Odeurs de compost près de Nantes : les exploitants ont jusqu'au 31 mars pour les faire disparaître (original) (raw)
Publié le 3 février 2023 à 10h00, mis à jour le 3 février 2023 à 10h34
Les riverains mécontents, en décembre, devant le site Terra Ter, à La Chapelle-sur-Erdre. Jean Iemmolo (au centre, avec des lunettes) est le porte-parole du collectif «Respire à La Chapelle», qui regroupe plus de 200 personnes. LT/Le Figaro
Un calendrier d'actions correctives a été annoncé par la mairie de La Chapelle-sur-Erdre. Les riverains ont contacté un avocat et envisagent de porter plainte.
Le Figaro Nantes
Leur colère ne retombe pas. Ils envisagent même de porter l'affaire en justice. Et ce, malgré l'annonce d'un plan d'actions le 18 janvier par le maire de La Chapelle-sur-Erdre, concernant une plateforme de compostage exploitée par Compost In Situ et qui dégage depuis huit mois des odeurs insupportables dans la commune. «Le maire nous assure que si les odeurs persistent après le 31 mars, la DDPP [Direction Départementale de la Protection des Populations] ne donnera pas de dérogation et pourra être à même de demander un arrêt du site», ont communiqué les riverains de cette commune située aux portes de Nantes, qui réclament le déménagement de la plateforme de compostage. Cette dernière, Terra Ter, récupère les biodéchets des entreprises ou collectivités avoisinantes et les transforme en compost redistribué gracieusement à des agriculteurs du coin.
Implantée à 50m des premières maisons, elle a fait vivre aux habitants un enfer cet été, en période de canicule. Certains jours, il n'était plus possible de déjeuner en terrasse, d'étendre son linge ou d'activer sa VMC. En cette période hivernale, les nuisances olfactives se sont calmées mais reviennent parfois en fonction du sens du vent. Et le mécontentement du collectif Respire à La Chapelle, qui regroupe plus de 200 personnes, grandit.
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Depuis plusieurs mois, ils mettent en évidence des manquements au règlement à propos de l'édification de cette structure. Ils pointent notamment du doigt un défaut de déclaration qui aurait permis une installation à moins de 200m des habitations, distance normalement illégale pour un site classé ICPE (Installation Classée pour la Protection de l'Environnement). Cette classification est étudiée par les services de l'État.
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Un nouveau calendrier d'actions
Le 18 janvier, une réunion s'est tenue entre les représentants du collectif et la mairie, désignée médiatrice dans la gestion du conflit. La tension était palpable : «_Les exploitants du site n'ont pas été conviés_», dénonce le collectif, qui s'est senti méprisé alors qu'il avait préparé des questions techniques à destination de Compost In Situ. «_On se fout de nous_», poursuit Jean Iemmolo, le porte-parole des habitants, en rappelant que l'un des adjoints à la mairie est cogérant de la SCIC Nord Nantes, à qui appartient le terrain sur lequel est bâtie la plateforme. Lors de cette médiation, la Ville a indiqué qu'une médiation pouvait «prendre différentes formes avec des rencontres bipartites comme dans le cas présent». Elle a aussi annoncé aux habitants un calendrier d'actions après avoir assisté auparavant à un rendez-vous avec la DDPP, service de la préfecture qui a le pouvoir d'accorder des dérogations ou de suspendre le projet, et la direction de Compost In Situ.
_«On a demandé à Terra Ter de proposer des mesures correctives, en lien avec les services de l'État_», confirme au Figaro Fabrice Roussel, le maire de La Chapelle-sur-Erdre. Parmi elles, la vidange de la fosse, des évacuations plus régulières des déchets... «_La cuve est en train d'être vidée. Nous avons mis en place un paillage au-dessus de la fosse pour neutraliser les odeurs_», détaille Dana Pfeuty, directeur de Compost In Situ, qui observe que depuis, les odeurs ont quasiment disparu. Quant à la bactérie qui était en partie responsable des odeurs, elle n'est plus d'actualité mais une entreprise spécialiste doit passer pour vérifier qu'elle ne revienne pas. Un nouveau système de récupération de jus soit aussi être installé. Ces aménagements, qui représentent environ 40.000€, ne seront pas pris en charge par des collectivités publiques. Initialement, ce projet privé avait été subventionné par la métropole, l'ADEME et la région. D'autres projets similaires, à l'étude, devraient voir le jour dans la métropole nantaise.
Le site pourrait-il fermer ?
L'objectif est que les odeurs disparaissent totalement le 31 mars. Mais si elles perdurent, le site fermera-t-il ? Difficile d'obtenir une réponse précise. Contactée, la DDPP n'a pas répondu à nos sollicitations. Le maire, lui, se réfère à la préfecture et assure être «_mobilisé pour trouver des solutions_».
Les riverains, eux, n'ont pas confiance. «_On ne croit pas beaucoup au 31 mars. Déjà, par rapport au planning, une étude d'odeur devait commencer dernière semaine de janvier. Elle n'a pas débuté. De même, ils parlaient de clôture la dernière semaine de janvier et ça n'a pas commencé_», affirme Jean Iemmolo. Sur le rétroplanning consulté par Le Figaro, les travaux de clôture s'échelonnent sur les deux dernières semaines de janvier et les deux premières de février. Quand au «_jury de nez avec implication des riverains_», il doit s'étaler sur cinq semaines, avec un début prévu initialement la dernière semaine de janvier.
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Ces éléments agacent les riverains qui ont décidé de se tourner vers la justice. D'autant qu'on leur avait promis, avant l'installation, qu'il n'y aurait pas d'odeurs incommodantes. Ils ont contacté un avocat et vont se réunir prochainement pour discuter des modalités financières que cela impliquerait. Si la somme est réunie, ils envisagent de porter plainte et d'écrire au procureur. Outre ces nuisances olfactives, ils dénoncent aussi les problèmes sonores avec le passage de camions près de leurs habitations et regrettent que le préfet «_soit aux abonnés absents_». En attendant, ils espèrent que «_le 1er avril, 1er jour de l'arrêt total des nuisances ne sera pas une farce de plus !_»
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