Comme Sarkozy en son temps, Darmanin s’affiche aux côtés de son épouse et de ses fils dans Paris Match (original) (raw)

Publié le 21 février 2024 à 20h04, mis à jour le 22 février 2024 à 11h24

Pour la première fois depuis son entrée au gouvernement il y a sept ans, le ministre de l’Intérieur fend l’armure. Et se montre avec sa famille dans l’hebdomadaire.

Opération transparence. Comme son illustre prédécesseur Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin sait manier la communication à merveille. Il connaît par cœur ses classiques : tout responsable politique d’envergure, aux ambitions nationales assumées, doit fendre l’armure. Et dévoiler une part d’intime. Alors que l’opinion ne connaît que son costume de premier flic de France, au discours de fermeté affiché, le locataire de la place Beauvau a décidé de dévoiler une autre de ses facettes. Celle qui a trait au privé et à sa famille.

Dans le numéro de Paris Match de jeudi, le ministre de l’Intérieur s’affiche détendu, sans cravate, aux côtés de sa femme Rose-Marie Devillers et ses deux jeunes fils, Max-Émilien et Alec, respectivement nés en 2021 et 2022. On voit, entre autres, l’élu de Tourcoing (Nord) descendant les marches du ministère avec son aîné, vélo pour enfant dans les mains. Ou bien enseigner la géographie à ses bambins devant un grand planisphère.

Le ministre de l’Intérieur en une de Paris Match. Paris Match

Si Gérald Darmanin prétend «penser au présent, pas à la présidentielle», sa démarche donne le sentiment inverse. Sa famille, «unie, douce et solide», qui est «le plus protectrice des bulles», «l’aide incroyablement à tenir» dans ses fonctions. Dont il n’est «pas propriétaire». «La gestion des affaires du pays» étant «très prenante», il puise dans ses proches «une source d’espoir et d’énergie». Une «source» qu’il détaille en quelques moments de vie : «Pouvoir prendre quelques minutes dans la journée pour amener ses enfants à l’école ou à la crèche, partager un repas avec eux, quitte à redescendre ensuite travailler au bureau.» «Le bonheur de (ses enfants) est le sien», livre-t-il.

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Quant à sa compagne, qu'il a épousée à l'été 2020, Gérald Darmanin la décrit comme celle «qui (le) connaît le mieux.» «Entre nous les discussions sont franches, nous sommes à la fois discrets et fusionnels (...) Malgré les contraintes de la vie politique, on ne peut pas se passer l’un de l’autre», confie-t-il. L’occasion également pour le ministre de 41 ans d’évoquer ses origines modestes et le rôle de sa mère dans sa vie : «D’origine méditerranéenne», elle «continue à vouloir (le) “nourrir” et (lui) met encore 10 euros dans la poche.» «Ma mère m'a élevé seule. Je connaissais mon père, nos relations étaient fortes mais lointaines (...) On n’a jamais manqué de rien grâce à elle», raconte-t-il.

La ressemblance avec Sarkozy

Nicolas Sarkozy, en 2002, et le président américain Kennedy, en 1963. Jacques Lange / Stanley Tretick

L’actualité a beau tourner ces derniers temps autour de la crise agricole ou des élections européennes, Gérald Darmanin, lui, joue la contre-programmation. Et déroule sa propre partition. En une, le ministre se montre même à son bureau, sourire aux lèvres, un de ses fils sur les genoux. Ce qui n’est pas sans rappeler les années 2002-2007 lorsque son mentor politique - Nicolas Sarkozy - s’affichait, lui aussi à l’Intérieur, dans le même magazine aux côtés de sa compagne de l’époque, Cécilia, et de son plus jeune garçon, Louis. Qui s’était installé sous le bureau de son père, en reprenant les codes d’une célèbre photo de John Fitzgerald Kennedy et de son fils, JFK Jr, dans le bureau ovale, en 1963. Façon de présenter l’image d’une famille soudée autour d’un ministre impétueux en pleine conquête du pouvoir.

Une communication léchée qui avait, à l’époque, trouvé de l’écho dans l’opinion en vue de la présidentielle. L’image de Gérald Darmanin étant plus clivante que celle de ses concurrents de la macronie chez les Français, toute ressemblance entre la décennie 2000 et 2024 ne serait donc pas fortuite... D’autant que Gérald Darmanin cite tour à tour la valeur «travail», les «règles» de la France à respecter et la «poursuite (du) roman national» comme items de son logiciel idéologique. Du Sarkozy 2007 dans le texte. «Calme, déterminé» et «bien dans ses baskets», le ministre ne laisse guère de place au doute sur ses velléités élyséennes. Il place un nouveau petit caillou sur le chemin de 2027 : «Mon plus grand échec serait de manquer à l’honneur, c’est-à-dire à l’idée que je me fais du service de mon pays.» «C'est celui qui a le plus de caractère, le plus d'énergie, qui est le plus sincère, qui l'emporte», s’enthousiasme le locataire de la place Beauvau. «Les Français sont tellement politiques.»