L'Œil de l'INA : comment Starmania est devenu un classique (original) (raw)

Publié le 19 novembre 2022 à 09h00, mis à jour le 22 novembre 2022 à 15h00

France Gall au premier plan a beaucoup hésité à participer à l'aventure de Starmania. Elle avait pour principe avec Michel Berger de faire chambre commune mais carrière à part. Bridgeman Images

Plus de 40 ans après sa création, le célèbre opéra rock revient à la Seine Musicale dans la mise en scène de Thomas Jolly. Madelen, la plateforme de l'INA, propose un retour aux origines de ce spectacle imaginé par Michel Berger et Luc Plamondon.

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Michel Berger et Luc Plamondon ne l'imaginaient absolument pas quand, le 11 décembre 1978, ils présentent sur la scène du théâtre de l'Empire, ce qu'ils annoncent comme le premier «opéra rock» de l'histoire du spectacle. Devant les caméras de Jean Louis Cap, Daniel Balavoine, Fabienne Thibault, Diane Dufresne et Claude Dubois, accompagnés par l'orchestre symphonique d'Antenne 2, interprètent des chansons qui vont devenir mythiques. Madelen vous propose de découvrir ou de redécouvrir les premières images d'une aventure qui a débuté quatre ans auparavant.

Découvrez sur Madelen la présentation par Michel Berger et Luc Plamondon de Starmania en 1978 au Théâtre de l'Empire

Au mois de février 1974, en regardant le Journal Télévisé, Michel Berger découvre l'enlèvement de Patricia Hearst, fille de William R. Hearst, le roi de la presse aux États-Unis. Fasciné par cette histoire, il suit son évolution, et ne dissimule pas sa surprise quand il découvre une interview de la jeune femme, où elle déclare approuver les idées politiques des ravisseurs. Elle participe ensuite, à visage découvert, à une attaque de banque. Arrêtée dix -sept mois plus tard, elle est condamnée à 35 ans de prison . Elle sera finalement libérée après sept années de détention, pour bonne conduite.

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Dans les jours qui suivent les premières déclarations de Patricia Hearst, Michel Berger commence à écrire le livret et les chansons d'un spectacle qu'il a choisi d'intituler « Angelina Dumas». Il imagine une adolescente kidnappée par des terroristes, qui prend le parti de ses geôliers et devient leur complice. La réalité de ce syndrome de Stockholm est devenue fiction. Quelques mois plus tard, il termine l'écriture et la composition, et range immédiatement l'ensemble au fond d'un placard fermé à clé. Il n'est pas satisfait de son travail. Il est convaincu qu'il y a quelque chose d'intéressant dans ce projet, mais il n'est pas abouti.

Un soir, France Gall lui fait écouter une chanson qui est en train de devenir un succès. Elle s'intitule «Aujourd'hui, j'ai rencontré l'homme de ma vie». Il est touché par la voix de la jeune interprète, Diane Dufresne. Il est surtout séduit par l'écriture de l'auteur des couplets, un certain Luc Plamondon. Il comprend immédiatement qu'il tient là l'homme capable de l'aider à donner vie à ce projet d'Angelina qui continue à trotter dans un coin de sa tête. Il parvient à trouver son téléphone et l'appelle à Montréal, où il le réveille en pleine nuit. Il n'a pas compris qu'entre Paris et le Québec, il y a un décalage horaire de six heures.

Le courant passe aussitôt. Michel demande à Luc s'il serait intéressé par l'écriture du livret d'un spectacle musical dont il a déjà écrit les bases. Avant même d'écouter les thèmes déjà composés, son interlocuteur donne son feu vert enthousiaste. C'est ainsi que pendant plus de deux ans, sans jamais se rencontrer, les deux hommes vont donner naissance à une histoire rebaptisée «Starmania».

Un disque est enregistré selon des critères définis dès le départ. Michel choisit des interprètes qui sont tous des inconnus, ou presque : Daniel Balavoine, Fabienne Thibault et Nanette Workman . Afin de compléter la distribution, et parce qu'il n'a trouvé personne d'autre, Berger engage deux stars : Diane Dufresne et France Gall . Cette dernière a beaucoup hésité avant d'accepter. Avec son mari, elle a établi une règle : elle fait chambre commune mais carrière à part.

Le succès de l'album dépasse les prévisions les plus optimistes. Michel Berger décide de prendre le risque de le transformer en un spectacle. Le regretté Étienne Chicot et René Joly rejoignent une troupe qui, en avril 1979, s'installe au Palais des Congrès pour 30 représentations. Certains critiques prédisent l'échec de cette aventure. On connaît le refrain : la comédie musicale, en France, ça ne marche pas. Les premiers soirs sont effectivement difficiles, mais, grâce à un bouche-à-oreille enthousiaste, le spectacle affiche rapidement complet. La salle ayant été louée par d'autres productions, les prolongations se révèlent impossibles.

Neuf ans plus tard, Starmania revient au Théâtre de Paris. Berger et Plamondon ont retravaillé l'ensemble. Le premier triomphe d'une longue série. Depuis, l'opéra rock a été joué sans interruption dans une dizaine de pays parmi lesquels le Québec, bien entendu, mais aussi l'Angleterre et la Russie. L'aventure se poursuit aujourd'hui et, sans doute, pour très longtemps encore.

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