L'Œil de l'Ina : le jour où Elizabeth II est devenue reine (original) (raw)
Publié le 10 septembre 2022 à 08h00
Le couronnement d'Elizabeth II, le 2 juin 1953, a été retransmis par les télévisions du monde entier. AFP
La cérémonie du couronnement de la fille aînée de George VI , le 2 juin 1953, a marqué l'histoire de la monarchie britannique. Pour la première fois les télévisions du monde entier, dont la Française, ont retransmis l'événement en direct.
Le 2 juin 1953 est une date historique dans l'histoire de la monarchie britannique mais aussi dans celle de la télévision française. Elizabeth II devint la reine d'Angleterre, selon un rituel respecté depuis 1200 ans.
La cérémonie se déroule en l'abbaye de Westminster en présence de 7500 invités, mais aussi sous les yeux de millions de téléspectateurs. Il s'agit en effet du premier grand événement retransmis en direct en Eurovision. Les images sont bien entendu diffusées en France, commentées par Jacques Sallebert, alors correspondant à Londres de ce qui est encore la RTF. Madelen vous propose de revoir les images d'une cérémonie qui a bouleversé le marché du petit écran.
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Afin de ne pas manquer ce rendez-vous avec l'histoire, les Français achètent des téléviseurs à raison de 5000 par jour. Le nombre de postes dans les foyers passe ainsi , en un peu plus d'une semaine, de 20 000 à 60 000. De plus, celles et ceux qui n'ont pas les moyens de s'en offrir un se ruent devant les vitrines des magasins spécialisés où ils découvrent les images en noir et blanc sur une série de postes placés par d'astucieux commerçants, soucieux d'attirer le client.
« Elle a une autorité stupéfiante pour une enfant »
Winston Churchill évoquant la princesse Elizabeth encore enfant
La nouvelle souveraine a pris conscience de la mission qui l'attendait dès le jeudi 10 décembre 1936. Elle n'a que 10 ans et 8 mois, mais quand elle apprend que George VI, son père, va succéder à Edouard VIII, elle sait qu’elle montera un jour sur le trône. À partir de ce jour-là, elle va apprendre son futur «métier_» avec une force et une rigueur qui ne manquent pas d'impressionner Winston Churchill, alors Premier ministre . «_Elle a une autorité stupéfiante pour une enfant », dit-il à son entourage.
Le 6 février 1952, son père disparaît, terrassé par une crise cardiaque. Elle quitte le Kenya, où elle participait à un safari-photo, et rentre à Londres. À Buckingham Palace, où elle va désormais vivre, on lui demande le nom qu'elle a choisi pour régner. La réponse est immédiate : « le mien, évidemment ! ». Au lendemain des obsèques, elle assure à ses sujets, qu'elle est désormais à leur service. Elle annonce son intention de poursuivre l'œuvre de son père, et de moderniser le pays, en prenant soin toutefois de conserver des traditions ancestrales.
Elle mène alors, en coulisses, un autre combat. Le 20 novembre 1947, elle a épousé Philip Mountbatten. L'usage voudrait que cette union la fasse entrer dans la maison des Mountbatten. Elle s'y refuse. Elle appartient à la famille des Windsor, et s'est juré de respecter le vœu de George V qui avait fondé la Maison de Windsor, avec l'espoir qu'elle règne à jamais sur l'Angleterre. Elle mène un combat diplomatico-administratif qu'elle remporte haut la main.
Le 9 avril 1952 , la future reine signe un décret indiquant qu'elle conservera son nom et qu'il en sera de même pour ses descendants.
Consciente qu'elle va régner sur ce qui est encore un empire, les six mois qui précèdent son couronnement sont essentiellement consacrés à une tournée sur les terres de la Grande-Bretagne, afin de faire la connaissance de ses sujets.
Les dirigeants du monde entier s'interrogent alors. En un temps où la femme se doit de s'occuper, en priorité, de son mari et de ses enfants, quelle attitude va-t-elle adopter ? Jouer les potiches ou demeurer fidèle à la tradition de ses ancêtres en régnant sans gouverner ? La réponse ne tarde guère. Douée d'une santé de fer et d'une force de travail qui lui permet, entre deux cérémonies, d'être à son bureau tôt le matin et tard le soir, elle s'occupe de tout.
Après avoir choisi les menus des prochains repas, elle se plonge dans les rapports des travaux du Parlement, qu'elle lit dans leurs moindres détails. Il lui arrive ainsi, de rabrouer, en privé, des ministres dont elle juge le travail insuffisant. Elle n'oublie pas l'éducation de ses enfants, et, en particulier, du Prince Charles. Elle ne le confie pas à un précepteur, comme le voudrait l'usage, mais l'inscrit à l'école primaire et va le chercher tous les soirs à la sortie. Il est essentiel qu'il sorte de son cocon et découvre, à travers ses petits camarades, ce peuple sur lequel il va désormais régner.
Le couronnement d'Elizabeth II, le 2 juin 1953 sur l'INA
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