Les clips de campagne ne surprennent guère (original) (raw)
Publié le 9 avril 2012 à 19h11, mis à jour le 10 avril 2012 à 17h15
Malgré des règles contraignantes qui tendent à uniformiser les formats, chaque candidat à l'Élysée a tenté d'imprimer son style à sa vidéo.
La campagne présidentielle a officiellement débuté lundi, ouvrant la voie à la diffusion des spots télévisés des candidats sur les radios et chaînes publiques. Soumises aux règles très strictes du Conseil supérieur de l'audiovisuel, les vidéos ont tendance à toutes se ressembler. Ainsi, tous les candidats, à l'exception notable de François Hollande, adressent, face caméra, leur message programmatique aux Français. La plupart insèrent, en outre, des images de leurs meetings et de foules en délire brandissant des drapeaux (tricolores chez Sarkozy et Dupont-Aignan, rouges chez Poutou et Mélenchon).
Même sur le fond, les messages ne se distinguent pas toujours facilement. Sarkozy et Hollande semblent même interchangeables quand il s'agit d'exprimer leurs valeurs, le premier affirmant que «pour les cinq années qui viennent, ce sont les valeurs du travail, de l'effort et du mérite qui nous permettront d'être plus forts», le second estimant que l'enjeu de cette campagne, c'est la France «du travail, du mérite, de l'effort».
Pour ce qui est de la présentation des mesures plus concrètes de leur programme, la majorité des candidats privilégient l'économie, rappelant en priorité leurs propositions en matière d'emploi et de pouvoir d'achat. Marine Le Pen se concentre même uniquement sur ces questions, évacuant complètement les autres thèmes pourtant emblématiques de son parti tels que l'immigration.
Cette homogénéité n'exclut pas pour autant des différences de style. Marine Le Pen atteint le sommet de la simplicité avec son spot. Aucune musique ni image ne vient interrompre le discours que délivre sur fond bleu la présidente du Front national.
Hollande, palme de l'innovation
L'équipe de Nicolas Sarkozy a également opté pour un format sobre et classique. Sur le même fond bleu de son affiche, le président sortant défend son bilan, et énumère, face caméra, les valeurs qu'il défend. Une petite musique de film d'aventure ajoute cependant ce qu'il faut d'intensité dramatique, tandis que de courts extraits de son meeting de Villepinte permettent de clore le spot avec des images de partisans euphoriques.
D'autres ont cherché, malgré les contraintes de l'exercice, à faire preuve d'originalité. Dans le clip d'Eva Joly, la candidate écologiste, qui a troqué ses petites lunettes rouges pour des vertes, rédige une lettre à la France: «Je m'adresse à toi, toi qui m'as tout donné», lit-elle dans un studio d'enregistrement, entourée de caméras et de projecteurs. Jacques Cheminade ouvre son spot avec une interview datant de 1995, dans laquelle il prédisait la crise financière actuelle.
Mais c'est à François Hollande que revient la palme de l'innovation. L'équipe du candidat PS s'est en effet lancé dans la réalisation d'un clip moderne et punchy. Avec en fond sonore le discours du Bourget, la clameur de la foule et une musique hollywoodienne, un montage dynamique enchaîne des archives retraçant les grandes victoires populaires de l'histoire de France. Apparaissent ainsi, entre autres, des peintures de la Révolution française, des photos en noir et blanc du Front populaire, des vidéos de Mitterrand et enfin des images en couleurs du présent, censées évoquer la modernité et le progrès, tels qu'un avion ou une chercheuse scientifique. Avec ce tourbillon d'images, le PS ne cherche pas à raisonner l'électeur indécis, mais à l'émouvoir.