Présidentielle : les «petits» candidats à l'assaut des poids lourds (original) (raw)
Publié le 3 avril 2017 à 19h51, mis à jour le 4 avril 2017 à 14h38
De gauche à droite et de haut en bas: Nathalie Arthaud, François Asselineau, Nicolas Dupont-Aignan, Jacques Cheminade, Philippe Poutou et Jean Lassalle. jlmaillard
INFOGRAPHIE - Exclus du débat du 20 mars sur TF1, les concurrents des cinq favoris de la présidentielle comptent bien prendre leur revanche mardi soir sur BFMTV et CNews.
Bienvenue en terre inconnue. La veille de ce débat à onze candidats inédit dans l'histoire de la République, personne ne s'est hasardé à un pronostic. François Fillon a même répondu «Je ne me prépare pas, j'improviserai!» à des journalistes qui l'interrogeaient lundi sur la façon dont il s'entraînait à l'exercice. «C'est sa façon de dire qu'étant donné la personnalité de certains de ceux qui seront sur le plateau, rien n'est prévisible», traduit un proche, qui ajoute: «En fait, ce débat emmerde Fillon, mais il ne peut pas le montrer puisque, quand ils étaient cinq, le 20 mars, il a commencé par se plaindre de l'exclusion des autres candidats, en disant que ça posait une question démocratique!» Un point sur lequel Emmanuel Macron l'avait alors rejoint.
« Les petits candidats, et notamment Nicolas Dupont-Aignan, ont tout intérêt à attaquer François Fillon »
Brice Hortefeux
Le leader d'En marche! a tiré les leçons du débat à cinq pour se préparer à celui à onze. Et il a notamment observé la tactique de Marine Le Pen. «Elle est arrivée avec trois idées et les a martelées», explique-t-on dans son entourage où l'on s'attend à ce qu'Emmanuel Macron soit la cible de toutes les attaques des petits candidats.
Même crainte chez les Républicains où l'on considère que cette confrontation à onze est «dangereuse». «Les petits candidats, et notamment Nicolas Dupont-Aignan, ont tout intérêt à attaquer François Fillon», estime Brice Hortefeux, tout en ajoutant que «c'est aussi pour Fillon l'opportunité d'afficher son calme, son sérieux et sa différence de fond».
Le bon ton pour se faire entendre
Pour tous, l'espace sera réduit dans ce débat, un gros quart d'heure de temps de parole pour chacun. Marine Le Pen compte le mettre à profit pour évoquer certains points de son projet. «Il ne s'agit pas de convaincre ses rivaux mais les Français», anticipe Nicolas Bay, le secrétaire général du Front national. «Ils travaillent pour nous», disent, en coulisses, d'autres cadres du FN pour lesquels tous les candidats de la campagne teintés d'euroscepticisme pourraient pousser une partie de leurs électeurs vers le FN. Le calcul des frontistes est simple: au second tour, une part des électeurs antisystème se tourneront vers Marine Le Pen.
« Le problème, c'est que certains candidats font le show. À onze, ce sera encore plus le spectacle, c'est dur de sortir du lot, de marquer sa différence tout en paraissant sérieux »
Un proche de Benoît Hamon
Dans l'équipe de campagne de Benoît Hamon, on cherche le bon ton pour se faire entendre. Le précédent débat - à cinq - est un mauvais souvenir. Le candidat PS s'était reposé sur ses lauriers, se jugeant lui-même «trop académique». Depuis cette émission, il dévisse sans discontinuer dans les enquêtes d'opinion. «Le problème, c'est que certains candidats font le show. À onze, ce sera encore plus le spectacle, c'est dur de sortir du lot, de marquer sa différence tout en paraissant sérieux», souffle un proche.
L'agenda de l'ancien frondeur PS a été allégé pour qu'il puisse mieux préparer cette échéance et affiner les phrases d'accroche. «La stratégie, c'est très clairement de sortir du cadre, on cherche la bonne formule, celle qui pourra faire tanguer les favoris», explique un fidèle. «C'est vrai qu'à onze, il y aura un effet de curiosité, les candidats moins visibles vont en profiter pour se faire connaître», craint le hamoniste Jérôme Guedj.
L'objectif affiché est d'insister sur «le clivage gauche-droite» face à Emmanuel Macron et, bien sûr, de paraître «plus crédibles» face à Jean-Luc Mélenchon, qui, lui, excelle dans cet exercice. Du côté de La France insoumise, on attend d'ailleurs cette émission avec «sérénité». «Le nombre de candidats est contraignant, mais Jean-Luc Mélenchon surmontera ces petites difficultés», balaie son porte-parole, Alexis Corbière.