Les Verts se déchirent sur le traité européen (original) (raw)
Publié le 22 août 2012 à 21h46, mis à jour le 23 août 2012 à 11h18
Daniel Cohn-Bendit (ici le 22 août) était chargé d'animer une séance intitulée «De la crise de l'euro à la crise de l'Europe: quel chemin pour en sortir?». Les Verts ne sont visiblement pas tous d'accord sur le «chemin». ALAIN JOCARD/AFP
Jean-Vincent Placé et François de Rugy menacent de ne pas le voter, Eva Joly réclame un référendum, tandis que Daniel Cohn-Bendit fait valoir la solidarité gouvernementale.
La Rochelle contre Poitiers. En faisant sa rentrée politique à Poitiers, à l'université d'été d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), Ségolène Royal a marqué les esprits. L'ancienne candidate à la présidentielle de 2007, battue lourdement aux dernières législatives dans la circonscription de La Rochelle, avait annoncé qu'elle sécherait l'université du PS pour cause de déplacement opportun à l'Internationale socialiste en Afrique du Sud. Accueillie par Pascal Durand, nouveau secrétaire national d'EELV, et Dominique Voynet, maire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), Ségolène Royal a été chaleureusement applaudie par un amphithéâtre bondé. «La croissance verte est un levier de sortie de la crise très efficace compatible avec un nouveau modèle social», a-t-elle expliqué.
Pourtant, tout n'est pas rose chez les Verts. La rentrée s'annonce compliquée avec la recherche d'une position commune sur le traité européen, au risque de fragiliser la solidarité gouvernementale. François de Rugy et Jean-Vincent Placé, les deux présidents des groupes EELV à l'Assemblée nationale et au Sénat, ont d'ores et déjà annoncé ne pas vouloir ratifier le texte en l'état. «J'ai toujours dit que j'étais contre. Aujourd'hui, nous ne savons toujours pas ce qui sera soumis au Parlement français», affirme François de Rugy.
Selon Jean-Vincent Placé, les rangs des opposants au traité européen ne «cessent de grossir aussi bien chez les élus que chez les militants». Le sénateur de l'Essonne se défend de vouloir se désolidariser de la majorité. «Le traité ne figure pas dans l'accord que nous avons conclu avec le PS. Et c'était une promesse du candidat Hollande de renégocier le traité. En nous opposant à ce texte, nous sommes devenus en fait plus hollandais que François Hollande lui-même.»
De son côté, Eva Joly a réclamé, mercredi dans une interview à Libération, un référendum sur le traité: «Le petit ajout que le président prétend avoir obtenu n'est pas à la mesure des enjeux. (…) On ne peut pas escamoter le débat public sur un tel enjeu», a dit l'ancienne candidate à l'Élysée. Comme à son habitude, Daniel Cohn-Bendit a fait entendre sa différence en s'en prenant au manque de culture gouvernementale de son parti: «Être dans le gouvernement, c'est aussi, dans les moments difficiles, accepter les choses qu'on aurait peut-être faites autrement.» Dans une interview au Monde, l'eurodéputé enfonce encore un peu plus le clou en reprochant à Eva Joly de reprendre l'idée de Jean-Luc Mélenchon d'un référendum: «C'est une proposition qui n'a ni queue ni tête. On ne peut pas remettre la gestion de la crise financière à dans un an. Un référendum, ça se prépare.»
«Caporalisme politique»
Tout au long de la journée, le ton n'a cessé de monter entre Cohn-Bendit, chargé d'animer une séance plénière intitulée «De la crise de l'euro à la crise de l'Europe: quel chemin pour en sortir?», et ses adversaires dans le parti. «Eva Joly a le droit de dire n'importe quoi (…), elle n'a qu'à faire un référendum sur l'euro en Norvège», a lancé sur France Inter Dany Cohn-Bendit. Un peu plus tard, l'ancien leader de Mai 68 aurait même traité Rugy de «petit con»… Pour Placé, «c'est quand même drôle de voir un ancien libertaire prôner le caporalisme politique. Il faut se rappeler que l'inventeur du mot Merkozy, c'est Dany!» Mais l'université d'été d'EELV n'aboutira pas sur une position officielle, qui devrait être adoptée lors du conseil fédéral, prévu les 22 et 23 septembre.
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