«Tout le reste, on perd notre temps» : Mélenchon appelle ses troupes à «mobiliser la jeunesse et les quartiers» (original) (raw)
Publié le 10 septembre 2024 à 20h12, mis à jour le 11 septembre 2024 à 09h48
En marge de la manifestation contre le «coup de force» d’Emmanuel Macron organisée samedi par LFI et des organisations de jeunesse, l’Insoumis a jugé que «personne d’autre» que ses lieutenants n’ira à la conquête d’électorats bien particuliers.
2027 reste et restera son objectif. Alors que les Français ont été appelés aux urnes à deux reprises cette année - européennes et législatives anticipées -, Jean-Luc Mélenchon a déjà les yeux rivés sur la prochaine présidentielle. Le leader des Insoumis a beau répéter vouloir être «remplacé», sa stratégie politique, tout comme sa mainmise sur La France Insoumise, disent le contraire. Pour passer du statut de troisième homme (21,95% des voix en 2022) à celui de finaliste de l’élection reine, l’ancien député des Bouches-du-Rhône sait déjà quels viviers électoraux il devra mobiliser.
En marge de la manifestation parisienne organisée samedi contre le «coup de force» d’Emmanuel Macron d’avoir préféré Michel Barnier à la candidate du NFP Lucie Castets pour Matignon, Jean-Luc Mélenchon n’y est pas allé par quatre chemins. «Il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers populaires. Tout le reste, laissez tomber, on perd notre temps. Là, se trouve la masse des gens qui ont intérêt à une politique de gauche», a exhorté le leader LFI entoure de sympathisants, dans une séquence captée par les caméras de l’émission «_Quotidien_».
«Personne d’autre n’ira»
Comment aller convaincre d’ici trois ans cet électorat, souvent abstentionniste ? Si l’ancien candidat à la présidentielle ne s’est pas épanché sur les solutions, il a lancé un appel clair et net à ses troupes. «Il faut y aller. Personne d’autre n’ira. Ils ne savent même pas parler, les autres», a martelé le fondateur de LFI, ne sachant pas qu’il était enregistré. Façon de suivre à la lettre les préconisations du think tank progressiste Terra Nova, qui avait conseillé à la gauche, dans une note en 2011, de moins s’adresser aux classes populaires ouvrières pour se concentrer sur les jeunes, les femmes et les populations immigrés.
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Une méthode revendiquée qui a provoqué l’ire des soutiens du député ex-insoumis François Ruffin, ennemi juré de l’ancien ministre de Lionel Jospin. «Oubliant la perche, Jean-Luc Mélenchon admet la fin de l'union populaire, abandonnant des territoires qu'il méprise. (...) Des pans entiers des classes populaires qu'il méprise abandonnés au RN», a aussitôt cinglé le compte X de la «Team Ruffin». Même condamnation côté RN, dont l’eurodéputée Anne-Sophie Frigout a raillé un «électoralisme dans les banlieues» et un «mépris des autres électeurs, notamment ceux issus de la ruralité.»
Il faut dire que ce désaccord tactique révèle une vraie ligne de fracture au sein de la gauche, entre ceux qui penchent pour un discours social, porté sur la France rurale ou provinciale, et les autres qui privilégient une rhétorique sociétale pour convaincre les électeurs urbains ou périphériques aux villes. Quitte à afficher des ambiguïtés sur les questions du communautarisme ou de la laïcité. Comme la position controversée des Insoumis sur le Hamas après l’attaque terroriste du 7 octobre 2023 l’a montré.