécouvrir, quelques jours après l'ouverture du festival cannois.

En montant, cette semaine, à Cannes, les marches du Palais des Festivals, Catherine Deneuve pensait-elle, non sans nostalgie, à ce jour du mois de mai 1962 où elle découvrait pour la première fois, la Croisette ? En ce temps -là, elle n'imaginait sans doute pas qu'en 2023, le destin lui permettrait de demeurer encore et toujours, la star du cinéma français, et de voir Chiara, sa fille, présider le jury.

Voici un peu plus de six décennies, elle avait posé devant les photographes au bras de Roger Vadim, qui venait de la diriger dans Le vice et la vertu. Son parcours se limitait à quelques apparitions dans une demi-douzaine de films, dont Les Parisiennes, mais histoire d'amour oblige, elle était plus présente dans les pages de journaux qu'on n'appelait pas encore people que dans les colonnes réservées aux critiques.

À lire aussi Le sourire de Johnny Depp, la gloire de Michael Douglas et les mots de Catherine Deneuve lancent le Festival de Cannes

Elle affichait alors un mélange de timidité et de pudeur, que l'on perçoit dans l'interview alors accordée à François Chalais dans l'émission Reflets de Cannes et que Madelen vous propose de découvrir ou redécouvrir. En ce temps-là, il n'y avait pas de conférence de presse après chaque projection, et ce rendez-vous en tête à tête sur l'unique chaîne de télévision, était considéré comme un passage obligé. Présents seulement dans La dolce vita, les paparazzi ne se cachaient pas pour immortaliser sur la pellicule des actrices et des acteurs qui n'étaient pas entourés par une équipe de gardes de corps lorsque l'envie leur prenait de traverser une rue pour aller profiter de la plage.

Le rapport à la célébrité est justement le thème de cette séquence d'archives tournées entre 1960 et 1963, où figurent aussi Anna Magnani, Romy Schneider et Brigitte Bardot. «Ma vie ressemble à une prison», déclare BB dans ces confidences qui datent de 1960. Elle est alors mariée à Jacques Charrier, qu'elle a rencontré en lui donnant la réplique dans Babette s'en va t’en guerre. Elle a donné naissance, quelques mois auparavant, à Nicolas, son fils unique. Elle vient d'accepter d'être la tête d'affiche de La vérité, de Clouzot, où elle va vivre une nouvelle histoire d'amour avec Sami Frey.

De son côté, Romy Schneider, vit avec Alain Delon, une idylle qui est entrée dans la légende. Il est à ses côtés en mai 1962 lorsqu'elle se rend à Cannes pour assister à la projection, hors compétition, de Boccace 70. Les photographes les mitraillent, bien entendu, même si le «glamour» de cette édition du festival est surtout marqué par la présence d'un couple naissant , Warren Beatty et Nathalie Wood. Avant de retrouver Sophia Loren sur les marches de l'ancien Palais, Romy Schneider fait un détour par le studio de François Chalais où, dans un français devenu quasi parfait, elle évoque l'évolution de sa carrière.

Anna Magnani, «la tigresse»

Elle confie son mal de vivre et son ennui, lorsqu'elle a décidé de prendre le risque de tourner le dos au personnage de Sissi, à l'origine de sa gloire. Sa famille, et, en particulier Alain Delon, l'a soutenue, mais cela ne l'a pas empêché de vivre des nuits d'insomnie avec une peur au ventre, celle d'être rejetée par les producteurs et les metteurs en scène. En étant le premier à lui faire confiance, Luchino Visconti lui a ouvert la voie à une carrière internationale.

Anna Magnani a déjà franchi ce cap depuis longtemps, lorsqu'en 1963, elle se retrouve face à François Chalais qui ne parvient pas à lui arracher un sourire. Il lui apprend qu'en coulisses, on la surnomme «la tigresse». Consciente que des metteurs en scène tremblent parfois devant ses exigences, elle ne s'en offusque pas, bien au contraire. Celle que l'on appelle aussi «La Magnani» ne se considère pas comme un monstre sacré, mais préfère être vue comme une actrice qui mène sa carrière comme bon lui semble. Ainsi n'a-t-elle pas traversé l'Atlantique lorsqu'en mars 1956, elle est devenue la première italienne à remporter un Oscar pour son interprétation de Serafina Delle Rose dans La rose tatouée.

Jerry Lewis a récupéré le trophée avant de le lui faire parvenir. À un journaliste qui l'interrogeait sur le sentiment qu'elle avait éprouvé en apprenant cette forme de consécration, elle avait simplement répondu : «Magnani est contente.» On peut difficilement faire plus sobre.